Sangatte : 10 ans après, les clandestins sont toujours là
5 novembre 2012 - RMC - M. Chaillot avec Lionel Top
Il y a 10 ans fermait le camp de Sangatte, près de Calais. Aujourd’hui, il resterait 700 clandestins dans la région qui ont vu leurs conditions de vie se dégrader. « Sangatte n’était pas une solution digne, seulement ils avaient à manger », regrette une militante associative.
Dix ans, maintenant, que le camp de Sangatte est fermé, dix ans que la question des migrants continue de se poser dans le Pas-de-Calais. Le 5 novembre 2002, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, annonçait la fermeture définitive du centre d’accueil des migrants créé en 1999 dans un hangar de Sangatte, près de Calais. A l’époque, 1 500 migrants trouvaient refuge à Sangatte avant de tenter la traversée de la Manche pour rejoindre l’Angleterre.
Devenu en quelques mois le symbole de l’émigration clandestine, la fermeture de Sangatte n’a pas fait disparaître pour autant les migrants de la région, où les différents acteurs sont toujours en quête de solutions. La destruction du hangar n’aura eu comme effet d’éparpiller les clandestins qui sont aujourd’hui installés de la frontière belge jusqu’en Picardie. Ils seraient environ 300 à Calais et près de 700 dans l’ensemble de la région Nord-Pas de Calais.
« En Angleterre, on peut travailler sans papiers »
« Ça fait trois mois que je suis parti d’Irak à cause des bombes, raconte Dilda, installé depuis dix jours dans la région, sous une bâche trouée. Tout le monde veut aller en Angleterre. Là-bas, on nous donne un toit pour dormir, de l’argent tous les mois... Même sans papiers, on peut laver des voitures, travailler dans des restaurants, alors qu’ici, en France, on dort dans la rue ! »
« Ils avaient au moins à manger, à boire, des soins »
« Les migrants sont toujours là, sauf qu’ils souffrent plus, témoigne Nan Suel, présidente de l’association Terre d’Errance. Sangatte n’était pas du tout une solution digne, seulement ils avaient déjà à manger, à boire, des soins ». Maintenant, « les rares toits qu’ils ont sont des bâches. La boisson, la nourriture leur sont fournis par des associations, ce n’est pas notre rôle normalement ».
La police britannique « contrôle la frontière sur notre territoire »
Natacha Bouchart, maire UMP de Calais, dénonce même une « tutelle des Britanniques ». Selon elle, s’il y a encore beaucoup de migrants dans la région, c’est parce que les anglais font barrage. « Ils sont sur le port de Calais, ils ont des unités pour permettre les filtrages, c’est quand même incroyable ! Ces contrôles doivent être faits à leur frontière ! Il ne faut pas croire qu’on va pouvoir laisser cette situation perdurer en se faisant contrôler la frontière sur notre territoire ». Résultat, leur organisation lui coûte de l’argent, sans aucun retour. « Toutes les installations mises en place, le fonctionnement, ça a couté plus d’un million d’euros sur le budget de la ville de Calais, et on n’est pas aidés. Il faudrait leur dire : si vous ne faites pas d’effort de votre côté, nous, on lève les frontières », propose-t-elle.
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