Une Villeneuvoise met en place un réseau d’hébergement pour accueillir des migrants
3 janvier 2012 - La Voix du Nord - Marie Vandekerkhove
Élisabeth Fichez coordonne un réseau d’associations qui recherchent des logements temporaires pour les demandeurs d’asile. L’idée du RAIL, réseau d’accueil d’immigrés à Lille : trouver des familles qui hébergent ces étrangers en situation régulière, pour un mois maximum, pour les aider à devenir autonomes. Le dispositif est déjà opérationnel, sur le modèle de ce qui se pratique à Paris avec le réseau « Welcome ».
Elle répète « être née du bon côté » et être révoltée qu’on traite les migrants « comme des délinquants ». Alors, ce n’est pas tant en chrétienne qu’en citoyenne qu’Élisabeth Fichez, du Triolo, « entend mettre d’autres actes dans le discours ». Voilà pour le credo. Pour le reste, ses démarches relèvent vraiment de l’empirisme.
Elle est venue aux migrants par l’associatif. Dès 2005, son « Grand mi » (migrant, en verlan) récoltait des vêtements pour aider les associations calaisiennes. Sangatte avait fermé trois ans auparavant mais les migrants étaient toujours là. Élisabeth et son mari ont commencé à les accueillir après la fermeture de la « jungle », en octobre 2009. « Dix Afghans qui repartaient du centre de rétention de Lesquin n’avaient nulle part où aller. Le président de la CIMADE a joint quelques familles qui en ont hébergé certains pendant deux ans », se souvient la Villeneuvoise.
Elle ouvre la porte à Saïd, un Afghan qui venait d’obtenir son statut de réfugié. « On découvrait tout avec lui, les démarches administratives complexes, la difficulté d’obtenir un hébergement et de communiquer : il ne parlait ni anglais ni français... », se souvient l’ex enseignante à l’université âgée de 64 ans. Vient se rajouter un lourd passé : le jeune homme avait cru toute sa famille morte avant d’apprendre, très récemment, que sa femme et ses enfants avaient survécu à un attentat. Saïd est resté un mois chez les Fichez. « Mais pour qu’il trouve un hébergement, il a fallu qu’on le mette dehors, grimace Élisabeth. Quand on veut autonomiser des migrants, on doit en passer par des choses qui nous répugnent.
» Douloureux mais salvateur : aujourd’hui, Saïd travaille sur les marchés, dispose d’un appartement dans la région.
D’autres Afghans ont suivi, logés, nourris pour quelques semaines dans cette maison devenue vide après le départ des enfants. « Avant, je ne savais pas ce que voulait dire le mot "précaire". Mais quand c’est la vie physique qui est en jeu en permanence, nos valeurs ne sont plus référencées de la même façon », argumente-t-elle.
Aujourd’hui, elle recherche d’autres familles qui souhaiteraient s’ouvrir à l’autre. Dans un cadre strict : « Un mois maximum, pas de transaction financière. Les gens accueillis sont tous en règle et aidés par un jeune tuteur pour les démarches », explique-t-elle, en espérant créer des vocations.
Source
ZOOM
Le RAIL
Le collectif Réseau d’accueil des immigrés à Lille réunit six organisations qui travaillent à ce projet depuis un an : Amnesty international, la Cimade, le Grand mi, la Pastorale des migrants, le Secours catholique et le Salam de Dunkerque.
Objectif : Il formalise par une charte, signée de la famille et du migrant, un accueil qui existait de fait dans la métropole après la fermeture de la « jungle » sur la Côte.
Coordonnées fichez.elisabeth@wanadoo.fr ou 06 46 48 76 89.
|