Trois skinheads placés en détention provisoire jusqu’au 12 novembre
9 octobre 2010 - Nord Littoral - Brigitte Gourret
Ils sont quatre garçons, tous très jeunes majeurs, à être présentés hier, en comparution immédiate, âgés de 18 à 22 ans, tandis que leurs comparses mineurs défilent devant le juge des enfants dans le même temps.
Certes, ils n’ont pas beaucoup de cheveux sur le caillou, et semblent réciter à leurs conseils respectifs ce qu’on leur a fait ingurgiter, tous revendiquant faire partie de la mouvance skinhead. À Calais, depuis le 1er août 2010, et jusqu’à leur interpellation, en début de semaine, ils ont violenté à l’aide de barres de fer, de couteaux, de pierres, de gaz lacrymogènes... des hommes de nationalités afghane et soudanaise. Au-delà, il y a ces propos tenus sur la voie publique, à caractère raciste : « Sale noir, négro, on n’a pas besoin de toi en France... ».
Un meneur, deux suiveurs et un petit nouveau
Originaires respectivement des Attaques, de Fiennes, de Blériot, et enfin de Calais, Rémi est perçu comme « le meneur », celui qui ne regrette pas, et si c’était à refaire, il irait dans le même sens... Il est par ailleurs plus jeune de la bande. Derrière lui, Christopher et Jason. Pour finir, le parfait suiveur en la personne de Yann, influençable, « adhérent » au groupe depuis trois semaines seulement comme pour se donner une personnalité depuis sa rencontre avec eux lors des vacances d’été, au camping de Blériot. Deux d’entre eux n’ont pas de casier judiciaire. Christopher compte déjà trois mentions à son casier, lui pour qui le juge de l’application des peines demande la révocation d’un précédent sursis, lui qui se trouve en état de récidive légale par rapport aux faits de violences. Jason a lui été condamné le 20 mai 2010 pour des faits de dégradations. Côté victime, un seul homme, de race noire, est présent, assisté d’une interprète. Il n’est pas rassuré, compte tenu des regards qui lui sont lancés, mais n’hésite pas, courageux, à se constituer partie civile, alors que l’ensemble des comparses sollicitent un délai pour préparer leur défense.
Menottes aux poignets et larmes aux yeux
Alors, détention provisoire ou contrôle judiciaire ? Le vice-procureur prend la parole : « On a ici des auditions, des perquisitions et des prévenus qui se sont rendus coupables des faits reprochés, même si le tout est laissé à l’appréciation de la juridiction. Ils se disent adhérents de la mouvance skin, une idéologie que l’un des quatre transporte, alors que les trois autres ne connaissent même pas la portée, ni le sens des termes utilisés. Ils sont hostiles à tout ce qui est étranger. Les laisser libres, ça veut dire des représailles, de la haine, des pressions virulentes, de la vindicte, de la vendetta... ». Il requiert la détention provisoire pour les trois plus impliqués et un contrôle judiciaire pour le petit dernier de la troupe. En défense, Maîtres Robert et Sagniez plaident « la jeunesse de leurs clients, ce sentiment d’impunité qui est tombé en garde à vue... et enfin, cette volonté désormais de casser le groupe et d’en éradiquer les effets néfastes... mais pas en prison ». A l’issue de l’audience, la victime est repartie, protégée par la police, couchée dans un véhicule... Quant aux trois prévenus les plus impliqués dans ces agressions, ils partent en détention provisoire, dans trois centres de détention différents, menottes aux poignets et larmes aux yeux... Le dernier est lui placé sous contrôle judiciaire. Il repart avec ses parents... la leçon devrait être comprise. L’affaire est renvoyée au vendredi 12 novembre 2010.
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