Calais : quels dispositifs pour protéger les migrants mineurs en transit à Calais ?
24 avril 2014 - La Voix du Nord - Chloé Tisserand
Mardi, le blog Passeurs d’hospitalités a indiqué qu’une quinzaine de mineurs sont arrivés au campement du bassin de la Batellerie.
Un endroit où l’on vit dans des tentes, des abris de fortune, sans accès à l’eau. Ce sont des Érythréens et des Éthiopiens, cette fois qui ont rejoint le flux régulier de mineurs étrangers isolés à Calais. Chaque pays d’accueil, au nom d’un droit international, se doit de les protéger. Passeurs d’hospitalités a souhaité rappeler que « rien n’est fait » pour ces jeunes migrants représentant 15 à 20 %* du flux sur le Calaisis. Selon le blog tenu par Philippe Wannesson, les dispositifs existants, comme la Maison du jeune réfugié de Saint-Omer, inaugurée en mai 2013, financée par le conseil général et gérée par France Terre d’Asile, profitent seulement aux mineurs étrangers qui souhaitent rester en France : « Au mieux, les mineurs en transit peuvent aller se reposer pendant cinq jours ».
Hébergement d’urgence pour les mineurs
Le directeur de la Maison du jeune réfugié, Jean-François Roger, insiste sur le fait que sa structure remplit son rôle auprès des mineurs étrangers de passage. « Nous disposons d’un accueil de jour, d’un hébergement de stabilisation et d’un hébergement d’urgence. C’est ce dernier dispositif qui répond à ce besoin, souligne-t-il. Ça leur permet de se reposer une voire cinq nuits le temps de reprendre des forces, de se reposer avant d’essayer de passer en Angleterre. Nous avons accueilli 412 jeunes en hébergement d’urgence en 2013, parmi eux, 86 % souhaitaient reprendre leur parcours migratoire. » Il précise que dans la nuit de samedi à dimanche, ils étaient une vingtaine dont une dizaine étaient des jeunes Érythréens, Soudanais et Éthiopiens de Calais.
Une Maison du jeune réfugié à Calais ?
Avant l’existence de cette Maison du jeune réfugié, Philippe Wannesson raconte que « les mineurs étaient détectés par la police et envoyés dans des structures d’hébergement pour mineur situées dans le département. Mais ils n’y restaient et repartaient très vite à Calais pour retenter la traversée ». Il reconnaît que la Maison du jeune réfugié a amélioré les choses mais, insiste-t-il, seulement pour les mineurs qui cherchent à se stabiliser. « Il faudrait trouver une formule, un accueil près des lieux de passage avec un cadre juridique », précise-t-il. Ce qui n’est pas du même point de vue que Jean-François Roger : « Le dispositif d’hébergement d’urgence est souvent complet le samedi soir parce que c’est le jour où les camions ne passent pas en Angleterre. Il ne l’est pas en semaine, il n’y a donc pas d’intérêt à ouvrir une structure pour les mineurs isolés à Calais ».
« On ne peut pas les forcer »
Ce mercredi, plusieurs mineurs, posés sur les marches, regardant le canal de Calais, sont restés au camp. « C’est leur volonté. On ne peut pas les forcer à aller à Saint-Omer, ni se permettre de changer leur projet. Et puis le rapport est différent, dans la culture africaine, on est un homme à 12 ou 13 ans », rappelle Jérémie Jacquemin, qui accueille chez lui des migrants et a rencontré ce mercredi après-midi ces adolescents au camp de la Batellerie. Un avis partagé par Jean-François Roger : « On ne peut pas les forcer à venir dans un dispositif d’autant qu’il y a une pression familiale, une pression des passeurs qui influencent les jeunes à rester au camp. »
Alors chaque jour, une équipe de France Terre d’Asile effectue des maraudes dans les camps pour repérer les mineurs étrangers. « On les met en confiance car la crainte pour ces jeunes est qu’on prenne leurs empreintes digitales. On observe leurs conditions et leurs parcours de vie. On les informe sur les dispositifs existants et ont fait de la prévention, énumère Jean-François Roger, car beaucoup se basent sur les informations données par les passeurs qui renforce cette image d’Angleterre Eldorado. »
* Un chiffre donné par France Terre d’Asile.
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