Centre de migrants à Calais : Natacha Bouchart confirme qu'elle va proposer Jules-Ferry

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Centre de migrants à Calais : Natacha Bouchart confirme qu’elle va proposer Jules-Ferry

25 août 2014 - La Voix du Nord - Marie Goudeseune

La démission du gouvernement de Manuel Valls hier ne change rien pour elle : la maire de Calais a toujours l’intention de proposer au ministère de l’intérieur de créer un centre pour migrants de 400 places en périphérie de Calais. Elle a confirmé hier que le lieu qu’elle suggérera est le centre de loisirs Jules-Ferry.

- Allez-vous proposer le centre de loisirs Jules-Ferry ?

« Oui. On a de quoi y faire un accueil et engager rapidement les choses. Sachant qu’il peut y avoir d’autres possibilités d’implantation sur un terrain vierge, en particulier sur la zone dune extension (non loin du camp Jules-Ferry), si l’État le souhaite. »

- Que répondez-vous aux Calaisiens qui estiment que vous allez « chasser » les enfants de ce centre au profit des migrants ?

« Je réponds que les enfants, on les soigne ! Et que tout ça c’est de la négociation. Je n’accepterai pas ce centre pour migrants sans compensation : il faudra que l’État nous alloue un budget pour construire un tout nouveau centre plus fonctionnel. N’oublions pas que Jules-Ferry est excentré. Et c’est un camp qui date. On a des friches en centre-ville et au Fort-Nieulay : on peut très bien imaginer la construction d’un nouveau centre avant l’été 2015. »

- Le gouvernement a démissionné hier et votre rendez-vous avec le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve est, de fait, annulé. Vos projets sont-ils compromis ?

« Non, car l’urgence du dossier est là. Le nouveau ministre de l’intérieur ne pourra pas ignorer ce qui se passe ni repousser ce rendez-vous : c’est un sujet qui fait l’actualité, l’urgence est là, l’hiver arrive et il faut prendre des décisions très rapidement. Je pense que ce dossier sera un des premiers que le ministre aura à traiter. »

- À quoi ressemblerait le nouveau centre pour migrants ?

« Ce serait un sas où les migrants pourraient avoir des informations par France Terre d’Asile ou par des organismes nationaux. Ils y seront accueillis, hébergés, nourris. Mais ils ne seront en aucun cas appelés à y rester de façon permanente. Le centre sera limité à un certain nombre de personnes. Il faudra des professionnels à l’intérieur, peut-être des associations professionnelles reconnues nationalement. Malgré tout, je ne veux rien imaginer pour ce centre : il faut d‘abord un accord du ministre, sinon ce ne sera pas possible. Ensuite, il faudra échanger avec les services de l’État et les associations.

« C’est le bal des hypocrites ! »

L’ancien maire PCF Jacky Hénin a réagi hier à la proposition de Natacha Bouchart. Sa réaction est double : d’un côté, il estime qu’il était temps de faire cette proposition ; de l’autre, il juge qu’elle ne tient pas du tout la route…

« Je n’ai qu’un mot à dire : enfin ! Durant la campagne municipale, c’est ce que je voulais faire : créer un centre pour permettre à chacun d’avoir sa dignité. Natacha Bouchart a toujours dit qu’elle ne voulait pas d’un tel centre à Calais, et au lendemain des municipales, voilà qu’elle change d’avis : c’est le bal des hypocrites ! Et puis 400, ça ne veut rien dire : on fait quoi avec le 401e ? Le 402e ? Avec cette proposition (qui n’est pas nouvelle : ça fait des années qu’on propose l’Hoverport ou Jules-Ferry), elle pourra dire qu’elle voulait mais que le gouvernement n’a pas voulu. C’est peut-être bien joué mais ça n’est pas moral. Ça lui permet de montrer qu’elle veut faire avancer les choses et que c’est la faute des autres si ça ne se fait pas. Bref, c’est tactique ! D’après moi, le gouvernement créera les conditions pour que ce centre ne se fasse pas, parce qu’il considérera que c’est trop difficile à gérer et qu’on a le mauvais souvenir de Sangatte. Le gouvernement va laisser pourrir les choses. »

Le centre Jules-Ferry raconté en trois dates

- 1965 : un nouveau site. Créé en 1930 tôt le long de la plage, le centre aéré migre entre la zone des Dunes et le Fort-Vert, pour occuper ce terrain militaire de cinq hectares – une base allemande désertée. Sa composition : six préaux (dont quatre fermés), quatre longs réfectoires avec baies vitrées proposant à leurs extrémités lavabos, vestiaires et toilettes, et un bloc de cuisines au centre. Le tout forme un U et contient des blockhaus de la guerre 39-45 qui ont été éclairés et aérés.

- 1991 : 1 347 enfants. Le site accueille 1 347 enfants (qu’on appelle parfois « les enfants de Jules ») : il s’agit d’un « record », selon La Voix du Nord. Mais le centre en a déjà accueilli 1500 en 1966 !

- 2005 : le 75e anniversaire. Le centre fête son 75e anniversaire et obtient la charte départementale de qualité des centres de loisirs. Ses locaux « ne sont plus de première jeunesse », selon sa codirectrice Jacqueline Huez. Chaque été, il reçoit environ 1 000 enfants qui y sont acheminés en bus. L’idée de quitter ce camp pour en construire un neuf au centre de Calais daterait de l’ancienne municipalité.

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