Calais : après l’évacuation des camps, les migrants contraints de quitter le lieu de distribution de repas
1er juin 2014 - La Voix du Nord - Dominique Salomez
Où iront les quelque 300 migrants installés sur le lieu de distribution des repas depuis le démantèlement des camps mercredi ? La question est encore en suspens. Ce samedi soir, suite à une journée de négociations et une tentative d’entrée sur l’ancien camping municipal, ils s’apprêtaient finalement à rester sur place une nuit supplémentaire. Avant très certainement, d’être contraints de trouver un autre lieu aujourd’hui.
Les migrants, expulsés de leur campement cette semaine, s’apprêtaient vraisemblablement hier soir à passer une nuit de plus sur le lieu de distribution des repas, rue de Moscou, qu’ils ont investi mercredi. En dépit du délai fixé à vendredi soir par la préfecture et les négociations de la journée d’hier. Les discussions ont commencé vers 10 h 30. Comme il s’y était engagé le directeur départemental de la cohésion sociale (DDCS) est venu faire le point dans la matinée sur la situation. « Un accord a été passé avec le préfet mercredi. Les migrants devaient quitter les lieux jeudi ou vendredi. Aujourd’hui le préfet est allé au-delà de son engagement, puisqu’on est samedi », a expliqué Serge Szarzynski.
C’est le discours qu’il a tenu aux différents représentants des communautés présentes sur le lieu de distribution des repas. « Dans l’intérêt de tout le monde, des migrants et des bénévoles, ce lieu doit rester un lieu de distribution de repas, dans la sérénité. Cela ne doit pas devenir un autre camp » À condition que les migrants partent le jour-même, le DDCS, rejoint par le sous-préfet Alain Gérard, a assuré que les forces de l’ordre ne procéderaient à aucune interpellation et il s’est engagé à revenir mardi sur le lieu où se trouveront les migrants pour « continuer à travailler sur un lieu avec des sanitaires, des douches ».
Tentative d’entrée sur l’ancien camping
Dès lors, la question était de savoir si les réfugiés accepteraient de quitter les lieux. Et surtout de savoir où ils iraient. Plusieurs personnes rencontrées ce samedi craignaient devoir rejoindre « la jungle », située zone des Dunes. « Les conditions de vie sont très difficiles là-bas. Ça m’effraie d’y aller », redoute un jeune homme afghan de 21 ans. Dans l’après-midi, certains militants et bénévoles associatifs ont tenté de s’accorder sur un autre lieu. Après la distribution des repas du soir, ils avaient convaincu une partie des migrants, principalement les communautés africaines, de quitter les lieux pour rejoindre l’ancien camping municipal. Plusieurs militants et représentants des communautés de réfugiés ont tenté d’investir le site situé près du Fort Risban. Ils ont rapidement été reconduits par des CRS vers 21 h. Une partie des migrants avait commencé à plier bagages, rue de Moscou, pour s’apprêter à se diriger vers le camping. Devant l’opposition des forces de l’ordre, il semblait ce samedi soir que les réfugiés allaient passer une nuit supplémentaire au lieu de distribution des repas. Avant très certainement, d’être contraints de trouver un autre lieu ce dimanche.
En parallèle, et comme prévu, un rassemblement s’est tenu ce samedi vers 14 h sur la place d’Armes. De nombreux Calaisiens s’étaient réunis en soutien aux personnes réfugiées. Environ trois cents personnes étaient présentes pour apporter leur soutien aux migrants : des bénévoles associatifs, militants, réfugiés, représentants politiques (PS, Front de gauche, EELV) ont partagé en musique thé et chocolat. Sur des grilles, on lisait des messages de soutien : « This borders kill », « Les escales à Calais n’ont pas la même saveur pour tous », « Ouvrons la frontière ».
Source de l’article
|