Sur les bords du lac de Téteghem, la « jungle » abrite désormais plus de 150 migrants

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Sur les bords du lac de Téteghem, la « jungle » abrite désormais plus de 150 migrants

17 novembre 2010 - La Voix du Nord - Estelle Jolivet

Celle de Loon-Plage a été détruite en septembre. Celle de Grande-Synthe a été désertée sans raison précise à la même époque. Depuis, c’est dans la « jungle » de Téteghem que les migrants du Dunkerquois semblent se concentrer, malgré la non-réouverture de l’aire d’autoroute sur l’A16. Ils étaient plus de 150, hier, lors de la distribution de nourriture. Les associations s’inquiètent. Le maire de Téteghem, Franck Dhersin, demande de l’aide.

À Calais, avant le démantèlement de la « jungle » on avait l’habitude de ce genre de scène. À Téteghem, on n’avait jamais vu ça. Une longue file d’attente serpente désormais dans le chemin de terre à chaque distribution de repas par les bénévoles de l’association Salam, le mardi et le jeudi.
Depuis début octobre, plus de 150 migrants vivotent sur les bords du lac, Afghans, Érythréens, Iraniens, Irakiens, Soudanais ou Vietnamiens. Plus quelques enfants en très bas âge, nez rouges et bonnets jusqu’aux yeux, dans les bras de leur maman.
« On avait prévu à manger pour 130 mais ils étaient plus nombreux », constatait hier midi Dominique, qui a servi à la chaîne des louches de couscous et de légumes dans des barquettes en plastique. Du pain, du fromage, un fruit et un demi gobelet de thé : de quoi combattre modestement les rudesses de l’automne. « Certains sont revenus deux fois. Une dizaine n’a pas eu assez à manger. Ça fait quand même mal au coeur, et ça cause des problèmes. » La consultation mobile de Médecins du monde, elle non plus, ne désemplit pas. Les associations font face comme elles peuvent. « Il y aurait moins de bobologie si on nous laissait traiter les problèmes d’humidité », soupire Stéphane Bazonnet, le nouveau logisticien de Médecins du Monde (MDM), en se dirigeant vers le « camp n° 1 », intercommunautaire et arabophone, où ont poussé une quinzaine de tentes.
Toutes arborent le logo MDM, « pour la police, au cas où ». La plus grande, « construite grâce au savoir-faire d’un Palestinien qui a bossé huit ans au black en Grèce », abrite 26 personnes.
Des anoraks sèchent dans les arbres, des cendres rougissent sous une grille de barbecue tordue posée sur deux pierres. Des déchets s’entassent dans un coin, malgré les conteneurs stationnés à l’entrée du campement, régulièrement vidés par les services de la communauté urbaine. « J’essaie de garder le lieu propre pour que l’insalubrité ne puisse servir de prétexte à la destruction du camp », explique Stéphane Bazonnet.
Ce spectre hante tous les bénévoles, qui craignent « une stratégie de la terre brûlée » après la mise à sac de la jungle de Loon-Plage, en septembre. « La présence policière y est toujours intense, pour empêcher les migrants de se réinstaller », témoigne Matthieu Quinette, coordinateur MDM. François Braure, bénévole à Terre d’Errance Flandre littoral, dénonce « l’hypocrisie des politiques, qui ferment les yeux sur cette détresse ».
Le maire de Téteghem, Franck Dhersin, qui avait procédé, il y a quelques semaines, à l’installation d’une citerne d’eau potable après des mois de négociation avec les associations, lance un appel au secours (lire ci-dessous). Il doit rencontrer le préfet, aujourd’hui.

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