Nord-Pas-de-Calais : apaisement sur la question des migrants
25 octobre 2012 - La Gazette des Communes - C. Guignot
Y aura-t-il un après 11 octobre 2012 ? C’est ce qu’espèrent les élus des collectivités locales et les associations qui étaient rassemblés ce jour en préfecture du Pas-de-Calais sur invitation de Denis Robin, arrivé depuis 7 mois dans le département. Etaient réunis conseils généraux, conseil régional, élus, associations, préfet des deux départements...
Sous le double coup des récentes évacuations conduites à Calais et de la circulaire interministérielle du 26 août 2012 relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites, la volonté affichée était à l’échange et à l’apaisement. Objectif : créer « une communauté de travail » autour de la question des migrants sur le littoral, où ils seraient 600 à 700. Premiers thèmes abordés : l’hébergement et la conduite des évacuations.
« Concernant les personnes en situation irrégulière, la volonté affichée par les élus est de pouvoir assurer une mise à l’abri respectueuse de la dignité des personnes. Je suis d’accord avec cela, assure le préfet Denis Robin, et je ne m’y opposerais pas tant que les solutions mises en place restent de petite envergure, servent à un accueil provisoire et respectent les impératifs de sécurité et de salubrité. »
Des campements tolérés - Marc Boulnois est maire (EELV) de Norrent-Fontes, où des chalets en bois ont été installés avant l’été. Présent à la réunion, il souligne le changement : « Jusqu’à présent, les collectivités qui se sont engagées volontairement dans l’accueil des migrants l’ont toujours fait contre les services de l’Etat. »
A la tête du réseau des élus hospitaliers, regroupant les représentants régionaux concernés ou engagés dans l’accueil des migrants, Marc Boulnois espère maintenant élargir le nombre de communes d’accueil.
« Si la confiance dans les services de l’Etat est encore à construire après les dernières années que nous avons vécu, la volonté affichée par le préfet diminue la pression sur les élus et les associations. »
Nouvelles communes volontaires - Ce signal pourrait faciliter l’engagement officiel de nouvelles communes à leurs côtés. « Le conseil régional est partie prenante du réseau et appuiera ce travail », assure Madjouline Sbai, vice-présidente en charge de la Citoyenneté au sein de la collectivité.
L’idée est in fine de réduire les concentrations de populations qui posent problème, essentiellement sur Calais où les coûts de gestion et l’installation de sites intramuros ont justifié les demandes d’évacuations faites par la ville.
« Pour une commune comme la nôtre, le coût est de 20 000 euros annuels, soutenu par la communauté urbaine, explique Damien Carême, membre du réseau et maire (PS) de Grande-Synthe. Par ailleurs, nous n’avons ni rejet de la population, ni concentration ou sédentarisation de migrants depuis que nous avons installé des chalets », assure-t-il.
Dans l’esprit de la circulaire - Autre question d’hébergement : celle des demandeurs d’asile et des mineurs isolés étrangers. Pour les premiers, une vingtaine de nouvelles places en centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) vont être ouvertes, dont une partie réservée aux migrants de Calais ; pour les seconds, un centre pour mineurs ouvrira prochainement à Saint Omer…
Le préfet l’assure : avec la circulaire et le dialogue engagé entre tous les acteurs concernés, la gestion des évacuations sera désormais différente. Elle devrait d’ailleurs donner rapidement lieu à une réunion de travail entre élus, services de l’Etat et associations pour ne pas ruiner le travail conduit de longue haleine auprès des populations.
Rendez-vous est maintenant donné pour la prochaine réunion d’ici deux à trois mois, où seront évoquées les évolutions réalisées et les problématiques de santé, en présence des représentants de l’ARS.
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