Calais : après le conseil des migrants, Salam et l'Auberge des migrants se confient

Soutenons, aidons, luttons, agissons
pour les migrants et les pays en difficulté

On a lu, on a vu

Calais : après le conseil des migrants, Salam et l’Auberge des migrants se confient

4 avril 2013 - La Voix du Nord

Elle est loin d’être évidente, la position de Salam et de l’Auberge des migrants. Alors que la Belle étoile a définitivement « raccroché », il y a à peine un mois, les deux associations continuent à distribuer des repas le soir. Comment vont-elles s’organiser cet été, sans la Belle étoile ? Jusqu’à quand vont-elles faire face, chaque jour, sur le terrain ? Au lendemain du conseil des migrants qui s’est tenu à l’hôtel de ville, Jean-Claude Lenoir et Christian Salomé, présidents respectifs de Salam et de l’Auberge des migrants, nous répondent.

Un premier constat, d’abord : depuis la dissolution de la Belle étoile, les migrants n’ont plus de distribution de repas le midi. Il ne leur reste que la distribution du soir, par Salam et l’Auberge des migrants. Faut-il s’en inquiéter ? Pour Jean-Claude Lenoir, il est évident que c’est « très pénalisant pour les migrants même si on arrive à s’en sortir quand même avec un seul repas ». En fait, explique-t-il, la distribution du midi était un « repère » de plus, quelque chose qui allait bien au-delà du simple besoin de s’alimenter : « Les migrants ont besoin de rester structurés, de rencontrer des gens », analyse le président de Salam. Pour Christian Salomé, l’absence de repas le midi est gênante pour un tiers des migrants (environ 60, 70 personnes) : « Un tiers parvient à se faire à manger dans les squats, un autre tiers a de quoi s’acheter une baguette le midi, ou se fait aider par les No Borders. Les autres, en revanche, vont attendre le repas du soir pour manger, et passer plusieurs fois, emporter du pain… Pour eux, c’est très difficile. »

D’après les deux hommes, il y a peu de chance qu’une distribution de repas reprenne le midi : « Nous n’avons pas les moyens d’assurer ça », regrette Christian Salomé tandis que Jean-Claude Lenoir explique qu’il mobilise déjà, chaque jour, « 15 à 20 personnes pour les repas du soir » : « Il sera très difficile de trouver des associations qui acceptent de faire à manger le midi », constate-t-il.

Une autre question se pose, automatiquement, puisque la Belle Etoile ne sera plus là cet été pour assurer les distributions : « Les années précédentes, on s’arrangeait entre les trois associations, avec l’aide des No Borders aussi, pour pouvoir s’arrêter chacune quelques semaines l’été, tout en gardant au moins un repas assuré chaque jour », précise le président de l’Auberge des migrants. Mais cette fois-ci, il faudra faire sans la Belle Etoile. Sur ce point, Jean-Claude Lenoir et Christian Salomé ont annoncé qu’ils allaient se rencontrer pour tenter de trouver une solution ensemble : « Je ne pense pas qu’on puisse faire une période sans distribution de repas : il faut qu’il y en ait un chaque jour », estime Jean-Claude Lenoir.

« On sentait le vent tourner »

La situation est donc loin d’être évidente. Pour le président de Salam, elle aurait pu être, d’ailleurs, mieux appréhendée : « On sentait le vent tourner à la Belle étoile. Si on était tous moins bêtes, moins obtus dans nos convictions, on aurait sûrement pu anticiper cette situation et mutualiser nos moyens », juge-t-il. Et de rappeler la fragilité inhérente aux associations : « Pour l’instant, les distributions le soir tournent bien. Mais on reste très fragiles : on n’est pas à l’abri d’un leader qui s’en va, d’un conflit entre bénévoles du jour au lendemain, confie celui qui est engagé depuis déjà des années. Il faut y aller, tous les soirs, dans le froid, distribuer les repas, avec les migrants… C’est dur », lâche-t-il. Christian Salomé évoque les mêmes difficultés au quotidien. Des difficultés qui s’éternisent selon lui : « On tourne en rond. Depuis dix ans, on tourne en rond, avoue-t-il, révolté de savoir que ces jours-ci encore, « 60 à 70 personnes dorment dans les dunes, sous des tentes de camping, sans aucun moyen de se chauffer ». Mardi, après le conseil des migrants, Natacha Bouchart avait expliqué à la presse que « la problématique des migrants s’est installée durablement : elle existera encore dans dix ans ». La réalité est là : pas évident de faire avec.

Source

Association Loi 1901, parution au J.O. du 31 mai 2003 | Mentions légales | Webdesign & réalisation : Le Sens de Votre Image