« En vingt ans, notre littoral n’a cessé de voir sa sécurité renforcée, pour empêcher les traversées et les points de fixation, poussant de plus en plus de migrants à prendre la mer. »
Cette fois-ci, ce n’est pas nous qui le disons, c’est la conclusion des deux articles de la « Voix du Nord » du 24 avril 2024.
Le Royaume-Uni vient de voter cette loi qui envoie au Rwanda TOUS ceux qui entrent illégalement sur son sol, y compris s’ils ont aidé l’armée britannique en Afghanistan, y compris s’ils ont toutes les raisons de penser avoir droit à un rapprochement familial…
Par Sophie Watt dans « The conversation » des 9, 10 et 11 avril 2024.
Spécialiste de la migration, la chercheuse Sophie Watt a travaillé sur le terrain à Calais avec la photographe franco-suisse Elisa Larvego pour nourrir ses recherches. En janvier 2023, puis l’été suivant, elle s’est rendue dans des camps sauvages du nord de la France pour s’entretenir avec des bénévoles et des exilés afin de mieux comprendre ces zones frontalières très controversées. Toutes sont liées au débat hautement politisé sur l’immigration entre la France et le Royaume-Uni.
Un débat entre Pascal Brice (président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité et ancien directeur de l’OFPRA) et Bernard Carayon (maire LR de Lavaur, dans le Tarn),
dans le numéro de « Marianne » du 4 au 10 avril 2024.
Le matin du 3 mars, nous apprenons qu’une fillette de 7 ans vient de mourir noyée : un canot a fait naufrage sur le canal de l’Aa, à hauteur de Watten.
Que ce soit une petite fille est terrible, bien sûr, mais pas plus que si c’est un jeune homme de 20 ans. La douleur des proches est la même.
Par contre, c’est une petite fille qui était embarquée avec ses parents, sa maman enceinte d’un cinquième enfant, et trois autres enfants. Et cela doit nous interpeller : c’est bien la preuve que ces gens ne partent que poussés par une nécessité extrême, qu’ils ne se sont pas lancés sur un coup de tête, pour voir si l’herbe était plus verte de l’autre côté du détroit…
Et aujourd’hui aussi, nous savons que ce n’est pas la dernière fois, que cela va se reproduire. Cette famille va sortir de l’hôpital et va-t-on la laisser retourner dans la boue dans un camp sans toilettes et éloigné du plus proche point d’eau courante… Et que va-t-elle faire pour sortir de cette indignité ? Il ne va plus lui rester qu’à se remettre en quête d’un nouveau passage vers le Royaume-Uni, avec une angoisse décuplée mais la même détermination…