Migrants interceptés en mer à Calais : les deux présumés passeurs contestent les faits
11 juin 2013 - La Voix du Nord - Marie Goudeseune
Les deux Britanniques interceptés en pleine mer avec huit clandestins sur un canot pneumatique, lundi matin, étaient toujours en garde à vue hier. D’après le procureur de Boulogne-sur-Mer, ils contestent avoir joué le rôle de passeurs et affirment au contraire avoir sauvé les huit Vietnamiens dont l’embarcation était en train de couler...
Depuis lundi, les enquêteurs de la Police aux frontières (PAF) tentent de démêler le vrai du faux après la découverte, tôt dans la matinée, d’un canot pneumatique perdu entre Calais et Douvres, avec à son bord deux Britanniques et huit Vietnamiens (notre édition d’hier). Plusieurs versions se contredisent en effet. En garde à vue, les deux Anglais, soupçonnés d’être des passeurs, ont contesté les faits qu’on leur reproche : « Ils ont expliqué qu’ils étaient à bord d’un deuxième bateau, qu’ils ont vu celui des Vietnamiens en train de couler et qu’ils sont venus à leur secours », a détaillé ce mardi le procureur de Boulogne-sur-Mer Jean-Philippe Joubert.
Plusieurs médias britanniques (BBC News, le Daily Mail, Dover Express) affirment qu’il y avait bien deux embarcations. L’une d’elles aurait coulé, et ses passagers auraient alors été récupérés par l’autre canot. La gendarmerie maritime a confirmé hier que des recherches ont été menées, lundi matin, pour tenter de retrouver un deuxième bateau : « Ce sont les informations qu’on a reçues au départ, a expliqué un gendarme. Un hélicoptère de la Marine a fait une reconnaissance de la zone par acquis de conscience, pour s’assurer qu’il n’y avait pas de naufragés ». Pour ce même gendarme, il est tout à fait possible qu’il y ait eu deux embarcations : « Un pneumatique peut contenir quatre à cinq personnes, pas dix ! ».
Y avait-il un ou deux bateaux ?
Oui mais voilà : d’après Jean-Philippe Joubert, les clandestins entendus par la PAF lundi soir ont soutenu qu’il n’y avait qu’un seul bateau : « Ils ont tous la même version des faits : on est venu les chercher sur une plage de Calais, dans la nuit, avec des lampes, et ils sont montés à bord d’une seule embarcation. C’est clair et net, il n’y avait qu’un seul bateau », a répété hier le procureur. Lundi matin, un des clandestins plus mal en point que les autres avait été hélitreuillé jusqu’aux urgences de Calais : selon la préfecture, il s’agissait en fait d’une femme. Elle souffrait d’hypothermie mais a pu sortir assez rapidement des urgences. Lundi soir d’ailleurs, les huit Vietnamiens - « six femmes et deux hommes » selon la Préfecture et non cinq femmes et trois hommes comme précédemment annoncé - sont ressortis libres des locaux de la police aux frontières, après avoir été auditionnés.
Les deux présumés passeurs, quant à eux, étaient toujours en garde à vue. D’après le parquet de Boulogne-sur-Mer, ils devraient être déférés ce mercredi, probablement en vue d’une comparution immédiate devant un juge, pour aide au séjour irrégulier.
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