Karim et Jamal, réfugiés afghans à La Madeleine et frères de galère

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Karim et Jamal, réfugiés afghans à La Madeleine et frères de galère

18 juillet 2010 - La Voix du Nord - M.C. Nicodème

Karim et Jamal, réfugiés afghans hébergés à La Madeleine par Dominique et Bernard Wattelet, ne vivent plus dans l’angoisse. Ils viennent d’obtenir de la préfecture leur autorisation provisoire de séjour. Et se prennent à rêver d’une nouvelle vie en France, loin des galères du passé.

Aujourd’hui ils se disent prêts à raconter leur histoire, à rouvrir les plaies du passé « parce qu’on sait maintenant qu’on est sauvés ». Jamal, comme son frère de « coeur et de galère », se livrent. Replongent dans l’insouciance de leur enfance en Afghanistan malgré la guerre. Jamal, à Mazar-e-Sharif, où son père travaillait pour le gouvernement avant de se reconvertir en vendeur de tapis à Kunduz pour mettre en sécurité la famille.
Karim, dans la province de Wardak, où son père était chirurgien dans l’Armée afghane puis à l’hôpital de Kaboul. « On était heureux,rappelle ému Karim. On vivait dans une grande maison avec mon petit frère. » Jusqu’au jour où les Talibans entrent dans leur village, en 2007. « Ils se sont introduits che nous, ne peut oublier Jamal, ils ont ordonné à mon père que je devienne jihad, alors il m’a demandé de fuir. » Jamal se réfugie chez les parents de sa fiancée, Malika. Apprend le lendemain le meurtre de ses parents et découvre sa maison en ruines. « Comme les Talibans me recherchaient, j’ai dû fuir mon pays » . Et quitter sa soeur et sa fiancée dont il reste sans nouvelles.
Le père de Karim a été kidnappé à l’hôpital de Kaboul : « Les Talibans avaient besoin de médecins. » Karim recherche sa trace en vain. S’engage comme traducteur dans l’armée américaine pour « aider à la liberté de mon pays. » Donne des infos stratégiques aux Américains jusqu’à l’attaque du camp par les Talibans : « Je me suis réfugié dans un souterrain avec un téléphone relié à un satellite. J’ai appelé les soldats US. Ils ont libéré le camp en hélicoptère » et Karim a dû fuir à son tour l’Afghanistan.
Karim se réfugie dix mois chez des amis au Pakistan avant de retourner dans son village, les bras chargés de cadeaux pour sa mère. « Mais j’ai appris qu’elle était morte, alors je les ai déposés au cimetière en hurlant. » Les deux jeunes hommes découvrent un autre enfer : l’exil. Jamal ne peut oublier ces hommes et ces femmes morts de froid ou tués dans les montagnes iraniennes. Sa peur dans le bateau malmené par une mer en furie, son arrestation en Grèce ou encore ces heures interminables de transport, caché comme d’autres Afghans démunis.
« C’était très très dur, confie à son tour Karim. J’ai traversé l’Afghanistan couché dans un camion, l’Iran dans une voiture où nous étions trente. Je crevais de faim et de soif, je mangeais en Turquie les feuilles des arbres. On a été dénoncés en Grèce à la police, nous nous cachions dans les bois. J’ai dû ruser pour rejoindre l’Italie puis la France. » Comme tous les réfugiés, ils souhaitaient rejoindre Calais : « Tout le monde nous en parlait mais c’était l’horreur cette jungle ! Les migrants étaient désemparés. » Ils rêvaient d’un Eldorado, l’Angleterre. Ils ont trouvé une famille à La Madeleine, Dominique et Bernard Wattelet, qui les accueillent depuis onze mois et les aident à reprendre confiance en la vie : « Ce sont eux qui nous ont sauvés ». •

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