A Teteghem, maire et humanitaires craignent la destruction du camp de migrants

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A Teteghem, maire et humanitaires craignent la destruction du camp de migrants

19 novembre 2010 - AFP - Nicolas Gubert

TETEGHEM — "A chaque fois qu’on a déménagé, on a reporté le problème ailleurs" : le maire de Teteghem (Nord), où s’est établi un camp de migrants, craint, comme les humanitaires, un démantèlement qui ne règlerait pas le problème, un an après la destruction de la "jungle" de Calais.

Sur ce terrain situé au bord d’un lac, ils sont depuis deux semaines 200 de nombreuses communautés, selon le maire Franck Dhersin (UMP) et Médecins du Monde.

La préfecture parle de 80 à 100 personnes, d’après les comptages de la Police aux frontières (PAF).

A mi-chemin entre Calais et Ostende, principaux points de départ pour l’Angleterre, la situation de la ville explique cet afflux, selon le maire qui rappelle que des camps voisins ont été démantelés.

"A aucun moment, je n’ai demandé l’évacuation, je demande qu’on partage la misère", ajoute M. Dhersin, qui pointe notamment la communauté urbaine de Dunkerque, propriétaire du terrain.

Il espère obtenir des conditions d’hébergement "convenables" pour les migrants, faciliter le travail des associations et une pression moins forte sur la population.

Comme dans l’ancienne "jungle" de Calais les différentes communautés sont actuellement réparties dans des mini-campements formés de bâches et palettes de bois. Selon le maire, quelques incidents ont déjà fait deux blessés graves.

En août 2009, environ 1.500 clandestins afghans ou irakiens étaient recensés dans le Nord-Pas-de-Calais, dont plus de la moitié autour de Calais. Plusieurs centaines vivaient dans la "jungle", principal campement d’étrangers en situation irrégulière en France, détruit par les bulldozers le 22 septembre 2009 sur instruction d’Eric Besson, alors ministre de l’Immigration.

Un an après, les migrants seraient trois fois moins nombreux à errer sur le littoral en attendant un ferry pour l’Angleterre.

Mais "on est dans des solutions de déplacement du problème", renchérit Mathieu Quinette, coordinateur de Médecins du Monde sur le littoral. Pour lui, l’afflux de Téteghem s’explique aussi par la fermeture du parking de l’aire d’autoroute à proximité, qui interdit aux migrants d’embarquer dans les camions pour l’Angleterre.

Interrogée par l’AFP, la préfecture a indiqué qu’elle n’avait pas pour l’instant l’intention de détruire le camp. Elle exprime cependant sa "volonté d’éviter que Téteghem soit un point de fixation d’étrangers en situation irrégulière" et a procédé "depuis un mois, à plusieurs opérations de contrôle et d’interpellations", indique Marc Chappuis, directeur de cabinet du préfet du Nord.

"Si on détruit ce campement, les populations vont se disperser, elles n’auront même plus les abris qu’elles avaient, elles n’auront plus accès à l’aide humanitaire et elles vont être sous la mainmise des passeurs", craint Mathieu Quinette.

Dans le camp, au bord du lac, les migrants n’ont qu’une question à la bouche : "quand est-ce qu’ils rouvrent le parking ?".

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