LE PÉRILLEUX PÉRIPLE DES MIGRANTS AFRICAINS VERS ISRAËL
22 avril 2012 - Le Nouvel Observateur
JERUSALEM (Reuters) - A la recherche d’une vie meilleure, Hrity, une jeune Erythréenne de 26 ans, a vu son périple se convertir en cauchemar après son enlèvement par des bédouins en Egypte dans le désert du Sinaï.
Pendant trois mois, elle a subi les coups et les brimades de ses geôliers, enchaînée dans une cave aux côtés d’une demi-douzaine d’autres migrants avec pour seule nourriture une cuillerée de riz par jour.
La jeune femme ne doit son salut qu’aux 30.000 dollars de rançon versés par sa famille à des complices israéliens de ses ravisseurs.
"Je n’arrive pas à croire que j’ai survécu à tout ça. Je suis encore très faible et je continue parfois à avoir des vertiges quand je suis debout", raconte Hrity, qui vit désormais dans un immeuble accueillant les réfugiés dans la vieille ville de Jérusalem.
Comme elle, près de 60.000 migrants africains sont entrés illégalement en Israël ces dernières années, dont la moitié au cours des deux ans écoulés, bravant les dangers du voyage à travers le désert égyptien.
Face à l’inquiétude soulevée dans l’opinion israélienne de voir la population juive devenir minoritaire, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a appelé "à mettre un terme à ce flot dont nous sommes tous témoins".
Afin de dissuader le nombre croissant de clandestins de gagner l’Etat hébreu, le Parlement israélien a adopté en janvier une loi permettant de placer les clandestins africains en détention pendant une période pouvant aller jusqu’à trois ans.
Un centre de rétention situé près de la frontière égyptienne doit être élargi pour accueillir quelques milliers d’immigrés clandestins supplémentaires.
"Ce ne sont pas des réfugiés, ce sont avant tout et pour la plupart des agents infiltrés en Israël", estime Yossi Edelstrin, un haut responsable du ministère de l’Intérieur, résumant la position des autorités israéliennes.
VIOLS ET BLESSURES PAR BALLES
Découragés par le renforcement des contrôles aux frontières dans les pays européens, ces migrants optent pour Israël qui présente l’avantage de pouvoir être rejoint par voie terrestre, souligne Yossi Edelstein dans une interview à Reuters.
Les violents combats de l’année dernière en Libye et la mort de migrants dans le naufrage d’embarcations de fortune ont exacerbé la situation et encouragé d’autres migrants à faire d’Israël leur nouvel eldorado en passant par l’Egypte.
Sur le terrain, les organisations d’aide humanitaire israéliennes s’efforcent tant bien que mal de faire face à cet afflux de migrants et aux cas humanitaires les plus urgents.
Des médecins ont mis en place une clinique dans la banlieue sud de Tel Aviv. De nombreuses migrantes s’y rendent pour avorter après avoir été violées lors de leur périple et certains migrants viennent y soigner des blessures par balles.
Selon Yossi Edelstein, Israël tente d’endiguer cet afflux de migrants et de trouver des endroits où ils pourraient être accueillis en toute sécurité. Jusqu’à présent 1.000 Soudanais ont accepté de quitter Israël volontairement contre 1.000 dollars, ajoute-t-il.
Pour le président du Parlement, Reuven Rivlin, membre du Likoud (droite) de Netanyahu, Israël a "l’obligation sacrée" d’aider les personnes déplacées au nom du fondement même de l’Etat hébreu, terre de refuge pour les Juifs après des années de persécution.
"Nous sommes un peuple qui respecte toute personne fuyant son pays pour rester en vie", a-t-il dit.
Le nombre croissant de migrants pose toutefois "un problème stratégique" et le gouvernement devrait prendre de nouvelles mesures visant à venir en aide à ces "personnes recherchant l’asile politique" sans toutefois leur assurer d’obtenir la citoyenneté israélienne.
[source http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120420.REU4567/le-perilleux-periple-des-migrants-africains-vers-israel.html]
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