Migrants découverts dans un camion parti du port de Calais : « ils passent tous les jours en Angleterre »
11 juillet 2013 - La Voix du Nord - Marie Goudeseune
Ils ont failli ne pas survivre, d’après le porte-parole britannique de P&O Ferries. Quinze migrants, en majorité des Syriens, ont été découverts mercredi matin à Douvres, à bord d’un camion-citerne transporté par un ferry parti de Calais.
Mercredi, 7 h 45 : le ferry Spirit of France quitte Calais, direction l’Angleterre. La traversée dure un peu plus d’une heure trente. Deux chauffeurs sont du voyage à bord d’un camion-citerne. D’après le porte-parole britannique de P&O Ferries, la compagnie qui les transporte, ce sont eux qui entendent les premiers des appels au secours, à l’intérieur de leur camion. Lorsqu’ils ouvrent le capot situé sur le toit, ils découvrent l’impensable : quinze hommes, couverts de poudre, dont deux sont au bord de l’asphyxie. Il est environ 9 h 20 lorsque les secours du Kent sont alertés. D’après BBC News, tous reçoivent un traitement médical, et deux d’entre eux sont hospitalisés. Il s’agit de douze Syriens, deux Koweïtiens et un Afghan, dont un mineur que la police a confié aux services sociaux anglais. Les quatorze autres étaient toujours auditionnés hier midi dans les locaux du Home Office, l’équivalent de la police aux frontières française.
D’après le porte-parole de P&O Ferries, on a frôlé le drame : « Ils ont failli ne pas survivre », a-t-il expliqué hier, qualifiant les faits de « très rares et extrêmement dangereux ». Le bateau a été immobilisé au port de Douvres pendant quatre heures, le temps que la police mène les investigations nécessaires. Toutefois, le trafic de P&O n’a pas été fortement impacté : « On était mercredi, ce n’était pas un jour de grande affluence, a précisé le porte-parole de la compagnie. D’autant que les grandes vacances ne commencent pas avant deux semaines en Angleterre ». Les voyageurs ont été invités à prendre le bateau suivant, à 10 h 15.
Contactées jeudi, la chambre de commerce et d’industrie de la Côte d’Opale, gestionnaire du port de Calais, et la Préfecture du Pas-de-Calais, se sont renvoyé la balle, se refusant à tout commentaire... sauf à indiquer que le préfet organisera dans les jours à venir une réunion avec les autorités compétentes « pour savoir ce qui s’est passé ». Pour rappel, un nouveau scanner, censé être plus performant que le précédent, avait été mis en place en avril au port de Calais. Objectif : stopper les camions et détecter d’éventuelles présences humaines derrière les plaques de métal.
« Ils passent tous les jours en Angleterre »
Malgré les différents contrôles mis en place au port de Calais (détection de CO2 et de battements cardiaques, passage au scanner, contrôle par les Britanniques avec des « sniff dogs » c’est-à-dire des chiens pisteurs...), des migrants parviennent chaque semaine à passer la frontière. « Il faut arrêter de jouer aux hypocrites : tout le monde sait, autorités britanniques y compris, que les migrants passent tous les jours en Angleterre », réagissait hier une source portuaire. D’après les associations d’aide aux migrants, ces passages se font par périodes, certaines étant plus « propices » que d’autres. « La plupart des migrants n’ont plus rien à perdre, soulignait jeudi Nan Suel, de l’association Terre d’errance. On leur dit d’éviter les camions-citernes ou frigorifiques, parce que c’est dangereux mais il n’empêche : ils passent tous la frontière en se cachant dans des camions ».
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