Au port de Calais, un nouveau scanner pour détecter les migrants cachés dans les camions
25 avril 2013 - La Voix du Nord - Marie Goudeseune
Depuis une semaine, le port de Calais est équipé d’un nouveau scanner pour contrôler les camions en partance vers l’Angleterre, et détecter une éventuelle présence humaine à l’intérieur. Les Britanniques ont investi plus de 500 000 euros pour installer cet équipement.
C’est un scanner plus performant que celui installé depuis 2002 : « L’image est plus nette : si un migrant s’est caché derrière une plaque de métal, par exemple, on va pouvoir le détecter. Le scanner arrive à percer beaucoup plus le camion », explique Anthony, agent de sûreté ferroviaire au port. Installé derrière deux écrans, le jeune homme analyse les images qui s’affichent à chaque passage de camion. Voilà une semaine que le nouveau scanner est en place.
Les poids lourds, à leur arrivée au terminal transmanche, sont invités à passer lentement - à moins de 8 km/h - devant l’équipement. « Si on voit une forme suspecte sur les images, on prévient les collègues du CO2, qui vont contrôler le camion à leur tour et vérifier, selon le taux de CO2 prélevé, s’il y a quelqu’un à l’intérieur », indique Anthony. La technique du scanner ne fonctionne que pour les camions bâchés et nouvelle génération, ajoute le jeune homme : « Avec les fourgons, les frigos ancienne génération et les tollés (qui représenteraient environ 50 % du trafic, ndlr), ça ne marche pas, c’est trop épais ». Ceux-là passent au détecteur de battements cardiaques...
Pour Sir Charles Montgomery, le patron de la Border Force (la « PAF » anglaise), ce nouveau scanner marque « l’engagement du Royaume-Uni pour fournir la technologie la plus moderne possible : il permet de chercher des clandestins tout en maintenant la fluidité du trafic ». Au total, cinq scanners vont ainsi être mis en place, aux frontières françaises, par les Britanniques pour un coût total de 3 millions d’euros : après celui du port, quatre autres doivent être installés dans le Nord, dont un à l’entrée du Tunnel sous la Manche.
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« Les migrants entrent dans nos camions sans qu’on s’en aperçoive »
Adam n’a jamais été contrôlé à la frontière avec des migrants dans sa cargaison. Si ça lui arrivait, il préfèrerait que ce soit en France : « J’ai entendu que de l’autre côté, à Douvres, on doit payer beaucoup, beaucoup d’argent si on se fait pincer », raconte ce chauffeur polonais. Lui a vu « tant de fois, sur tant de routes » des migrants qui ont tenté de monter à bord d’un poids-lourd : « Ils ne savent jamais si on va en Angleterre ou si on repart en Europe. Alors parfois ils montent, sans qu’on s’en aperçoive, ils font deux, trois cents kilomètres à bord de notre camion, et quand ils réalisent qu’on ne va pas en Angleterre, ils sautent et cherchent un autre camion ». Le camion de Codres a déjà été « squatté » par des migrants. C’était il y a quelques années, et le chauffeur roumain s’en souvient comme si c’était hier : « Je transportais des pneus pour poids-lourds. Ils ont profité que je dormais dans mon camion, sur la zone industrielle près des dunes, pour casser le câble et se cacher à l’intérieur. Seulement, quand je me suis réveillé, j’ai vu que le camion avait été forcé : j’ai appelé la police et elle a trouvé sept migrants à l’intérieur, que des hommes, qui s’étaient cachés à l’intérieur des pneus. Elle les a embarqués ». Comme Adam, Codres craint surtout les contrôles à l’arrivée en Angleterre : « En France, on ne dit rien. Mais en Angleterre, on paie une amende de 2000 livres par clandestin ! »
D’après Bastien, qui travaille pour l’entreprise de transports Deroo, l’amende revient autant au chauffeur qu’à son patron : « C’est 1500 euros par clandestin pour le patron, et 3000 euros pour le chauffeur », affirme-t-il. Aussi, son entreprise lui demande désormais de remplir une fiche de contrôle avant l’embarquement au port : « On doit tout revérifier, dans la mesure du possible. Ca permet de nous dédouaner un minimum en cas de problème », précise le jeune Français. Mais les chauffeurs ne sont pas toujours en mesure de vérifier tout leur chargement : « Parfois, les migrants s’introduisent par le haut du camion, en perçant la bâche. Quand on transporte plusieurs palettes, de tailles différentes, on n’arrive pas à tout vérifier à l’intérieur ». Aussi, Bastien préfère quand il charge lui-même la marchandise, « que je mets moi-même le cadenas et que j’arrive le jour même au port : au moins, dans ces cas-là, je voyage sans stress ». Pour lui, les équipements de contrôle au port sont plus qu’efficaces : ils ne laissent rien passer.
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