Squats rue des 4-Coins et rue Caillette à Calais : les réponses de Natacha Bouchart
30 avril 2013 - La Voix du Nord - Marie Goudeseune
Le maire de Calais Natacha Bouchart a accepté de s’exprimer, ce mardi midi, au sujet des pétitions qui circulent rue Caillette et rue des 4-Coins pour demander l’évacuation de squats. Rue Caillette, la procédure est en cours, a répondu le maire : la maison devrait être évacuée « dans deux mois environ ». Rue des 4-Coins, la situation est différente et dépend du chantier de construction prévu sur la friche Darquer : celui-ci devrait commencer en 2014, d’après Natacha Bouchart. Et s’il a pris tant de retard, c’est, selon elle, « à cause de l’Etat ». Interview.
Des riverains de la rue des 4-Coins vous ont envoyé une pétition le 16 avril, au sujet de la friche Darquer squattée par des migrants. A ce jour, ils n’ont reçu aucune réponse…
« La pétition a été réceptionnée le 22 avril. J’en ai pris connaissance ce lundi, après être rentrée de quelques jours de congés. Plusieurs choses se passent sur ce site, et je vais leur faire un courrier rapidement pour leur apporter des réponses très claires ».
Ces riverains parlent de la friche Darquer comme d’une véritable « verrue urbaine ».
Pourquoi est-elle toujours à l’état de friche depuis des années ?
« Le Cottage social des Flandres nous a proposé un programme de 125 logements sur cette friche. Mais dans leur conception, certains escaliers étaient partagés par 14 à 23 logements, ce qui ne me semblait pas très humain. J’ai donc répondu que je n’étais pas favorable à ce projet. A la fin de l’année dernière, le bailleur a donc
formulé une deuxième proposition. Mais l’architecte des Bâtiments de France l’a refusée parce qu’il souhaitait maintenir la façade en l’état et non pas la démolir.
Le Cottage social a donc dû revoir son projet et il a perdu du temps sur cette opération. Il nous a fait une troisième proposition début 2013, qui cette fois est passée ».
Quand débutera donc le chantier sur cette friche ?
« Le dépôt du permis de construire est imminent : le chantier devrait démarrer en 2014. »
En attendant, les bâtiments sont en permanence squattés par des migrants…
« Oui, mais c’est l’Etat qui en est le seul et unique responsable car il a refusé – via l’architecte des bâtiments de France – leur démolition. La Ville a fait ce qu’il fallait : c’est l’Etat qui bloque ce projet de démolition ! S’ils l’avaient accepté, on aurait pu démolir dès aujourd’hui ! Et on n’en serait pas là… »
Un riverain propose d’engazonner le site pour le rendre plus esthétique, en attendant que les travaux commencent. Qu’en pensez-vous ?
« Cela ne pourra pas se faire, parce que le Cottage social doit déjà faire face à
énormément de frais ».
Rue Caillette, une autre pétition circule actuellement parmi les riverains, pour demander l’expulsion du squat au numéro 20…
« Oui, une procédure est en cours d’ailleurs : on attend l’autorisation du procureur pour évacuer cette maison. Mais c’est une procédure administrative très complexe ».
Dans combien de temps pensez-vous avoir l’autorisation d’expulser ?
« Dans deux mois environ ».
Cette maison appartient à la Ville : pourquoi est-elle abandonnée ? Y a-t-il un projet en cours concernant cette habitation ?
« A Calais, la Ville a récupéré beaucoup de patrimoine inutilisable, qui n’était pas entretenu et qui coûte très cher à réhabiliter. »
Depuis l’arrêt du plan grand froid, les migrants ne peuvent plus dormir dans la salle du BCMO. En quoi leur présence dans des squats est-elle gênante ?
« Ces squats sont hyper dangereux. Mon rôle, d’ailleurs, est d’engager des démarches pour les faire évacuer et démolir. J’informe régulièrement le préfet, le sous-préfet et le commissaire de leur dangerosité ainsi que de l’extrême lenteur administrative.
S’il arrive quelque chose, c’est la Ville qui en sera responsable ! Quant aux migrants, s’ils veulent être relogés, ils peuvent l’être dans des centres de demande d’asile, dans des logements mis à disposition dans l’ensemble du Département : mais ce sont eux qui refusent ! A Calais, ils sont aidés par des No Borders : or, nous n’avons aucun pouvoir sur ces gens-là : c’est quand même incroyable, d’ailleurs,
qu’une bande de mecs et de filles soient là, sur notre territoire, marchent sur tout le monde sans qu’on ne puisse rien dire ! Ce sont eux, les No Borders, qui ouvrent les squats aux migrants ! »
Combien sont-ils, ces No Borders, à Calais selon vous ?
« Ils sont une vingtaine, ils viennent d’Angleterre, d’Allemagne, de Belgique. C’est totalement anormal que la loi française ne permette pas d’expulser ces gens-là, qui viennent troubler l’ordre public, de notre territoire ! »
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