Il y a un an, la fermeture de la « jungle » à Calais

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Il y a un an, la fermeture de la « jungle » à Calais

23 septembre 2010 - La Voix du Nord - Pierre-Laurent Flamen

Mardi 22 septembre 2009, 276 migrants sont expulsés manu militari de la « jungle » de Calais. Éric Besson, le ministre de l’Immigration, est sur place. Tout comme une nuée de journalistes. Un an après, qu’est-ce qui a changé ?

« La loi de la jungle est terminée. » Éric Besson a le sens de la formule. Et le chic pour attirer les caméras. Cette phrase lapidaire, le ministre l’a sortie il y a un an, alors qu’un demi-millier de policiers a contribué à expulser 276 Afghans du terrain vague où ils trouvaient refuge.
Environ 365 jours plus tard, au point repas de la rue de Moscou à Calais... Aujourd’hui, c’est riz au curry, thé, pain, fromage, bananes et briquettes de lait. Une petite centaine d’Érythréens, de Soudanais, d’Irakiens, d’Afghans et d’Iraniens se régalent de l’ordinaire distribué par les bénévoles de la Belle étoile. Rien à voir avec les cohortes de migrants présentes il y a un an sur le tout proche quai de la Moselle.

De 1 200 à 250

Parce que les migrants sont moins nombreux. Les associations estiment qu’ils étaient 1 200 en 2009 à Calais contre 250 aujourd’hui. Comment expliquer cette chute ? La fréquence des contrôles de police est la raison généralement avancée par le tissu associatif. « Il y a moins de migrants, mais il y a toujours autant de compagnies de CRS, assène Jean-Pierre Leclercq, de l’association Salam. Les migrants sont chassés de leurs camps. Ils sont éparpillés. Ils sont dans une situation de vie de plus en plus précaire. » Mathieu Quinette, coordinateur de la mission Migrants Littoral pour Médecins du monde, affine le trait : « Les populations qui se déplacent sont plus difficiles à atteindre par les humanitaires (...) À la limite, ça fait le jeu des passeurs. » Cette dissémination des migrants est confirmée par Véronique Robert, représentante par intérim du Haut Commissariat aux réfugiés en France : « C’est assez compliqué à retracer un parcours migratoire. On pense que la présence des migrants s’est étendue le long de la côte au lieu de se concentrer sur Calais ville. On imagine que certains passent maintenant en Belgique. » La Belgique et son littoral, Danneel Klaas, journaliste à Het Laatste Nieuws, connaît : « Le procureur du parquet de Bruges dit qu’il est trop tôt pour donner des chiffres. À Ostende particulièrement, les migrants sont un problème. Le procureur dit que le nombre d’interpellations de migrants est supérieur à ce que c’était il y a cinq ans parce que les contrôles sont plus poussés. » Possible.

« La France ne nous répond pas »

De toute façon, les migrants ne sont pas tous partis en Belgique. Mathieu Quinette : « Beaucoup de migrants vont vers la Belgique et la Hollande. Il semblerait que les migrants afghans ont adopté la stratégie de se diriger vers les pays scandinaves. » En Belgique, en Scandinavie ou à Calais, leurs rêves sont restés les mêmes. Arya, un Iranien de 20 ans, jette un oeil aux ferrys à quai derrière lui : « Je veux aller en Angleterre. La France ne nous répond pas. » Et dès que la présence policière se fera plus discrète, il y a fort à parier que les migrants reviendront. Comme ils l’avaient déjà fait après la fermeture de Sangatte en 2002. C’est peut-être ça aussi, la loi de la jungle.

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