La citadelle Melilla de nouveau prise d’assaut par les migrants africains
25 août 2012 - Slate Afrique - Maghreb Emergent
Cette année encore, profitant d’un relâchement de la surveillance des frontières la veille de l’aid El Fitr célébrant la fin du ramadan, quelque 300 clandestins africains ont tenté un passage en force contre le mur de protection de la ville de Melilla, enclave espagnole en terre marocaine, rapporte le site Maghreb Emergent
« Une centaine de ces migrants clandestins, des Subsahariens, auraient réussi à franchir ce mur de six mètres, hypersurveillé, déclenchant du coup une alerte maximale sur les enclaves espagnoles, Melilla et Ceuta », rapporte le site maghrébin.
La petite cité représente un verrou pour les migrants africains qui espèrent, via son territoire, accéder à "l’eldorado européen".
Malgré sa réputation de rideau de fer infranchissable, elle est le théâtre permanant de tentatives de passages de clandestins originaires du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.
Le 28 septembre 2005, plus de 800 clandestins ont pris d’assaut la frontière, et une centaine d’entre eux sont parvenus à pénétrer en Espagne.
Une poignée d’entre eux a cependant été abattue par des tirs venant du Maroc suscitant l’émoi de l’opinion publique internationale.
D’abord accusée, la Guardia Civil espagnole a été dédouanée de toute responsabilité sur cet évènement.
Depuis, la frontière a été renforcée par un double système de grillages ponctué de miradors comme le rapportait ce reportage de France 24.
Cette citadelle a été financée par l’Union européenne. Le tout est sévèrement contrôlé par un système électronique de détection.
"Séquelle" de la reconquête des rois catholiques sur les Maures, Melilla et sa jumelle Ceuta sont sous souveraineté espagnole depuis 500 ans. Le statut de ces deux villes devenues autonomes est l’objet d’un désaccord permanent entre Madrid et Rabat.
Le Maroc considère qu’elles font partie de son territoire et sont indûment occupées par les Espagnols, créant régulièrement des tensions entre les deux pays voisins.
« Il y a une unanimité populaire pour dire qu’elles sont marocaines, une unanimité prolongée par le point de vue officiel », a déclaré Abdellah Tourabi, journaliste spécialiste des questions internationales lors d’un débat sur RFI consacré à cette épineuse question, tout en soulignant une certaine ambivalence des autorités, et pour cause, estime pour sa part l’historien du Maghreb Pierre Vermeren, « l’Espagne ayant de sérieuses arguties pour défendre sa souveraineté sur le territoire ».
Cette porte de l’Europe demeure de surcoît une des plus inégalitaires au monde comme l’illustre un reportage d’Arte.
Frappée par la crise en Espagne, elle est utilisée pour introduire sur le continent les produits dérivés du cannabis et depuis une période récente la cocaïne sud américaine transitant par les grands ports marocains.