Demandeurs d’asile : l’état n’a « rien à leur proposer »
27 août 2010 - Francis Lumineau - Nice-Matin
Immigration : Une rencontre hier entre des associations de soutien aux migrants sans toit et le n°2 de la préfecture n’a pas apporté le moindre début de solution
Arrivé voici à peine une semaine de Calais, où il a eu à gérer l’affaire de la « jungle » où se réfugiaient encore, il y a un an, des centaines de demandeurs d’asile, le sous-préfet Gérard Gavory, nouveau secrétaire général de la préfecture, était, hier après-midi, en terrain connu : il a pour la première fois affronté le dossier des 89 demandeurs d’asile (en attente du statut de réfugié) sans hébergement depuis l’automne 2009.
Aux quatre représentants d’associations de soutien (1), qu’il a reçus avec un des demandeurs d’asile, il a fait cette réponse, que chacun, associatif comme migrant, redoutait : « Moi, je n’ai rien à leur proposer. Nous faisons face, dans ce département, à un afflux très important de demandeurs d’asile, environ 1 200 (2). Tous les moyens disponibles sont mobilisés : pour les familles, nos engagements sont tenus. Pour les personnes seules, c’est également le cas : ils touchent l’allocation d’attente de 319 E par mois que prévoit la loi quand l’État ne peut assurer l’hébergement. »
Pour autant, le représentant de l’État se dit prêt à envisager, sans plus de précision, une « aide » pour trouver des solutions à l’extérieur des A.-M. Dans d’autres départements donc, dans des CADA (centres d’accueil des demandeurs d’asile), en principe réservés aux familles. Certains, estime-t-il, « peuvent essayer de se regrouper pour payer un hébergement avec l’allocation d’attente ».
Le budget 2010 déjà dépassé
Mais le sous-préfet Gavory rappelle aussi que « l’État fait le maximum, l’enveloppe budgétaire de l’année pour cette question (4,7 millions d’euros) est déjà très largement dépassée. On a fait une demande de supplément pour payer les hôteliers... C’est pourquoi on ne peut accepter les reproches des associations. »
Celles-ci, justement, étaient très mécontentes, hier soir. « On a quitté la réunion avant la fin sans dire au revoir ! s’exaspère Bernard Neuville (Vie et Partage). On nous oppose une fin de non-recevoir, à part cette proposition de se regrouper pour payer une chambre... C’est vrai qu’il y a une surpopulation de demandeurs d’asile, mais les 300 000 E dépensés au printemps dernier en hébergement auraient été mieux utilisés à leur trouver du travail ou bien des solutions de transfert vers d’autres régions pouvant les recevoir. Mais il fallait calmer le milieu militant parce qu’on était en période électorale... »
Pour la Pastorale des migrants, Soeur Agnès, restée jusqu’à la fin de la réunion, se demande « comment vont se passer les transfèrements vers d’autres départements alors que l’association ALC qui gère cela est déjà débordée. »
La religieuse insiste sur la dimension humaine du débat : « Il faut que la police arrête de harceler les demandeurs d’asile tous les soirs dans les parkings : ce n’est pas humain, ils n’en peuvent plus. En France, est-on encore dans le respect de l’homme ? »
(1) Vie et Partage, le Secours catholique, les Don Quichotte et la Pastorale des migrants (qui dépend de l’évêché).(2) Le chiffre officiel pour les A.-M. était de 1 300 à fin juin 2010 (il a donc baissé), contre 791 seulement pour l’année 2009.
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