Jusqu'à sept ans de prison pour les membres d'un réseau de passeurs

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Jusqu’à sept ans de prison pour les membres d’un réseau de passeurs

9 février 2012 - La Voix du Nord - Jean-Marc Szuba

Six Afghans ont été condamnés à des peines allant de trois à sept ans de prison ...

pour avoir aidé des clandestins à partir du parking du péage de l’autoroute, à Setques.

Les six Afghans qui comparaissent mardi au tribunal correctionnel sont bien encadrés par des gendarmes et des policiers. Ils ont de 23 ans à 33 ans et sont originaires de la même ville, Baglan. On leur reproche, de fin 2010 au début de l’été 2011, d’avoir travaillé en bande organisée pour faire monter des clandestins dans des camions à destination de l’Angleterre.

Ce n’est pas la première fois que le parking de l’A 26 à Setques est utilisé par des passeurs. Un autre Afghan a d’ailleurs été condamné en juillet dernier à sept ans de prison. La place devenue vacante attire certains de ses compatriotes repérés précédemment à Calais et au camp de Loon-Plage.

Pour obtenir l’exclusivité du parking de Setques, l’intimidation et la force sont souvent utilisées. De même pour maintenir les prix qu’une filière kurde à Loon-Plage tend à faire baisser.

Comme souvent dans les affaires de drogue, les enquêteurs montent leur dossier essentiellement à partir d’écoutes téléphoniques. S’ajoutent des éléments fournis par des informateurs anonymes. Dont parfois d’autres passeurs qui visent à éliminer la concurrence. De plus, certains déplacements ont été établis grâce à des caméras de vidéo-surveillance à Saint-Omer.

La loi du plus fort

Des six prévenus, l’un est considéré par les enquêteurs comme l’intendant, voire « le papa du camp » de la Bergerie, à la limite de Tatinghem et Longuenesse. Il va chercher les clandestins, les escorte.

Le deuxième agit comme rabatteur. Il cherche des candidats au passage. Rien qu’en deux jours, il a passé 130 coups de téléphone à deux autres prévenus.

Le troisième aurait touché un genre de forfait de 450 E par mois pour aller chercher des clandestins à Paris.

Le quatrième est présenté comme un des chefs du camp de la Bergerie. Il prend la place d’un passeur, qui ne fait pas partie des six prévenus, quand ce dernier est absent de la région.

Le cinquième agit avec des personnes basées à Paris, en Grande-Bretagne, en Afghanistan. Il est surnommé « le banquier » ou « le commandant ». Il travaille quasiment avec un carnet de commandes.

Le sixième se dit « chef malgré moi » suite à l’arrestation du compatriote jugé en juillet. Il a déclaré à un autre membre du réseau : « Tu ne baisses pas les prix ! ». Il reconnaît avoir gagné environ 1 000 E par mois mais un comparse estime que le total de ses gains s’établit entre 170 000 E et 340 000 E. Il apparaît comme le méchant de la bande. Il dispose apparemment d’un pistolet. Lui aussi est désigné comme un chef du camp de la Bergerie.

Le procureur fustige le « contrôle lucratif d’une bande organisée qui considère les clandestins comme leur appartenant, les traitant parfois de melons ou de concombres, transformant les camps en zones de non droit où règne la loi du plus fort ». Il requiert des peines de quatre ans à six ans avec maintien en détention.

Si le tribunal a condamné à trois ans celui qui faisait office d’intendant du camp, les autres ont écopé de peines allant de quatre ans à sept ans.

Source

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