Albert Jacquard était "une lumière"
12 septembre 2013 - Le Monde - AFP
L’annonce de la mort d’Albert Jacquard, connu à la fois pour ses travaux sur la génétique et pour ses engagements citoyens, suscite une vive émotion jeudi 12 septembre. Parallèlement à l’enseignement et son travail d’expert à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce Lyonnais d’origine n’avait de cesse de démonter les arguments prétendument scientifiques des théories racistes.
UN "HUMANISTE ENGAGÉ" POUR HOLLANDE
"Albert Jacquard était un grand généticien, un chercheur attaché à la diffusion des savoirs, un professeur renommé et un écrivain respecté", mais aussi "un humaniste engagé qui militait inlassablement pour les droits des plus pauvres, pour leur logement et leur dignité", a salué le président de la République dans un communiqué. "Les Français perdent un savant, et les plus démunis, un de leurs plus illustres porte-parole", a-t-il également souligné.
Le ministre de l’éducation, Vincent Peillon, a rendu hommage à un "brillant universitaire" qui "œuvra toute sa vie contre les arguments prétendument scientifiques des théories racistes" et qui "a combattu en faveur des droits des plus pauvres, notamment en faveur de l’accès au logement", et défendu "l’éducation contre vents et marées, car il savait qu’elle était le plus puissant levier de l’émancipation individuelle et collective".
Anne Hidalgo, candidate socialiste à la mairie de Paris a dit son "émotion" après la mort de ce "scientifique brillant, laissant derrière lui un héritage inestimable", qui était aussi "un citoyen éclairé, doté d’une conscience politique et sociale aiguë".
"ALBERT ÉTAIT UNE LUMIÈRE"
"C’est une grande perte pour nous, Albert était une lumière", a déclaré Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au logement (DAL), une association dont le généticien était président d’honneur. "Albert était un compagnon de route depuis le début, en 1990. C’était son premier engagement sur le terrain et il est resté avec nous jusqu’au bout. Il était toujours disponible, même à 87 ans", a ajouté M. Eyraud. "Il savait donner de l’espoir à des enfants, à des mal-logés. Il faisait passer des messages compliqués avec des mots simples", a-t-il souligné.
Les hommages affluent depuis l’annonce de sa mort. Son collègue Axel Kahn salue sur Twitter "un homme courageux et profondément bon".
La ministre du logement Cécile Duflot s’est dite "très émue" par la disparition d’"une grande figure du combat écologiste". "Ce scientifique engagé incarne une invitation, toujours actuelle, à réfléchir sur les déséquilibres de nos sociétés, la richesse de nos cultures et l’importance de l’éducation", écrit la ministre dans un communiqué.
"IL NE FAUT PAS QUE SA LUMIÈRE S’ÉTEIGNE"
Dans la même tonalité, Harlem Désir, le premier secrétaire du PS, exprime sa "grande tristesse" . "Chacun était frappé par l’humilité de ce savant militant qui mettait ses connaissances et son autorité morale au service des autres et d’abord des plus humbles", écrit le responsable socialiste, rappelant qu’"Albert Jacquard a accompagné ou impulsé d’innombrables combats citoyens : lutte contre la pauvreté et les inégalités en particulier en tant que président d’honneur de l’association Droit au logement, contre les violences sexuelles faites aux enfants partout dans le monde, combat écologiste, combat pour la paix et la non-violence."
Albert Jacquard en compagnie de l’abbé Pierre, à Paris en décembre 1994.
Jean-Luc Mélenchon, qui avait les faveurs du chercheur lors de la dernière élection présidentielle, avertit sur Twitter qu’"il ne faut pas que sa lumière s’éteigne".
Quant au Parti communiste français, il "salue la mémoire de cet homme qui, venu des sciences, avait embrassé les combats pour l’égalité et la justice".
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