« Stop aux centres de rétention »

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« Stop aux centres de rétention »

- Le Télégramme - Romain Leroux

Sara Prestianni, coordinatrice du réseau Migreurop, est intervenue, hier, à l’université d’été de l’association Peuple & culture. Selon elle, la politique européenne en matière d’immigration est à changer en profondeur.

Quel est l’objectif de votre intervention à cette université d’été ?

Le thème de cette université d’été est que le monde a changé. Je suis venue pour montrer que la politique d’immigration de l’Europe a changé elle aussi. L’Union européenne a fait passer un texte qui stipule qu’un migrant sans papier peut désormais être incarcéré pendant 18 mois dans un centre de rétention. Il y a également un manque de transparence dans ces prisons. En France, la Cimade (Comité intermouvements auprès des évacués) publiait un rapport sur l’ensemble de ces centres. Maintenant, ces compte-rendu sont émis par plusieurs associations et cela devient difficile d’avoir une vision d’ensemble.

Comment se caractérise la politique des pays européens en matière d’immigration ?

Il y a une forte externalisation des contrôles aux frontières. Le but est de bloquer les migrants en Libye, au Maroc ou en Turquie, donc, avant qu’ils n’atteignent l’Europe. Ces pays organisent des patrouilles et gèrent l’asile. Ils se transforment ainsi en terre d’accueil, alors qu’un pays comme la Libye ne reconnaît pas la Convention de Genève. S’ils acceptent de le faire, c’est parce que les pays européens les aident en retour. La France est en train de négocier avec le Mali pour signer une gestion concertée des flux migratoires. Le but est d’empêcher la migration des Maliens. En échange, la France promet de leur donner des fonds au développement. En Libye, si Kadhafi se refait une santé diplomatique, c’est parce qu’il participe à cette politique.

Quelles sont les conditions de vie dans les centres de rétention ?

Elles sont de plus en plus dures. Le droit à une vie digne est bafoué. En Libye, 90% des femmes subissent des violences sexuelles dans ces camps. Il y a également de la torture. En Europe, on constate que les révoltes se multiplient. Les gouvernements s’en servent pour dire que ces gens sont des criminels. Mais en fait, ils n’en peuvent plus de ces conditions de vie exécrables. Il faut vraiment en finir avec ces camps de la honte.

Cette politique d’immigration est-elle efficace ?

Non, elle est totalement inefficace puisqu’elle ne stoppe pas l’immigration. Elle rend juste la traversée plus longue, plus chère et plus dangereuse. Le passage par la Mauritanie et l’Espagne est bloqué. Les migrants partent donc de la Gambie pour un voyage de 15 jours jusqu’aux Canaries. La Libye est aussi fermée, ce qui fait faire un long détour par la Turquie et la Grèce.

Quel regard portez-vous sur les expulsions de Roms en France ?

C’est l’exemple type de la volonté de stigmatisation d’une population. Les renvoyer ne réglera pas leurs problèmes. Ils sont aussi stigmatisés en Roumanie. En plus, la droite justifie ses actes en expliquant qu’ils font comme en Italie. Ils oublient de dire qu’il y a quelque temps, ils dénonçaient les expulsions de Roms dans ce pays.

Source

Note de SALAM : Sara Prestianni avait, en août 2009, réalisé un reportage photos sur "la vie dans la jungle au port de Calais", à voir en cliquant ICI.

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