Calais : contre toute attente, la maire Natacha Bouchart propose de créer un centre pour migrants

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Calais : contre toute attente, la maire Natacha Bouchart propose de créer un centre pour migrants

22 août 2014 - La Voix du Nord - Marie Goudeseune

« Intenable ». C’est ainsi que Natacha Bouchart qualifie la situation actuelle de Calais, qui n’arrive plus selon elle à gérer la présence des migrants. Pour sortir de cette « impasse », la maire de Calais compte faire une proposition au ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, qu’elle doit rencontrer le 2 septembre prochain : créer un centre pour migrants éloigné des habitations, plus petit que Sangatte et entièrement géré par l’État…

C’est un constat, d’abord, que dresse la maire de Calais : depuis son élection en 2008, plusieurs dispositifs ont été mis en place pour gérer la présence des migrants dans la ville : aire de distribution des repas, douches, création d’un conseil des migrants... Aujourd’hui, selon Natacha Bouchart, ce dispositif ne fonctionne plus : « La population des migrants s’est accélérée, ce ne sont pas les mêmes nationalités, pas les mêmes cultures, il y a moins de respect qu’avant ». La population calaisienne est « inquiète » et « ne parle que de ça », selon la maire.

L’élue doit rencontrer le 2 septembre le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Aussi, elle a décidé de lui faire une proposition : il s’agirait de créer un centre pour migrants, qui ne soit ni un nouveau Sangatte, ni une maison des migrants, mais un intermédiaire « situé loin des habitations, car dès qu’on est trop près des riverains, ça devient sensible ». Ce centre pourrait abriter « environ 400 adultes dans de bonnes conditions », précise la maire, sans vouloir préciser quel lieu pourrait être choisi.

« Soulager les Calaisiens »

Mais Natacha Bouchart n’entend pas proposer cette solution à n’importe quel prix. « J’accepterai ce centre si l’État prend en charge sa gestion », prévient-elle. Pour la maire, ce centre permettrait « de vider à 80 % le phénomène (de la présence migratoire, ndlr) dans la ville » et « de soulager les Calaisiens qui ont droit à un peu de sérénité ».

Natacha Bouchart fera une autre proposition à Bernard Cazeneuve le 2 septembre : « Je souhaite qu’on puisse engager une table ronde au niveau européen avec les ministres, maires et bourgmestres des villes concernées par ces problématiques migratoires. » Elle souhaiterait que des lieux d’accueil se mettent en place dans ces villes européennes « pour expliquer aux migrants en amont leurs droits ». Autre volonté de la sénatrice-maire : que l’Europe accompagne les villes et les collectivités concernées (Lampedusa et Calais notamment) en les aidant financièrement pour favoriser leur développement économique.

Risques calculés

Natacha Bouchart, que l’on connaît inflexible sur la problématique de l’immigration, propose à l’État la création d’un centre d’accueil pour les migrants, aux frontières de sa ville. Si l’information ne venait pas de la sénatrice-maire UMP elle-même, on aurait pensé à une supercherie. L’idée, en effet, a des allures de retour vers le futur pour celles et ceux qui ont connu le centre de La Croix-rouge à Sangatte, entre 2000 et 2002. Nicolas Sarkozy risque d’ailleurs de s’étrangler en pensant à l’énergie qu’il a déployée, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, pour fermer un centre de Sangatte devenu ingérable.

Douze ans plus tard, retour au point zéro : le Calaisis, fenêtre vers l’Angleterre, ne s’en sort toujours pas avec les migrants. En proposant d’ouvrir un centre de quatre cents places, Natacha Bouchart s’expose à de vives contestations. Mais en politique, tous les risques sont calculés. La population calaisienne, certes tolérante, s’impatiente et pourrait se satisfaire d’une solution transitoire éloignée du centre-ville. Surtout, la proposition de la sénatrice-maire UMP va mettre le gouvernement socialiste dans l’embarras. En renvoyant l’État à ses responsabilités, l’élue rappelle que la venue de Manuel Valls, fin 2013, n’a en rien modifié la donne.

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