EXPULSEE SANS SES ENFANTS POUR AVOIR TEMOIGNE A LA TELE !
23 octobre 2011 - Communiqué RESF
Outre la situation honteuse décrite ci-dessous — et, hélas, tant d’autres —, pour mémoire celle de Brigitte Vigoureux et de ses deux filles (voir dernier resf.info et le Post du 10.10.2011) qui sont toujours coincées au Congo alors qu’elle est belge et ses filles françaises. Voir http://www.educationsansfrontieres.org/article39135.html?id_rubrique=43
Le lundi 17 octobre 2011, une quarantaine de déboutés du droit d’asile, dont la famille LATIFI sont expulsés du CADA de Belfort par la force publique.
Grâce à l’aide d’associations, ces personnes sont relogées en urgence dans un hôtel de la ville et au Foyer des Jeunes Travailleurs de Belfort.
Le mardi 18 octobre, madame LATIFI est interrogée par les journalistes de France 3 et son témoignage sera diffusé le soir aux informations régionales.
Le même jour, la Préfecture de BELFORT accepte de reloger les quarante personnes dans 3 hôtels de la ville dont le Relais d’Alsace. C’est dans cet hôtel que sera placée la Famille LATIFI au complet (6 personnes dont un enfant de 11 mois).
Le jeudi 20 octobre 2011 à 7H00 : à la demande du préfet de BELFORT, la police procède à l’interpellation de la famille LATIFI à leur hôtel, dans leur chambre. Ils sont appréhendés avec leur nourrisson de 11 mois.
Les deux autres enfants du couple, âgés de 13 et 11 ans échappent à cette interpellation car ils se trouvaient à ce moment là auprès de leur grand-mère, qui elle aussi, est sous le coup d’une mesure d’éloignement.
A 8H00, le couple se voit notifier un arrêté de placement en rétention administrative. A 8H30, ils quittent Belfort, et arrivent sept heures plus tard au Centre de Rétention du Mesnil Amelot (ROISSY).
Depuis, ils sont sans nouvelle de leurs deux enfants. Leur expulsion est prévue le mardi 25 octobre.
Erreur, omission volontaire ou réponse au témoignage de Madame LATIFI relayé par la presse l’avant veille ? Cette expulsion laisse indifférent le Préfet du Territoire de Belfort qui n’entend pas abroger ses décisions, alors qu’il a été pleinement alerté sur la situation de cette famille kosovare.
Cette indifférence du Préfet rappelle pourtant les paroles d’Eric Besson, ancien Ministre de l’Immigration qui déclarait en son temps :
« En France, on ne sépare pas les enfants des parents. »*
* En référence à une tradition instaurée par René Bousquet en 1942, lorsque, interrogé sur l’interpellation des enfants juifs, Bousquet se réfère à une pratique très ancienne : celle de maintenir l’unité familiale dans un « but humanitaire » afin de ne pas séparer les enfants de leurs parents.
Séparer deux enfants de leurs parents, séparer une fratrie et maintenir en rétention un nourrisson de 11 mois est manifestement contraire à la Convention Internationale des droits de l’enfant et à la « tradition française » si souvent rappelée par l’ancien Ministre de l’immigration.
Le Tribunal Administratif de Melun a été saisi en urgence de ce dossier.
Jugement attendu lundi 24 octobre à 10H00.
Contact sur ce dossier : Me Bruno VINAY 06 75 86 06 31 RESF Belfort : Muriel THANNEUR : 06 82 83 21 50
*Quelques informations complémentaires sur la famille Latifi
Dashnor LATIFI et Lendita LATIFI sont arrivés en France le 3 juin 2009. Ils ont fui le Kosovo en raison des risques qu’ils y encourraient pour leur sécurité et celle de leurs enfants. Dashnor LATIFI appartient à la minorité Goran, ethnie slave et musulmane, dont les membres sont considérés par les Albanais du Kosovo comme des traîtres apparentés aux Serbes. On les accuse d’avoir été du côté des Serbes pendant la guerre, car ils parlent la même langue. Lendita LATIFI est quant à elle Albanaise du Kosovo. La famille de Lendita LATIFI s’est violemment opposée à leur mariage et n’a jamais accepté ni cette union, ni la naissance de leurs enfants Myrteza, et Muala. Dashnor LATIFI et Lendita LATIFI ont été victimes de persécutions de la part de leur famille, mais également de leurs voisins et des Albanais en général. Les problèmes se sont intensifiés après l’indépendance du Kosovo, ils étaient victimes d’agressions verbales et physiques jusque dans leur maison. Dashnor LATIFI a violemment été agressé sur son lieu de travail. Leurs enfants étaient victimes de brimades et de violences à l’école, ils étaient vus comme des bâtards. A la fin, ils ne voulaient plus aller à l’école. Dashnor et Lendita LATIFI ont déposé plusieurs plaintes qui n’ont jamais abouti. La situation devenant insoutenable, ils sont donc partis en abandonnant tous leurs biens, en compagnie de leurs deux enfants et de la mère de Dashnor LATIFI, Irfana, qui est veuve.
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