La « jungle » du lac de Tétéghem reste sous surveillance
23 novembre 2010 - La Voix du Nord - Annick Michaud
La « jungle » du lac de Téteghem s’est en grande partie vidée ce week-end. La police maintient la pression et les contrôles et les associatifs veillent.
Les associatifs qui viennent en aide aux migrants ont changé leurs horaires. Alors qu’habituellement ils se rendent au lac à l’heure du déjeuner pour distribuer les repas, hier, des représentants de Terre d’errance étaient à l’entrée du site dès 7 h 30. Avec une crainte : que la police ne vienne démanteler la « jungle » et en chasser les migrants.
Un démantèlement partiel a bien eu lieu, mais il a été l’oeuvre, ce week-end, des migrants eux-mêmes (notre précédente édition). En témoignaient, hier matin, le tas de couvertures, tentes, chariots de supermarché amassés près de la grille marquant l’accès au site. Les migrants ont d’eux-mêmes réduit leur présence autour du lac à une quarantaine de personnes, répondant ainsi au souhait de l’État et de la commune.
Pour autant, la police était bien présente sur place hier. Très tôt même. Peu après 7 h 30, hier, une vingtaine de fonctionnaires de la Police aux frontières ont débarqué avec des camionnettes. Comme ils le font désormais chaque jour, ils ont contrôlé les personnes présentes sur deux mini-campements, d’un seul côté du lac, près de l’autoroute. À chaque fois, une dizaine de migrants, des Africains, des Afghans... Huit d’entre eux ne pouvant présenter des papiers officiels ont été arrêtés et conduits dans les locaux de la PAF à Saint-Pol-sur-Mer. Les installations, en revanche, ont été laissées en l’état, même si le sous-préfet Jérôme Gutton ne s’engage pas sur le long terme : l’État veille à ce que le lac de Téteghem ne redevienne pas une implantation majeure.
L’aire d’autoroute fermée
Une fois l’intervention de la PAF terminée, les associatifs de Terre d’errance, rejoints par des représentants de Médecins sans frontière, sont retournés sur les campements. Des campements rejoints par quelques migrants qui s’étaient égaillés dans la nature pour échapper au contrôle de police. Ils expliquaient que ceux qui ont quitté la « jungle » ce week-end sont partis vers Paris ou Calais. Certains, aussi, racontaient-ils, ont tenté de passer en Angleterre la nuit même, comme cette femme enceinte que Médecins du monde cherchait désespérément pour la conduire en consultation à la polyclinique.
Emmaüs, pour sa part, a accueilli une maman avec ses trois enfants en bas âge.
Avec la fermeture de l’aire d’autoroute, « qui ne rouvrira pas », assure le sous-préfet Jérôme Gutton, le maire Franck Dhersin espère que le site du lac deviendra moins intéressant pour les passeurs qui, racontent les associatifs, demandent 1 500 E aux migrants pour les « héberger » dans cette « jungle » et les faire passer en Angleterre.
Des douches au stade
L’élu se félicitait hier de voir « la situation revenue à un niveau que je réclamais » même si, disait-il, « en tant qu’homme je ne suis pas totalement satisfait car j’ai conscience que les gens sont déplacés dans un moment difficile et que rien n’est résolu ». Si les migrants bénéficient de repas fournis par les associations, Franck Dhersin précise aussi que la ville va continuer à mettre à disposition les douches du stade de foot pour que les migrants puissent se laver une fois par semaine.
Quant aux détritus à l’entrée du lac, la ville a sollicité la communauté urbaine de Dunkerque qui doit ramener une benne. « Mais ce sont les bénévoles qui devront la remplir », déplore Franck Dhersin, toujours critique face à l’absence de réponse de l’intercommunalité sur la prise en charge des migrants.
Une nouvelle réunion entre le sous-préfet et la ville de Téteghem est prévue aujourd’hui pour faire un point sur la situation et informer le préfet.
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