Calais : la préparation des repas aux migrants bientôt gérée par l'État ?

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Calais : la préparation des repas aux migrants bientôt gérée par l’État ?

9 septembre 2014 - La Voix du Nord - Marie Goudeseune

Le préfet du Pas-de-Calais a proposé vendredi dernier aux associations chargées de la distribution des repas aux migrants d’être déchargées de la partie « préparation des repas ». Elles ne disent pas non...

Cette proposition, le préfet du Pas-de-Calais l’a émise vendredi dernier lors d’une réunion avec les associations. Dans le projet d’accueil de jour au camp Jules-Ferry, Salam et l’Auberge des migrants n’auraient plus à préparer les repas.

Pour Christian Salomé, de l’Auberge des migrants, cette proposition est tout à fait acceptable : « Avec 200 ou 300 repas à servir, on se débrouillait. Avec 800, on n’y arrive pas. On est obligés de préparer une partie la veille, du coup la nourriture refroidit et on n’a pas de moyens pour la réchauffer. On craint les intoxications alimentaires et nos locaux ne sont plus adaptés. Ce n’est pas un travail pour des retraités : nous, on cherche surtout le contact avec les migrants. » D’après lui, l’État pourrait lancer prochainement un appel d’offres auprès des entreprises.

C’est sur ce point que le président de Salam se questionne : « La proposition semble bonne à tous les points de vue. Mais elle sera coûteuse : il faudra compter entre 3 et 5 € par repas, alors qu’aujourd’hui, la nourriture utilisée vient principalement de dons ». Jean-Claude Lenoir admet toutefois que l’actuel mode de préparation des repas « est dépassé » : pour lui, une confection « industrielle » ne sera justifiée « que si le projet fonctionne dans sa globalité, avec une vraie prise en charge des migrants qui permette de désengorger Calais ».

Contactée ce mardi, la préfecture n’a pas souhaité communiquer sur ce sujet.

800 repas distribués en une heure

Lundi, 17h30. Le camion de Salam doit arriver d’une minute à l’autre et déjà, des centaines de migrants font la queue quai de la Moselle. Quand on est bénévole, on a le choix entre deux missions : faire le gendarme pour s’assurer que personne ne double dans la file, ou servir la nourriture. Contrairement aux apparences, la seconde option n’est forcément pas plus facile : quand la camionnette arrive enfin (on se demande d’ailleurs comment elle peut contenir 800 repas et tout le matériel nécessaire !), il faut aller vite. Sortir les gamelles et les caisses, installer les tables, se tenir prêt. Des migrants donnent un coup de main.

La distribution commence, elle durera une bonne heure. Tout s’enchaîne très vite, de façon très cadrée. Pour les fruits par exemple, on commence par les morceaux de melons et d’ananas, qu’on tend à main nue. Les melons et ananas épuisés, on passe aux caisses de prunes (deux par personne), puis aux raisins (une grappe chacun, plus ou moins grosse) avant de servir les bananes. Pas question de tergiverser si un exilé préfère tel ou tel morceau, tel ou tel fruit (les bananes sont très convoitées) : il prend ce qu’on lui donne, un point c’est tout ! La file d’attente ne désemplit pas et il faut que tout s’enchaîne de façon fluide. Comme dit Jean-Claude Lenoir, cette distribution est « un travail d’équipe » qui nécessite « de la discipline » : c’est la condition selon lui pour que tout se passe bien et que la dizaine de bénévoles parvienne à servir 800 repas sans heurts. On a à peine le temps de lever les yeux pour voir les visages qu’on sert (ceux d’enfants et de femmes parfois). À 19 h, tout est déjà fini.

Qui finance quoi aujourd’hui ?

Subventions

L’État ne finance pas le distribution des repas actuellement. Les subventions viennent des collectivités : l’Auberge des migrants reçoit 3 000 € annuels de la Ville de Calais, 5 000 € du conseil général et 6 000 € de la Région. « Le reste, c’est de notre poche et ce sont des dons », précise Christian Salomé.

Dépenses

Les principales dépenses concernent les charges, comme le détaille Jean-Claude Lenoir, de Salam : « 400 à 500 € par mois de gaz, 1 000 € par mois d’électricité et 1 000 € pour acheter les contenants. »

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