La Grèce évalue l’impact de l’immigration générée par le printemps arabe
22 novembre 2011 - EurActiv
Les mois du printemps arabe ont été marqués par une augmentation de 50 % de l’immigration clandestine dans l’UE. Ce phénomène a eu un impact particulier en Grèce, affirment des agents d’immigration à Athènes. EurActiv Grèce a contribué à cet article.
Gil Arias Fernandez, le directeur adjoint de l’agence européenne de contrôle des frontières, Frontex, a souligné l’impact du printemps arabe sur l’immigration clandestine lors de la publication, le 16 novembre à Athènes, de chiffres relatifs aux flux d’immigrés originaires d’Afrique du Nord qui tentent d’entrer dans l’Union européenne.
Entre le 1er janvier et le 30 septembre, le nombre d’immigrés clandestins a augmenté de 50 % par rapport à la même période l’année précédente. En effet, les autorités nationales ont enregistré 112 844 immigrés cette année, contre 76 697 l’année dernière.
« Cette explosion est due à l’afflux massif d’immigrés originaires des pays d’Afrique du Nord directement vers l’Italie et Malte, au premier semestre de cette année », a expliqué M. Fernandez. Cet afflux a atteint son apogée en mars 2011, lorsque 20 000 personnes ont tenté de franchir les frontières européennes. Environ 17 000 d’entre elles venaient des pays du Maghreb.
L’itinéraire méditerranéen
Suite à cette arrivée massive, les chiffres de l’immigration clandestine ont sensiblement diminué, selon les résultats de Frontex. « À présent, le fameux itinéraire méditerranéen est presque fermé. De fait, les autorités tunisiennes ont amélioré leur contrôle des frontières et signé un accord de réadmission avec l’Italie », a déclaré M. Fernandez.
La situation s’est également améliorée s’agissant de l’immigration clandestine en provenance de la Libye. Utilisée comme une « arme de guerre » contre l’UE par le régime Khadafi, l’immigration a considérablement diminué lorsque le gouvernement national de transition a pris le contrôle de Tripoli et des autres villes.
Selon les chiffres avancés par Frontex, l’afflux d’immigrés clandestins en Europe via l’itinéraire de la Méditerranée orientale (à la frontière entre la Grèce et la Turquie) atteint presque la même intensité qu’en 2010. Les chiffres suggèrent même une diminution relative. L’année dernière, 39 000 immigrés clandestins ont été enregistrés, soit 2000 de plus que cette année.
La nouvelle tendance de l’immigration
Dans le même temps, Frontex note un changement dans l’immigration clandestine en provenance des pays du Maghreb : les immigrants préfèrent franchir la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie plutôt que la frontière maritime espagnole. « Entre le 1er janvier et le 30 octobre, la Grèce a enregistré l’arrivée de 1700 Algériens, 1000 Marocains et 300 Tunisiens. L’Espagne, quant à elle, en a enregistré l’arrivée de respectivement 900, 200 et 1 immigrés », a commenté M. Fernandez.
« Cette immigration a atteint son apogée en octobre dernier, avec 9 600 clandestins enregistrés à la frontière entre la Turquie et la Grèce. Actuellement, le nombre de détentions en Grèce atteint en moyenne 300 par jour. C’est un nombre significatif. »
La simplification de la procédure d’obtention de visa en Turquie explique en partie ce phénomène. Récemment, la Turquie a commencé à établir sa propre aire de circulation sans visa, sur le modèle de l’espace Schengen. Ankara a en effet établi des accords d’exemption de visa avec des pays comme l’Iran, la Syrie, le Yémen, la Libye, le Liban, le Maroc et la Tunisie.
« Dans ce contexte, ils peuvent rejoindre facilement Istanbul, dont l’aéroport se situe tout près de la frontière avec la Grèce. Ils la traversent avec l’aide de réseaux clandestins comme il en existe des centaines en Turquie, et qui proposent des prix nettement inférieurs », a affirmé M. Fernandez.
Le directeur adjoint de Frontex a également souligné que les vols à bas prix entre de nombreux pays d’Afrique du Nord et la Turquie, en plus de cette « politique libérale des visas », avaient contribué à cette tendance.
Frontex ne s’attend pas à un changement important du flux de clandestins traversant la frontière gréco-turque. « Ce point de vue s’explique par l’absence de centres d’accueil dans les deux pays et d’accords de réadmission avec certains pays d’origine, par la proximité d’Istanbul avec la frontière et les bas prix des vols, le régime des visas flexible de la Turquie, et l’existence de nombreux réseaux de trafic impliquant des Turques et des Grecs », a conclu M. Fernandez.
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