Claude Guéant reste ferme sur l'immigration

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Claude Guéant reste ferme sur l’immigration

6 juin 2011 - La Voix du Nord - Interview par Hervé Favre

Journée spéciale Pas-de-Calais pour le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, attendu ce lundi à Calais, Laventie puis Arras, avec entre autres sujets au menu, la lutte contre l’immigration clandestine.

Avec votre collègue britannique Theresa May, vous venez déjà préparer les JO de 2012 !

Sur les 8 millions de spectateurs attendus à Londres pour ces JO, il y aura 800 000 Européens dont un tiers passera sur ou sous le Channel ! Nous devons donc mettre en place côté français les mesures de sécurité et de fluidité du trafic. Par ailleurs le Pas de Calais a proposé d’être une base arrière pour l’hébergement ou l’entraînement d’équipes olympiques. Cela demande aussi des préparatifs en termes de sécurité.

La menace terroriste est-elle toujours aussi présente malgré la mort d e Ben Laden ?

Elle était déjà très présente avant sa mort et elle reste à un niveau élevé. Sa mort a entraîné de la part d’Al Qaïda un désir de vengeance ciblant d’abord les Etats-Unis, mais la France et la Grande Bretagne sont également très menacées. Nous devons en tenir compte dans nos préparatifs pour les JO 2012.

A Calais, le démantélement de la "jungle" a-t-il fait vraiment baisser l’afflux de migrants ?

Quand Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, s’était saisi de la question, la situation était insoutenable pour les habitants du Calaisis. Il y avait en permanence 3 000 migrants tentant de passer au Royaume Uni. Aujourd’hui, grâce à son action, la situation n’a plus rien de comparable. Aux distributions de repas assurées par les associations, on compte entre 70 et 90 personnes. Cela étant, une certaine pression demeure. Depuis le début de l’année, un peu plus de 2 000 personnes ont été interpellées dans des camions, et il y a eu le mois dernier 80 tentatives de pénétration sur le site du Transmanche.

La crise ouverte entre la France et l’Italie par l’afflux de réfugiés tunisiens est-elle derrière nous ?

L’Italie a complètement admis notre lecture des accords de Schengen et de la convention bilatérale entre nos deux pays. C’est vrai que l’autorisation de séjour accordée par l’Italie à un certain nombre de Tunisiens permet la libre circulation mais nous pouvons nous opposer à l’entrée en France si la personne ne dispose pas des moyens de financer son séjour et n’a pas de billet de retour, ce qui est constaté dans la plupart des cas. Lorsque ces ressortissants sont interpellés, soit ils acceptent un retour volontaire avec une aide de 300 euros - une soixantaine l’ont fait cette semaine - soit ils sont reconduits en Tunisie ou en Italie. Depuis fin février, plus de 3 200 reconduites ont eu lieu, soit en Tunisie, soit en Italie.

Le Premier ministre tunisien disait à Deauville que ces 25 000 arrivants ne vont pas créer un déséquilibre démographique en Europe !

C’est son opinion. Nous, nous considérons que l’immigration irrégulière doit être combattue, qu’elle vienne de Tunisie ou d’ailleurs. On nous objecte la situation politique tunisienne. Précisément, aujourd’hui que le pays s’ouvre à une ère nouvelle de liberté et de démocratie, il n’y a plus aucune raison de fuir la Tunisie !

Diminuer de moitié l’immigration pour le travail, n’est-ce pas contradictoire avec l’« l’immigration choisie » ?

Au contraire. La France choisit le nombre de ceux qu’elle souhaite accueillir. Nous n’avons pas besoin de 25 000 migrants de travail, le nombre atteint l’année dernière. Nous savons par exemple qu’il y a dix réponses pour chaque offre d’embauche de maçon. La fédération du bâtiment m’a d’ailleurs donné raison en disant qu’on trouve en France tous les ouvriers ou employés dont le secteur a besoin. Nous n’avons pas vocation à faire venir en France des étrangers pour qu’ils se retrouvent au chômage comme le sont déjà 24% des étrangers non communautaires. Il y a certes des métiers moins prisés que d’autres, mais la solution ne me semble pas devoir passer d’abord par le recours à une main d’œuvre étrangère. Des reconversions et des formations sont aussi possibles.

Ce n’est pas ce que disent les restaurateurs et les hôteliers

La baisse de la TVA dans le secteur a été accompagnée d’une révision de la convention collective et d’une revalorisation salariale. Quelqu’un qui est demandeur d’emploi doit aller vers les offres proposées. Et au bout d’un certain nombre de refus d’offres convenables il doit y avoir radiation. On ne refuse pas un emploi décent et correctement payé.

Vos propos sur la forte proportion d’enfants d’immigrés en échec scolaire ont choqué...

Je me suis appuyé sur des données tirées de rapports publics. Ils nous démontrent que l’intégration ne marche pas si bien qu’on le dit et qu’il faut l’améliorer. Je ne dis pas cela pour stigmatiser ces élèves ou leurs enseignants mais parce que cela pose un problème à la société et qu’il faut le traiter. On me fait dire le contraire et c’est grave ! Si je plaide avec autant de force et si j’agis pour lutter contre l’immigration clandestine et limiter l’immigration légale, c’est précisément pour que l’intégration se fasse mieux.

La question de l’intégration pose aussi celle de la laïcité. Après le vote de la résolution parlementaire, quelle suite concrète allez vous donner, s’agissant notamment des prières dans les rues ?

Beaucoup de nos concitoyens s’émeuvent de trouver sur l’espace public des pratiques religieuses ou des affirmations identitaires qui apparaissent comme des entorses au principe de laïcité. Les prières dans la rue, ne vont pas dans le sens du respect de la règle commune. On pourrait régler les choses de manière autoritaire. Je préfère la voie de la concertation et de la recherche consensuelle de solution. Les prières dans la rue ont déjà disparu à Nice. A Paris, là où le phénomène est le plus voyant, nous cherchons des solutions et je suis sûr que nous aurons réglé la question dans peu de semaines. C’est indispensable.

Sur l’immigration, Jean-Louis Borloo vous reproche « des phrases difficiles à entendre »...

Je connais bien Jean-Louis Borloo et ses ambitions pour la société française. Très franchement, je ne vois pas en quoi l’amélioration de la sécurité pour les Français est en contradiction avec sa propre vision. Sur l’immigration, je l’invite à lire complètement mes déclarations, il y trouvera beaucoup de générosité et de volonté d’avoir une société plus harmonieuse.

Sa candidature ferait-elle prendre un risque à la majorité ?

Le travail qu’il fait pour fédérer les centristes et consolider leur corps de doctrine est un bon travail. Mais il a appartenu à ce gouvernement quatre ans et avant cela à d’autres gouvernements de droite. C’est sa famille et je ne peux pas imaginer qu’il entreprenne quoi que ce soit de nature à affaiblir cette famille ou à lui faire courir le risque de perdre.

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