Actualité Monde RSS L'Iran s'attaque à ses "mannequins"

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Actualité Monde RSS L’Iran s’attaque à ses "mannequins"

21 mai 2012 - Le Point - Armin Arefi

La police de Téhéran lance une offensive visant les femmes mal voilées, à pied comme en voiture.

La République islamique déclare la guerre aux mèches rebelles et aux foulards tombants. La police de Téhéran a dévoilé, samedi, une circulaire sans précédent visant les femmes mal voilées de la capitale iranienne, rapporte le site persan de la BBC. D’après les médias iraniens officiels, qui se sont empressés de relayer la nouvelle, le plan prévoit des "mesures sévères" contre les "mannequins des rues". À partir de samedi après-midi sera interpellée toute Iranienne couverte de vêtements "serrés et collants", a indiqué le chef adjoint de la police, Ahmad Reza Radan. Seront également visés les manteaux s’arrêtant au-dessus des genoux ainsi que les jeans slim.

Outre les femmes, les autorités iraniennes ont décidé de s’attaquer à l’origine même du fléau. Ainsi, d’après Hossein Sajednia, chef de la police de Téhéran, les fabricants et les importateurs de vêtements immoraux seront également sanctionnés. Après avoir rendu obligatoire le voile à l’issue de la Révolution islamique, les autorités n’ont eu de cesse de resserrer l’étau autour des femmes iraniennes, les poussant à adopter le tchador noir. En vain. Les grandes villes voient se multiplier depuis une dizaine d’années les coiffures exubérantes et cheveux peroxydés, dépassant allègrement de part et d’autre du foulard obligatoire. Maquillées à outrance, certaines Iraniennes exploitent tant qu’elles le peuvent le maigre carcan de liberté dont elles disposent. En réponse à ces agissements "anti-islamiques", chaque année, la police lance son "offensive d’été" censée rappeler les Iraniennes à leur bon "devoir".

"Brigades de la morale"

Des "brigades de la morale", notamment composée de femmes voilées de la tête aux pieds, sont dépêchées dans les grandes places. Elles se chargent d’interpeller, parfois violemment, les "contrevenantes". Celles-ci sont alors vilipendées sur leur accoutrement "vulgaire" et "immoral". Si les plus chanceuses s’en tirent en étant insultées sur la place publique, d’autres sont conduites manu militari au commissariat. Elles doivent alors signer une promesse de ne plus se livrer à de tels actes, avant - honte ultime - d’être raccompagnées chez elles par leurs parents.

Les récidivistes devront mettre la main à la poche... si elles veulent éviter les coups de fouet. Des sanctions que relativise Mahsa, serial frondeuse téhéranaise. "Il s’agit clairement d’un jeu du chat et de la souris. Les autorités misent clairement sur la peur suscitée par les médias et le bouche-à-oreille, indique-t-elle au Point.fr. Mais quelques semaines plus tard, nous reprenons le dessus. C’est notre façon à nous de nous rebeller." Appréhendées en pleine rue, les Iraniennes bénéficiaient jusqu’ici d’un dernier espace de semi-liberté... dès la nuit tombée.

Drague en voiture

Il ne s’agit pas des boîtes de nuit, interdites en Iran depuis 33 ans, mais de leur propre voiture. Courses endiablées, sono hi-fi dernier cri, danse assise et numéros lancés par la vitre sont autant d’interdits brisés à huis clos par une jeunesse qui forme les trois quarts des 70 millions d’habitants. Le gouvernement l’a bien compris et a justement décidé d’intégrer à sa circulaire une petite nouveauté. Dès cette semaine, la police sera postée à l’entrée des autoroutes et des grandes artères de la capitale. Sa mission spéciale : interpeller les conductrices et passagères des "voitures neuves", susceptibles d’ébranler la quiétude de leurs compatriotes masculins.

Outre les filles mal voilées, les autorités ont lancé la chasse... aux chiens. En effet, cet animal, de plus en plus prisé par les classes iraniennes aisées, est considéré en Iran comme "haram" (péché). Cerise sur le gâteau, la police a précisé que d’autres mesures seraient dévoilées dans les jours qui viennent. Des annonces-chocs qui pourraient ne pas suffire à décourager une jeunesse désormais habituée à défier l’autorité, surtout avec une température qui va bientôt avoisiner les 40 degrés.

Signe de l’échec du pouvoir à éradiquer ce phénomène, un député ultraconservateur iranien a accusé dimanche Mahmoud Ahmadinejad d’"autoriser la provocation sexuelle" et a suggéré ironiquement au président iranien d’"ouvrir des boîtes de nuit et des cabarets" dans le pays.

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