Calais : deux cents migrants demandent « l’arrêt des violences policières », la police répond
5 septembre 2014 - La Voix du Nord - Chloé Tisserand
Ce vendredi, environ deux cents migrants ont manifesté du quai de la Moselle à la place d’Armes où ils se sont réunis en cercle. Ils ont réclamé de meilleures conditions d’accueil et ont dénoncé des violences policières. Le sous-préfet et un représentant de syndicat de police se sont exprimés sur ce point.
Béret à carreaux, costume et chemise, Abdallah, originaire du Soudan, se maintient debout à l’aide d’une béquille. Il montre son bandage au pied. « C’est la police qui m’a attaqué, c’est comme ça toujours dans le train, dans la rue, à la frontière », explique-t-il. Un des meneurs de la manifestation montre un jeune, le bras plâtré et scande en anglais : « Stop à la violence policière ». C’est un des messages - en plus d’un besoin de plus de protection, de droits et de conditions de vie dignes - que les exilés, en majorité originaires du continent africain, ont voulu partager.
Maintien de l’ordre
Une permanence d’écoute pour les violences policières a été créée afin de « recueillir les témoignages des migrants et leur proposer, pourquoi pas, de porter plainte, explique un militant en marge de la manifestation. L’idée est de constituer un dossier et de l’envoyer au défenseur des droits pour qu’il interpelle l’État. » Un numéro de téléphone sera communiqué aux exilés. Pour le moment, ils sont huit bénévoles, dont la juriste de la plateforme de service aux migrants (PSM), à se rendre dans les « jungles » et les squats pour prendre des contacts directs.
Le cortège, parti du quai de la Moselle, finit par former un cercle place d’Armes et affiche des grandes pancartes « UNHCR ? » « Nous n’avons pas de lieu où rester ».
Gilles Debove, représentant du syndicat de Police SGP Police FO, a assisté à la manifestation. « C’est honteux et dégradant pour l’institution de police. Quand on sort des migrants cinq à six fois des camions, ils peuvent considérer ça comme du harcèlement mais nous, on fait notre travail. Il y a une grosse pression migratoire, donc plus de policiers et ça dérange le plan des migrants qui pointent du doigt une pression. » Il ajoute : « On dit que c’est un sujet tellement sensible que nous devons faire attention. Qu’on nous montre des vidéos de policiers qui frappent des migrants ! »
De son côté, le sous-préfet Denis Gaudin indique : « À partir du moment où les migrants font monter la pression et se livrent à des comportements anormaux (assaut des clôtures du port), les policiers font leur travail et les repoussent à l’extérieur. Ils sont là pour remettre de l’ordre à un trouble dont le fait générateur est le comportement des migrants. »
Appel à bénévoles pour la permanence d’écoute (perm.violences.calais@gmail.com)
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