« Amener des douches et des latrines sur les trois "jungles" du Dunkerquois »

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« Amener des douches et des latrines sur les trois "jungles" du Dunkerquois »

1er juillet 2010 - La Voix du Nord - Estelle Jolivet

Un séminaire interne comme celui qu’a organisé Médecins du monde le week-end dernier à Dunkerque, c’est bon pour rebooster les bénévoles. Ils confrontent leurs expériences, prennent du recul. Benoît Savatier, généraliste à Grande-Synthe et bénévole chez Médecin du monde, et Olivier Bernard, président national, font le point sur la mission menée auprès des migrants du littoral.

La situation des migrants sur le littoral a-t-elle des équivalents ailleurs en France ?

Olivier Bernard : « Je suis venu cet hiver et ce que j’ai vu, je ne l’ai pas vu de manière aussi aiguë ailleurs. Sauf peut-être dans les Bouches-du-Rhône, dans le "Gourbi", à Berre, où vivent dans des cabanes des travailleurs agricoles sans papiers. »

Avez-vous noté une évolution ces derniers temps ?

Benoît Savatier : « Les conditions d’inconfort ont fortement augmenté sur le Calaisis. On y a détruit tout ce qui ressemblait à des squats ou à des jungles. Les migrants se retrouvent dans la rue, donc plus visibles, donc pourchassés par la police. Leur nombre a diminué à Calais, sans que ça se répercute sur les autres camps de la région. On a l’impression qu’ils restent en amont, en région parisienne. À Dunkerque, leur nombre est stable, entre 150 et 200 sur les camps de Téteghem, Loon-Plage et Grande-Synthe. On note toutefois une plus grande souffrance psychologique du fait de l’insécurité, de l’incertitude sur l’avenir. Ça se traduit par plus de demandes de sédatifs et parfois par une consommation d’alcool qu’on ne voyait pas avant. On se pose la question du personnel spécifique. »

Quel rôle peut jouer MDM auprès des décideurs politiques ?

O. B. : « Notre mandat, c’est l’accès aux soins, quelle que soit la situation économique, administrative ou psychologique de la personne. C’est le mode d’entrée et la philosophie de MDM. Et on se bat pour ça auprès des institutionnels. Notre spécificité, qui nous donne une vraie légitimité, c’est qu’on est un acteur de terrain, présent à la fois en Europe et dans les pays d’origine. On travaille aussi localement sur des revendications concrètes comme la mise en place de la PASS (permanence d’accès aux soins de santé). » B. S. : « À Dunkerque, l’esprit "PASS" commence à passer : les migrants repartent maintenant de l’hôpital avec leurs médicaments alors qu’avant, on leur remettait une ordonnance. Il n’y a pas de pharmacie dans la jungle... »

Quelles améliorations sont envisageables à ce jour ?

B. S. : « On est en pourparlers pour aménager des douches et des latrines sur chaque camp. À Grande-Synthe, on aura bientôt un point d’eau. À Loon-Plage, on sent que les discussions vont être difficiles avec le Port, bien que la mairie et le CCAS soient devenus, en un an et demi, de vrais partenaires. » •

À noter : MDM recherche des partenaires juridiques (avocats, etc.) pour gérer les demandes d’asile. Contact : migrants.littoral@yahoo.fr

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