Les douches des migrants vandalisées, les gens du voyage soupçonnés
8 mai 2011 - Nord Littoral - T.S-M.
En colère. Natacha Bouchart ne cachait pas son mécontentement hier après-midi. Vers 15h30, elle a appris que les douches installées sur la zone Marcel-Doret pour les migrants venaient à nouveau être vandalisées, moins d’une semaine seulement après leur mise en service, suite à de précédentes dégradations.
C’est un riverain qui a signalé à la police que les portes des bungalows abritant les douches étaient ouvertes. Sur place, les forces de l’ordre découvrent l’étendue des dégâts. Deux ballons d’eau chaude de 200 litres chacun ont disparu. Même chose pour la tuyauterie en cuivre. Le 28 mars déjà, le site avait été la cible des voleurs. Pire, l’un des préfabriqués avait été incendié. Il abritait le local technique du Secours Catholique, permettant à ses bénévoles d’accueillir les migrants dans des conditions décentes.
Si le bâtiment est toujours inutilisable, un nouveau préfabriqué a été commandé il y a une dizaine de jours et devrait être livré d’ici un mois. L’ensemble des douches, elles, présentes dans les deux autres bungalows, avaient été remises en service ce lundi matin au prix d’un gros efforts financiers de la part de la municipalité : 25 000 euros. « Parallèlement à la réouverture des douches, j’avais demandé au commissaire d’être plus vigilant et d’intensifier les patrouilles afin d’éviter toutes nouvelles dégradations. Mon message n’a visiblement pas abouti », déplore Natacha Bouchart, amère.
Relevé d’empreintes
Hélas, il n’aura fallu que cinq jours pour que les efforts de la municipalité soient réduits à néant. Les voleurs ne se sont pas contentés de piller l’un des bungalows, ils ont également mis la main sur une trentaine de mètres de clôtures rigides, « un vrai travail de professionnels », confie Philippe Mignonnet, adjoint à l’environnement. Ce découpage en bonne et due forme a sans doute nécessité plusieurs heures de travail, ce qui a le don d’irriter Natacha Bouchart : « Je ne suis pas du genre à critiquer le travail de la police mais je ne peux m’empêcher de penser que si des patrouilles avaient circulé cette nuit dans le secteur, ce nouveau vol n’aurait pas eu lieu ou les auteurs auraient pu être arrêtés. » Faute de temps ou de place pour emporter tout le matériel dérobé, les voleurs ne se sont pas attaqués au second bungalow équipé de douches. Afin d’éviter une nouvelle razzia dans les prochains jours, les services municipaux se sont attelés à tout démonter hier après-midi et à stocker les équipements en lieu sûr. « Apparemment, certaines personnes - je pense qu’il s’agit toujours de la même équipe - n’acceptent toujours pas la présence de ces douches. Je savais qu’en installant ce dispositif, on s’exposait à ce genre de soucis. Mais je le répète : les douches ne bougeront pas d’endroit. On va sécuriser le site et dans un mois, on réinstallera tout les équipements. » D’autant qu’Alain Gérard, sous-préfet de Calais, présent lui aussi sur place hier après-midi, s’est engagé à monter un dossier de subventions afin que la Ville soit rapidement indemnisée des dépenses engagées pour toutes ces réparations.
Placé devant le fait accompli, le commissaire divisionnaire Jean-Philippe Madec a décidé d’agir rapidement. Avec le renfort de la Police aux frontières, ses hommes sont allés visiter en début de soirée l’aire d’accueil des gens du voyage toute proche à la recherche d’éventuels indices. Car l’enquête ne fait que débuter : « On a relevé une empreinte palmaire sur l’une des portes », assure le commissaire. Des bombes de mousse à raser, utilisées par les voleurs pour souiller les lieux, ont également été saisies. Quant à la visite, prémices à une éventuelle perquisition si d’aventure du matériel volé avait été retrouvé, elle n’a rien donné. « Tout juste a-t-on retrouvé des morceaux de cuivre mais rien ne permet d’affirmer qu’ils proviennent des douches », constate Philippe Mignonnet.
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