Afghanistan : l'armée française cède la dernière région qu'elle contrôlait

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Afghanistan : l’armée française cède la dernière région qu’elle contrôlait

4 juillet 2012 - Libération - AFP

L’armée française a cédé mercredi aux Afghans le contrôle de la Kapisa, la dernière région afghane dont elle avait la charge et celle où elle a perdu le plus de soldats, une étape symbolique mais importante sur la voie du retrait accéléré voulu par l’Elysée.

Ce passage de témoin ne change pas la donne sur le terrain, où les quelque 3.550 soldats français continueront d’assister et de former les forces locales toute en se préparant pour 2.000 d’entre eux à quitter le pays d’ici à la fin 2012, conformément au calendrier fixé par le président François Hollande.

Le transfert de la Kapisa, annoncé le 13 mai dernier par le président afghan Hamid Karzaï, a été entériné à la mi-journée lors d’une cérémonie dans la capitale provinciale Mahmood-e-Raqi, en présence de représentants afghans et des pays de l’Otan, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le drapeau afghan y a été hissé sur un mât placé devant le siège des autorités provinciales, en remplacement de celui de la force de l’Otan (Isaf), sous la bannière de laquelle sont déployés les soldats français).

"C’est un pas important pour l’Afghanistan vers l’exercice de sa totale souveraineté", s’est félicité l’ambassadeur de France en Afghanistan, Bernard Bajolet, à l’issue de la cérémonie.

"C’est un jour hautement symbolique pour la Kapisa comme pour l’armée française", a renchéri le général Éric Hautecloque-Raysz, commandant des forces françaises en Afghanistan, en estimant que "les progrès accomplis sont réels et devraient permettre d’envisager l’avenir avec optimisme et sérénité".

Outre Kaboul, les soldats français sont essentiellement déployés dans le district de Surobi et la Kapisa, deux zones proches de la capitale dont ils ont assuré la sécurité à partir de 2008.

La mission en Kapisa, très infiltrée par les rebelles, est considérée comme la plus difficile pour les Français en Afghanistan depuis leur arrivée dans le pays à la fin 2001, et les affrontements avec les insurgés s’y sont multipliés.

53 des 87 soldats français tués en Afghanistan depuis 2001 y ont péri, dont la totalité des 24 tués en 2011, année la plus meurtrière pour la France en dix ans.

Après plusieurs attaques meurtrières pour les Français, l’ancien président Nicolas Sarkozy avait décidé d’anticiper à 2013 le retrait des forces combattantes françaises. Après son élection en mai dernier, son successeur Français Hollande a décidé d’avancer cette échéance à la fin 2012, soit deux ans avant la date de retrait prévu des forces combattantes de l’Isaf.

En avril, la France, cinquième pays contributeur de l’Isaf en nombre de soldats, avait transféré aux Afghans le contrôle de Surobi, bien plus calme que la Kapisa, un premier pas important sur la voie du retrait.

Les quelque 1.550 soldats français qui resteront en Afghanistan après la fin 2012 seront notamment chargés de former les forces locales, démonter certaines bases et organiser le rapatriement de milliers de véhicules et conteneurs de ces deux territoires jusqu’à Kaboul puis la France.

La réouverture des routes de ravitaillement de l’Otan par le Pakistan, annoncée mardi par Washington après plus de six mois de blocage, devrait grandement faciliter la tâche de l’armée française et soulager ses finances, la voie pakistanaise étant de loin la moins chère.

Nombre d’observateurs doutent fortement de la capacité des forces afghanes à sécuriser le pays et d’éviter une retour des talibans ou une nouvelle guerre civile après le départ des Occidentaux qui les forment depuis dix ans.

Dans ce cadre, la Kapisa, point d’accès stratégique à Kaboul depuis les bastions talibans de l’est afghan et des zones tribales situées de l’autre côté de la frontière pakistanaise, pourrait devenir un vrai casse-tête pour Kaboul.

Dans cette province, policiers et soldats afghans sont "à un niveau suffisant pour contenir l’insurrection dans ses fonds de vallées", rétorque François Guillermet, porte-parole de l’armée française en Afghanistan, convaincu que les rebelles "ne pourront peser sur l’avenir militaire de la Kapisa".

"Si l’ambition était de se promener dans tous les fonds de vallées comme dans les Alpes, alors c’est raté", tempère toutefois un responsable occidental. "Mais s’il s’agissait de stabiliser suffisamment la zone pour que l’armée afghane contrôle les grands axes, alors c’est bon", estime-t-il.

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