En France, la criminalisation des migrants franchit une nouvelle étape
1er août 2011 - eitb.com
Dans la discrétion de l’été, la France vient d’ouvrir son plus grand centre de rétention administrative, avec une capacité de 240 places et une architecture carcérale.
Avec l’ouverture du plus grand centre de rétention administrative (CRA), "la politique d’industrialisation de la rétention et la criminalisation des migrants franchit une nouvelle étape", a dénoncé lundi la Cimade.
Situé à proximité de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle sur la commune du Mesnil-Amelot, le nouveau CRA a une capacité de 240 places, alors que sa structure répond aux critères de l’architecture carcérale classique.
La Cimade et ses partenaires associatifs ont dénoncé à plusieurs reprises l’illégalité et la déshumanisation de ce camp en alertant l’opinion publique et en saisissant le Conseil d’État qui, à ce jour, ne s’est toujours pas prononcé.
On pourra y enfermer 240 étrangers, dont des enfants, "en contournant la limitation légale de la capacité des CRA fixée à 140 places", indique la Cimade dans un communiqué.
Face à un système froid et déshumanisé, "il est à craindre que la seule réaction possible pour les personnes retenues soit de retourner la violence contre elles-mêmes et que les automutilations, grèves de la faim, tentatives de suicide n’en soient le quotidien", dénonce la Cimade.
L’entrée en fonction du nouveau CRA se produit quelques jours après que le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a annoncé que le rythme des reconduites à la frontière s’est sensiblement accru depuis mai, lui laissant espérer atteindre 30 000 expulsions d’ici à la fin de l’année.
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement français compte sur les nouvelles possibilités de la loi Besson, dont tous les décrets d’application sont publiés depuis juillet. La rétention administrative, notamment, est passée de 32 à 45 jours, et l’intervention du juge des libertés et de la détention a été retardée.
Faisant le point sur les premiers jours d’application du texte, la Cimade déplore une "administration (qui) n’a pas hésité à priver de liberté de nombreux étrangers pour les expulser sans leur laisser de délai de départ", contrairement à ce que prévoit le droit européen.
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