Le squat Thélu démantelé dans le calme
28 juin 2011 - Nord Littoral - T.S-M. et L.H.
Natacha Bouchart l’avait annoncé mardi dernier à l’issue du conseil des migrants : dans quelques jours, il ne restera rien de l’ancienne usine Thélu, transformée depuis de nombreux mois en squat par les migrants d’origine africaine.
Hier matin, peu après 6 heures, une trentaine de fonctionnaires de la Police aux frontières ont débarqué à l’entrée de l’African House, rue Descartes.
Impossible toutefois pour eux de pénétrer dans l’enceinte de l’usine désaffectée. Informés de l’imminence de cette opération, associatifs et migrants avaient érigé il y a quelques jours une barricade à l’entrée du site.
Pas d’interpellation
La semaine dernière, quelque deux cents personnes survivaient encore dans cette friche industrielle - soit la presque totalité des migrants actuellement visibles à Calais, dont une dizaine de femmes et six enfants. Bon nombre de ces migrants auraient demandé l’asile. Le HCR (Haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés) et France Terre d’Asile affirment qu’ils sont 90 à 120 personnes dans ce cas.
Hier matin, sans doute prévenus de l’opération, seule une trentaine de migrants étaient sur place. Ils ont été délogés dans le calme par la police qui a procédé à des vérifications d’identité mais à aucune interpellation. Rassemblés sur un terrain vague de l’autre côté de la rue, les migrants ont pu, un par un et accompagnés d’un policier, aller récupérer leurs effets personnels à l’intérieur des différents abris de fortune.
Sur les 32 migrants qui se trouvaient sur place, 23 demandeurs d’asile en règle, essentiellement des Soudanais et des Erythréens, ont accepté d’être accueillis dans différents centres d’hébergement d’urgence du département : sept à Arras, cinq à Béthune, cinq à Boulogne, cinq à Lens et un à Saint-Omer. Ils y ont été amenés en milieu de matinée à bord de quatre taxis réquisitionnés pour l’occasion, sous l’égide de la direction départementale de la cohésion sociale.
Sitôt le site vidé de ses occupants, un convoi exceptionnel des établissements Singer, une société de travaux publics basée à Outreau, a fait son apparition avec à son bord plus de 150 mètres de barrières grillagées, du matériel destiné à sécuriser le chantier à venir.
Trois mois de travaux
Dans l’après-midi, une pelleteuse de la ville est venue nettoyer le site, où plusieurs tonnes d’immondices jonchaient les sols. Elle passera le relais dès aujourd’hui aux engins de démolition. Après désamiantage des bâtiments, la friche industrielle sera complètement rasée. Un seul bâtiment à la toiture en voûtes sera conservé, en guise de symbole. « Le processus de démolition s’échelonnera jusqu’à mi-septembre », avait précisé la maire de Calais la semaine dernière. Sur ce site de trois hectares, 350 maisons, appartements et lofts devraient remplacer la quinzaine de bâtiments en ruine, un éco-quartier à deux pas du centre-ville.
 L’évacuation s’est déroulée dans le calme. Pour preuve, cette scène surprenante où un migrant a enfilé une paire de gants pour simuler un combat avec les forces de l’ordre avant d’éclater de rire.
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