HERAT (Afghanistan) - Le douloureux exil iranien des réfugiés afghans

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HERAT (Afghanistan) - Le douloureux exil iranien des réfugiés afghans

29 février 2012 - 20 Minutes - AFP

HERAT (Afghanistan) - Abdullah, 18 ans, est amorphe. Une conséquence de la décharge électrique que lui a infligée la police iranienne en le chassant du pays. Son bras est zébré de peinture rouge, afin qu’il soit "marqué" comme tous ses compatriotes expulsés.

"Nous ne savons pas ce qu’il a. Parfois il parle", observe un salarié de l’ONU en charge d’Abdullah jusqu’à ce que sa famille soit retrouvée. Et d’ajouter : "Nous avons beaucoup de cas de ce genre" à Herat, l’une des plus grandes villes afghanes, à 150 km de la frontière iranienne.

Jusqu’à 3 millions d’Afghans ont trouvé refuge en Iran dans les années 1980, lorsque l’URSS avait envahi leur pays. Dans un premier temps, l’accueil a été généreux, les femmes profitant en particulier d’un plus haut statut social, d’une meilleure éducation et d’opportunités professionnelles.

Mais depuis les années 1990, le gouvernement iranien a limité l’accès à son pays, à son système scolaire et à son marché du travail. Téhéran a surtout lancé en 2007 un programme d’expulsions massives.

Officiellement, un million d’Afghans résident encore en Iran. Et un autre million y vivrait illégalement. Une population que Téhéran utilise comme une arme contre l’Afghanistan et son gouvernement soutenu par les Occidentaux, notamment les Américains.

"Dès que la politique afghane déplaît à l’Iran, son gouvernement menace d’expulser tous les Afghans vivant sur son sol", pointe un rapport de l’Institut américain d’initiative pour la recherche en politique publique paru en 2010.

"Téhéran comprend que le fragile gouvernement afghan n’a pas la capacité d’absorber un grand nombre de personnes vu les conditions économiques et de sécurité", écrit ce groupe de réflexion conservateur.

D’après le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 18.152 Afghans sont rentrés au pays en 2011, soit deux fois plus que l’année précédente.

L’Iran a récemment annoncé qu’il participerait, aux côtés de l’Afghanistan et du Pakistan, à une stratégie onusienne plus aboutie que par le passé visant à aider les réfugiés afghans à se réintégrer dans leur pays.

Mais dans l’ouest de l’Afghanistan, les témoignages recueillis insistent plutôt sur des cas de maltraitance par la police, et d’extorsion d’argent qui permet à leurs victimes d’éviter un passage par un sinistre centre de rétention.

"Des mains, des bras cassés, des corps battus, il y en a beaucoup. Le gouvernement iranien traite mal les réfugiés", constate Hamidullah Hatibi, directeur d’un centre d’accueil à Herat, qui se souvient d’un homme ayant succombé à ses blessures.

L’ambassade iranienne à Kaboul, que l’AFP a tenté de contacter à plusieurs reprises, n’a pu être jointe.

Au-delà de l’aspect sécuritaire, de nombreux témoignages négatifs parviennent également d’Iran, où la vie, devenue trop chère pour beaucoup d’Afghans, les empêche de vivre correctement.

Une situation qui ne risque pas d’évoluer positivement avec le renforcement des sanctions des Etats-Unis et de l’Union Européenne à l’encontre de Téhéran, qui visent à forcer les autorités iraniennes à abandonner leur programme d’armement nucléaire.

Malgré cela, les candidats à l’exil chez le grand voisin iranien ne manquent pas. Que ce soit pour fuir la guerre qui ensanglante l’Afghanistan depuis plus de trois décennies ou pour des raisons économiques, l’appel de l’eldorado iranien reste très fort.

A Herat, devant le consulat d’Iran, qui délivre des autorisations de séjour, les files d’attente ne se tarissent pas.

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