L’accueil des demandeurs d’asile en question
22 juin 2011 - Nord Littoral - A. TH.
Le conseil des migrants d’avant l’été s’est tenu hier. Natacha Bouchart a annoncé que le squat Thélu serait démantelé dans les jours qui viennent.
« Ce fut cordial. Sans doute l’un des conseils des migrants les plus sereins auxquels j’ai assisté », se félicite Christian Salomé. Le président de l’Auberge des Migrants pense que ce climat est dû au fait que « les gens se connaissent de mieux en mieux et ont la volonté commune de faire progresser la ville et de venir en aide aux gens qui séjournent à Calais ». Natacha Bouchart est d’ailleurs du même avis : « Nous travaillons de mieux en mieux lors de ces conseils des migrants. Tout simplement parce que chacun a appris ce qu’il pouvait attendre de l’autre. » Le conseil des migrants a donc désormais pour vocation la gestion des affaires courantes. « Il s’agit de réunions qui ont désormais un aspect purement technique », assure Jean-Claude Lenoir, vice-président de Salam.
Un dispositif Thélu comme il y a eu pour la "jungle"
Pourtant, plusieurs sujets portant à polémique ont été abordés. « Le squat Thélu sera prochainement démantelé et les bâtiments détruits, annonce le maire de Calais. Le plan de destruction sera mis en oeuvre dans les jours qui viennent pour une fin de destruction programmée mi-septembre. » Natacha Bouchart assure que ce démantèlement ne vise pas les migrants mais « s’intègre dans le projet d’éco-quartier Descartes ». Reste qu’environ deux cents personnes survivent dans cette friche - soit la presque totalité des migrants actuellement visibles, dont une bonne dizaine de femmes et six enfants. Bon nombre de ces migrants originaires de la Corne de l’Afrique, des camps libyens et d’Afghanistan, auraient demandé l’asile. Le HCR (haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés) et France Terre d’Asile affirment qu’ils sont 90 à 120 personnes dans ce cas. « Nous ne sommes plus en présence de personnes qui veulent à tout prix aller en Grande-Bretagne, commente Christian Salomé, mais de personnes qui souhaitent s’établir en France. » La législation européenne impose néanmoins à l’État français de proposer un hébergement à ces demandeurs d’asile. Ce qu’il ne fait pas. Il a d’ailleurs été plusieurs fois réprimandé et condamné pour cette défaillance. « Le squat Thélu va être démantelé sans qu’aucune solution ne soit proposé aux migrants en particulier aux demandeurs d’asile », regrette Mathieu Quinette, coordonnateur de la mission "migrants Calais" de Médecins du monde.
Une solution pourrait être trouvée. « Le chiffre de 90 à 120 demandeurs d’asile me parait important, reconnaît Natacha Bouchart.
Je vais demander à ce que les associations croisent leurs données avec celles de la sous-préfecture pour savoir ce qu’il en est exactement.
Philippe Mignonet, qui est l’adjoint référent sur le sujet, assistera à cette réunion. Il aura un regard neutre. Ensuite, si effectivement il n’y a pas assez de places pour accueillir tous les demandeurs d’asile, y compris dans d’autres départements, j’interpellerais les services de l’État pour qu’ils fassent le nécessaire. »
Pas de professionnel au BCMO
Dans le cadre du démantèlement du squat Thélu, l’édile entend également faire le nécessaire afin que les services de l’État « proposent des dispositifs équivalents à ceux qu’ils avaient proposé aux migrants lors du démantèlement de la jungle ».
L’autre point d’accrochage fut le plan grand froid, même si le sujet sera plutôt abordé en septembre. Mathieu Quinette n’a pas caché son désir de voir confié la gestion des nuitées à des professionnels. Ce que refuse Natacha Bouchart : « Si nous devions obtenir des subventions comme ce fut le cas cet hiver, je ne vois pas pourquoi elles iraient alimenter des associations qu’on n’a jamais vues à Calais. » En clair, la salle du BCMO sera ouverte et la gestion confiée à Salam qui pourra, si elle le souhaite, indemniser les personnes qui assureront les nuits, comme l’an passé.
Enfin, Natacha Bouchart se félicite du fonctionnement de l’aire de distribution de nourritures, ainsi que de l’accueil de jour des personnes les plus démunies (femmes, jeunes, convalescents). Le maire assure de plus que le plan canicule sera reconduit. Une bouteille d’eau sera ainsi distribuée à chaque migrant en plus du sachet repas délivré chaque jour.
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