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Archives du mois de 05 2010

« La solidarité est un combat contre l’injustice et le déni d’existence . »

31 mai 2010 - Macif tandem, le journal des sociétaires n°28

Pour les besoins de son film Welcome, le réalisateur Philippe Lioret a rencontré des bénévoles engagés auprès de clandestins, à Calais. Ce sont, pour lui, les héros des temps modernes, ceux qui luttent pour la dignité de l’être humain, quel qu’il soit.

Pour préparer votre film Welcome, vous êtes allé à la rencontre d’associations d’entraide. Existe-t-il selon vous une « attitude solidaire » commune aux personnes qui s’engagent ?

J’ai rencontré à Calais des bénévoles qui ne font pas de leur engagement une question politique. Leur but est tout simplement humain. L’idée de voir des gamins de vingt ans affamés dormir dans le froid à deux pas de chez eux leur est insupportable. Tous mènent un combat de fourmi désintéressé et anonyme pour soulager la douleur et préserver, contre vents et marées, la dignité de l’autre, d’où qu’il vienne. Ils ont en commun une qualité admirable : le don inconditionnel de soi.

Vous semblez fasciné par les combats solidaires. Pourquoi ?

Il plane toujours dans mes films cette sensation de ne jamais être tout à fait à la bonne place au bon moment, peut-être un parfum d’errance personnelle, d’exil intime. Les jeunes Afghans de Calais fuient un pays en guerre et une mort probable. Ils tentent par cet exode de sauver leur peau et d’avoir un avenir, ailleurs. Ils arrivent chez nous dans le dénuement le plus complet. Vulnérables et démunis, ils subissent alors des vexations et des exactions inimaginables, légitimées par ceux qui s’acharnent à prôner le harcèlement et la violence comme seule réponse aux flux migratoires. La solidarité est une main tendue à ce désarroi. C’est un combat contre l’injustice et le déni d’existence. Les gens solidaires dont des gens en résistance, des insurgés. Leur solidarité, on en fait d’ailleurs un délit ! Mais ils continuent, portés par un élan impérieux d’humanité. Cette générosité humaine absolue me touche profondément et me passionne. Les bénévoles des associations d’entraide sont les héros des temps modernes.

Pour vous, le nom contemporain de fraternité serait-il justement solidarité ?

Je n’en sais rien. Les nuances sémantiques passent après l’action d’urgence : aller au-devant des autres, s’émouvoir de leur détresse et faire quelque chose pour eux. J’ai rencontré des bénévoles qui ne pouvaient pas fermer l’œil dans leur lit quand il pleuvait la nuit. Parce qu’ils savaient que les jeunes Afghans ne pouvaient pas dormir dans la « jungle » de Calais, trempés jusqu’aux os sous la pluie. Ils partageaient au plus profond d’eux-mêmes la condition de ces hommes traités comme des bêtes. Cette fraternité surgit dans l’intimité de l’engagement solidaire, pour combler un manque de liberté et d’égalité. Et certains tentent de l’entraver…

Sept migrants jugés au TGI de Boulogne-sur-Mer

28 mai 2010 - Calaisis-TV

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Boulogne-sur-Mer : trois soudanais condamnés malgré l’absence d’interprète

27 mai 2010 - Nord Eclair

Le tribunal de Boulogne-sur-mer a condamné mercredi à trois mois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction du territoire sept clandestins soudanais, alors que selon France terre d’asile (FTA), ils ne pouvaient se faire comprendre faute d’interprète.

Dix clandestins ont été jugés au total, après avoir été interpellés début avril à Calais. Ils étaient poursuivis pour avoir fait obstacle aux mesures d’éloignement dont ils font l’objet.Trois d’entre eux, qui pouvaient s’exprimer, selon une avocate, ont été jugés le 5 mai et condamnés à la même peine. Les sept autres, parmi lesquels un seul était en mesure de décliner son identité, selon cette avocate, avaient été renvoyés mercredi devant le tribunal.

« La pénalisation de la procédure d’éloignement est une grande inquiétude, une grande première », a déclaré le président de FTA, Pierre Henry. Il avait évoqué l’hypothèse que les prévenus parlaient une langue rare employée par une ethnie du Soudan. « Ca crée quand même un malaise de voir des gens qui sont présentés qui ne s’expliquent pas, qui ne communiquent pas, qui ne comprennent pas (...) C’est la première fois que je vois ça », a déclaré l’avocate d’un des clandestins, Me Marie-Hélène Callone.

« Au-delà de savoir s’ils parlent ou pas, la question est de savoir si on peut exiger qu’ils collaborent à cette mesure, on ne peut pas leur demander d’accepter de retourner au Soudan », a estimé Me Callone, qui évoque « un pays en guerre ».

La préfecture du Pas-de-Calais avait affirmé le 5 mai que ces étrangers en situation irrégulière se sont enfermés dans un « mutisme absolu » face à la police, ce qui a entraîné des poursuites du parquet. Certains ont simplement dit qu’ils étaient Soudanais, selon la même source, soulignant que « toutes les parties du Soudan ne sont pas en guerre ». Le procureur avait requis six mois de prison dont cinq avec sursis et trois ans d’interdiction de territoire.

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La France épinglée par Amnesty International pour ses violences policières

25 mai 2010 - Le Monde avec AFP

Amnesty International s’alarme dans son rapport annuel des allégations de violences policières et d’usage excessif de la force en France. L’organisation de défense des droits de l’homme critique aussi la supposée légèreté des enquêtes sur les faits impliquant les policiers. "Les procédures disciplinaires et les enquêtes judiciaires sur de tels incidents continuent d’être loin des standards internationaux", lit-on dans le document.

Au rayon des soupçons de bavures policières, Amnesty s’intéresse à trois cas qui montrent que les enquêtes sur ces faits sont loin d’être satisfaisantes. L’ONG s’intéresse notamment à la mort d’Abou Bakari Tandia, un Malien sans papiers mort en garde à vue en janvier 2005 à Courbevoie, à celle d’Abdelhakim Ajimi à Grasse en 2008, après son arrestation par la police et à celle d’Ali Ziri, un Algérien de 69 ans de passage en France, mort à Argenteuil en juin 2009 après son arrestation par la police (voir situation pays par pays).

L’organisation estime que la mise en place de nouveaux fichiers de police visant des personnes non condamnées laisse craindre une atteinte à la présomption d’innocence. Le projet de réforme de la justice avec la suppression du juge d’instruction "menace d’affaiblir le contrôle indépendant des forces de l’ordre", dit le rapport.

Amnesty critique par ailleurs la politique d’expulsion d’immigrés et de demandeurs d’asile, soulignant que des mineurs non accompagnés et des Afghans ont été renvoyés chez eux, alors que leur pays est en guerre. Toujours au chapitre de la politique de l’immigration, Amnesty déplore l’opération menée en septembre 2009 contre la "jungle" de Calais et les campements sauvages d’immigrés afghans. Il est remarqué que les 140 adultes arrêtés ont été libérés mais laissés sans abri puisque leur campement a été détruit.

L’organisation accorde cependant un bon point à la France en soulignant qu’elle a accueilli deux détenus algériens libérés de la prison américaine de Guantanamo à Cuba, que leur pays refusait de laisser revenir, bien qu’ils soient blanchis des accusations de terrorisme.

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Calais : le commissaire aux droits de l’homme constate le "désespoir des migrants"

19 mai 2010 - Le Monde - AFP

Le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg, est venu constater mercredi "le désespoir des migrants" à Calais, à la veille d’une rencontre avec le ministre de l’Immigration, Eric Besson, à Paris. "Ce qui ressort de la situation ici à Calais, c’est le désespoir des migrants qui pour certains ont quitté leur pays il y a déjà deux ou trois ans, et qui se retrouvent dans une situation de vide total, avec toujours cette peur de l’expulsion qui ne les quitte pas", a déclaré M. Hammarberg. "Les migrants ne doivent pas être traités comme des criminels mais comme des être humains, avec des droits à respecter", a-t-il souligné, alors qu’il assistait à une distribution de repas par des associations. Le commissaire a critiqué la mauvaise coordination des législations sur le droit d’asile en Europe. "A l’heure actuelle, le système de coordination de politique européenne ne fonctionne pas. Les normes européennes ne sont pas appliquées, notamment en matière de demande d’asile. Et ça ne peut plus durer", a-t-il dit. "Les migrants ont droit à des réponses rapides à leur demandes", a expliqué M. Hammarberg, critiquant la "lenteur des procédures qui doivent passer souvent par plusieurs pays européens avant qu’une réponse ne puisse être fournie". Après avoir visité mercredi matin plusieurs squats de migrants clandestins dans les rues de Calais et sur les plages alentour, M. Hammarberg devait rencontrer mercredi après-midi plusieurs associations humanitaires. Il rencontrera jeudi le ministre de l’Immigration, Eric Besson, pour lui faire part de ses observations et lui demander "une amélioration de la coordination européenne" en matière d’immigration. Une lettre avec des propositions concrètes devrait être envoyée au ministre "d’ici deux semaines". Le 22 septembre 2009, Eric Besson avait fait évacuer la "jungle" de Calais, l’un des plus importants campements d’immigrants clandestins en Europe, avant de la faire raser. Il y aurait toujours 175 migrants errant dans le Pas-de-Calais en quête d’un passage vers l’Angleterre, selon la police, et au moins 500 selon les associations qui leur viennent en aide.

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Pour plus d’info, voir le communiqué de presses de Thomas Hammarberg, sur le site du Conseil de l’Europe.

Jean-Claude Lenoir sur Calaisis-TV

14 mai 2010 -

Sur Calaisis-TV, deux reportages sur le procès de Jean-Claude LENOIR :

Vous pourrez voir le second, annonçant la comparution, en cliquant ici.

Les policiers expulsent une famille en oubliant le fils de 2 ans à Nancy

14 mai 2010 - lemonde.fr avec AFP

Gros couac à la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Une famille géorgienne en situation irrégulière qui avait été expulsée vers la Pologne a dû être rapatriée car les policiers avaient oublié le dernier fils, âgé de deux ans. Les deux parents, accompagnés de deux de leurs trois enfants, avaient été arrêtés le 11 mai dans un hôtel à Nancy où ils résidaient, puis transférés au centre de rétention administrative de Lyon.

"Ils ont alors dit qu’ils avaient un troisième enfant, mais sans préciser où il se trouvait, a expliqué un porte-parole de la préfecture de la Meurthe-et-Moselle. Nous n’avions donc pas d’éléments qui nous permettaient de savoir s’il était en France, en Pologne ou en Géorgie."

La famille a ensuite été conduite en Pologne, premier Etat par lequel ils sont entrés dans l’Union européenne il y a onze mois. "Les autorités polonaises ont refusé la réadmission quand elles ont constaté qu’il manquait leur fils de 2 ans. Ce qui a obligé les autorités françaises à ramener la famille à Lyon, puis à Nancy", a expliqué l’avocat de la famille, Me Christophe Sgro.

L’avocat dénonce "une mesure prise dans la précipitation, sans que les autorités tiennent compte du facteur humain". Dès le lendemain, le 12 mai, la famille aurait pu déposer une demande d’asile en France. "La préfecture voulait donc absolument qu’ils aient quitté le territoire français avant cette date", estime-t-il.

C’est ainsi qu’un avion privé avait été affrété pour conduire la famille en Pologne depuis Lyon, a révélé Me Sgro. RESF a exprimé, dans une lettre adressée au préfet de Meurthe-et-Moselle, "l’indignation qu’inspirent les ordres d’expulsions qui sont donnés par la préfecture de Meurthe-et-Moselle et la manière dont les familles, et en particulier les enfants, sont traitées".

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Mineurs isolés étrangers : "C’est la solitude qui prime dans leur situation"

10 mai 2010 - L’Express - Anne Vidalie

Isabelle Debré, sénatrice UMP, a remis ce lundi son rapport sur ces jeunes qui arrivent seuls aux frontières françaises. Le détail de ses recommandations.

La sénatrice (UMP) Isabelle Debré les appelle "mineurs isolés étrangers", pas "mineurs étrangers isolés", leur appellation officielle. "C’est la solitude qui prime dans leur situation", souligne-t-elle. Ce lundi 10 mai, elle a remis au garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, son rapport sur ces jeunes qui arrivent seuls aux frontières françaises. Maîtres-mots de son travail : "Pragmatisme et humanité", affirme-t-elle.

Quelles sont vos principales recommandations ?

Je demande la création d’une plateforme interministérielle qui serait confiée à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), qui se trouverait ainsi replacée au cœur du dispositif. Cette plateforme constituerait une sorte de "guichet unique" pour l’ensemble des acteurs de terrain.

Je souhaite également que, au sein du Fonds national de financement de la protection de l’enfance, un fonds spécifique d’intervention soit réservé aux départements concernés plus que d’autres par cette problématique, comme les départements d’Ile-de-France, bien sûr, mais aussi l’Ariège. Il serait abondé par les deniers publics et par des fonds européens. C’est une question d’équité.

Il m’apparaît souhaitable, aussi, que les administrateurs ad hoc [NDLR : désignés par le procureur de la République pour représenter les mineurs dans les procédures administratives et juridictionnelles] puissent accompagner les enfants jusqu’à leurs lieux d’accueil. Au sujet de ces administrateurs, Michèle Alliot-Marie a insisté sur leur formation qui pourrait être assurée par l’Ecole nationale de la PJJ, comme celle des acteurs locaux et des travailleurs sociaux qui prennent en charge ces mineurs.

En quoi votre rapport se démarque-t-il de celui d’Eric Besson, nourri, lui, par les réflexions d’un groupe de travail interministériel ?

Nos rapports sont différents et complémentaires. Le groupe Besson, qui a choisi une approche technique, s’est beaucoup intéressé aux zones d’attente et à la police des frontières. Mon travail est davantage pragmatique. Je me suis rendue sur le terrain, à la rencontre des acteurs : à Mayotte, à Calais, à Fleury-Mérogis, dans la zone d’attente de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, dans des lieux d’accueil gérés par des associations. J’ai aussi auditionné Eric Besson et son cabinet. A vrai dire, je n’ai pas lu l’intégralité du rapport Besson pour ne pas être influencée. Je vais le faire maintenant.

A combien évaluez-vous le nombre de mineurs isolés ?
Il est très difficile d’avancer des chiffres précis. L’établissement de statistiques fiables, pourrait, d’ailleurs, être confiée à la plateforme dont je propose la mise en place.

On évalue entre 6000 et 8000 le nombre de mineurs isolés étrangers vivant en France. Et ils seraient environ 1500 à arriver chaque année. Mais ces chiffres recouvrent des réalités très différentes. Il y a ceux qui traversent le territoire national pour rejoindre la Grande-Bretagne, comme le font souvent les Afghans ; ceux qui cherchent ici une vie meilleure, veulent aller à l’école, faire des études ; ceux, enfin, qui sont exploités au sein de réseaux mafieux. C’est souvent le cas des jeunes Roms, pourtant "accompagnés" à leur arrivée.

Je voudrais que le regard change sur ces mineurs isolés.
Contrairement à certaines idées reçues, leur taux de délinquance est très faible.

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En Moselle, l’expulsion d’un adolescent kosovar polyhandicapé et de sa famille suscite des interrogations

8 mai 2010 - Le Monde - Elise Vincent

L’expulsion d’un jeune Kosovar polyhandicapé, mardi 4 mai, en même temps que toute sa famille, suscite depuis quelques jours l’indignation de l’Association des paralysés de France (APF). C’est la première fois, dit-elle, que l’association est confrontée à une telle situation.

Les faits remontent à lundi, quand une dizaine de gendarmes selon la préfecture - une trentaine selon l’APF - se présentent, à 21 heures, à l’Institut d’éducation motrice (IEM) où l’adolescent est suivi, à Freyming-Merlebach (Moselle). D’après l’APF, l’enfant a alors été emmené devant le personnel soignant "choqué et impuissant".

Son père, sa mère, son frère de 12 ans et sa soeur de 17 ans, interpellés un peu plus tôt au centre d’hébergement et de réinsertion où ils logeaient, ont ensuite été conduits avec lui au centre de rétention de Metz. Ils y ont passé la nuit avant d’être expulsés vers le Kosovo le lendemain matin.

L’APF, associée au Réseau éducation sans frontières, a réagi, jeudi 6 mai. "Les intérêts des politiciens (...) ne doivent pas prévaloir sur l’état de santé des personnes", a-t-elle dénoncé. L’association a également adressé un courrier à Nicolas Sarkozy.

La famille Vrenezi était arrivée en France en juillet 2008. Elle était venue, selon Xhavit Zulfage, un cousin de la famille qui réside à Metz, "surtout pour soigner l’enfant". Les Vrenezi avaient déposé une demande d’asile, mais celle-ci avait été rejetée en mai 2009, après un recours. S’ensuivait alors une obligation de quitter la France en octobre. "L’enfant ne parlait pas et ne bougeait pas quand il est arrivé mais avec les médicaments qu’on lui a donnés ici, il allait beaucoup mieux", regrette M. Zulfage.

D’après la préfecture, des médecins ont à plusieurs reprises examiné l’adolescent. Mais ils ont considéré qu’il "pouvait bénéficier d’un traitement approprié" au Kosovo. L’adolescent et sa famille étaient donc expulsables dans "le respect des dispositions législatives". Les textes en vigueur, toutefois, ne contraignent pas les autorités françaises à s’assurer que soient fournis sur place des soins équivalents à ceux dont bénéficiait l’adolescent en Moselle. Il suffit qu’il existe une structure comparable au Kosovo, même si elle est éloignée du domicile des expulsés, et même si ces derniers n’ont pas les ressources financières pour y accéder.

Il existe bien un article du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile qui empêche une expulsion d’un étranger gravement malade (article 511-4), mais, explique Jean-François Martini, juriste au Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), "juridiquement, l’obligation de quitter le territoire est adressée aux parents de l’enfant". Selon lui, seul un recours devant le tribunal administratif aurait éventuellement autorisé un juge à s’y opposer, en faisant valoir notamment "l’intérêt supérieur de l’enfant".

D’après M. Zulfage, qui a joint par téléphone M. Vrenezi depuis son arrivée au Kosovo, la famille n’a cependant pas réussi à contacter son avocat avant le départ. Celui-ci était apparemment absent lors de leur appel. Selon M. Zulfage, le père et la fille ont également été menottés durant tout le vol.

L’adolescent handicapé, lui, était accompagné d’un médecin des pompiers, selon la préfecture. Une équipe médicale aurait également aidé la famille jusqu’à la sortie de l’aéroport. Mais, selon M. Zulfage, les Vrenezi se sont ensuite retrouvés seuls, et sont rentrés à leurs frais, en taxi, jusqu’à leur village, situé à une trentaine de kilomètres de la capitale, Pristina.

Les ressortissants du Kosovo, dont l’indépendance vis-à-vis de la Serbie n’est pas reconnue par les Nations unies, représentent, en France, le plus grand nombre de demandeurs d’asile européens avant les Russes - Tchétchènes, la plupart, selon l’Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).

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Un adolescent poly-handicapé expulsé vers le Kosovo

7 mai 2010 - France Info - Elodie Gueguen

Il était accueilli dans un institut d’éducation motrice à Freyming-Merlebach, en Moselle. Mardi matin, il a été expulsé vers son pays d’origine avec toute sa famille, arrivée en France il y a deux ans. Ces Kosovars étaient en situation irrégulière.
L’Association des Paralysés de France dénoncent une expulsion "révoltante" et "inhumaine".

Il était 21 heures, lundi dernier. Le personnel du centre d’éducation motrice voit arriver les forces de l’ordre : 30 gendarmes selon des témoins, 12 selon la préfecture. Munis d’une décision d’expulsion, les militaires vont chercher le jeune handicapé, âgé de 15 ans, dans sa chambre. Ils embarquent ses affaires, ses médicaments et son dossier médical.
"Scandaleux", estime l’Association des paralysés de France.

Selon l’APF, l’adolescent souffrirait d’une maladie évolutive nécessitant des soins constants.
La préfecture de Moselle se défend de ne pas avoir tenu compte de l’état de santé du jeune homme : dans un communiqué, elle précise que deux médecins ont autorisé le transport du malade vers l’aéroport puis vers le Kosovo, et qu’un pompier était présent durant le vol.

L’expulsion de cette famille ne choque pas outre mesure le député-maire UMP de Freyming-Merlebach, qui est d’ailleurs également le président de l’association qui gère l’institut médical où était soigné le jeune Kosovar : "on ne peut pas accueillir en France tous les étrangers handicapés", dit-il.

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Poursuivis pour avoir refusé de parler

7 mai 2010 - Nord Littoral

Mercredi après-midi, 10 hommes, tous d’origine soudanaise, sont présentés en comparution immédiate. La Justice leur reproche d’être en situation irrégulière en France après avoir été arrêtés à Calais les 7 et 8 avril.

Classique... Mais le dossier soulève les passions parce que tous les prévenus ont entravé une mesure de reconduite à la frontière... en gardant le silence au centre de rétention de Coquelles où ils sont placés depuis un mois. Trois Soudanais arrêtés ont été immédiatement libérés pour des raisons procédurales. En réalité, ces trois personnes ont pu communiquer à l’aide d’un interprète arabe. Les autres s’exprimant dans un dialecte rare ont été maintenus en rétention.
Appelé à la rescousse, le consul du Soudan s’est rendu au CRA de Coquelles et a délivré deux laissez-passer pour Khartoum. Les départs étant imminents, l’ONG France terre d’asile a saisi en urgence la Cour européenne des droits de l’Homme en raison des risques de torture en cas d’expulsion. La Cour a immédiatement demandé à l’Etat français de suspendre ces renvois dans l’attente d’un jugement au fond.

« Criminalisation des procédures d’éloignement »

L’affaire aurait pu en rester là, mais c’était sans compter avec la persévérance de l’administration. « Mardi, les retenus ont été extraits du CRA, placés en garde à vue dans l’attente d’une comparution devant le tribunal vraisemblablement sur la base d’un article qui permet de punir de trois ans d’emprisonnement l’étranger qui refuse de collaborer à son propre éloignement », dénonce Pierre Henry, le président de France Terre d’asile.
La préfecture du Pas-de-Calais affirme de son côté que les étrangers en situation irrégulière poursuivis se sont enfermés dans « un mutisme absolu » face à la police, ce qui a entraîné des poursuites du Parquet, mais aussi l’ire de France terre d’asile. « Ils assistent à un procès auquel ils ne comprennent rien. » Et l’ONG de dénoncer « une criminalisation des procédures d’éloignement » et accuser la préfecture d’être « un laboratoire des mauvaises pratiques où l’on n’hésite pas à renvoyer autant vers l’Afghanistan que vers le Soudan. » Lors de l’audience, deux interprètes sont à la disposition des prévenus, toutes deux parlent à la fois l’arabe et l’anglais. Des langues que sept des dix Soudanais ne comprennent pas. En défense, les dix avocats, un par prévenu comme l’a souhaité le Bâtonnier, soulèvent immédiatement des exceptions de nullité. En préambule, Me Calonne se dit fière d’être dans cette enceinte judiciaire, tout comme ses confrères, pour défendre cette cause : « Cette procédure nécessitait une réelle mobilisation. Ce dossier ne pouvait pas être jugé discrètement, presque en catimini, comme le souhaitait le ministère public, avec un seul conseil pour 10 prévenus. Chacun a droit à sa défense, d’où notre nombre. Et certains de nos clients, ne comprennent pas la langue. J’ai une impression de honte, de malaise, de mascarade même... Ces hommes sont retenus depuis 26 jours et on leur inflige en plus ce traitement inhumain qu’est celle de comparaître devant un tribunal. La justice est indécente dans ces moments-là... ».
Les mots de l’avocate restent forts : « Ces hommes vivent déjà dans des conditions indignes. Et on les humilie encore davantage. Les reconduire au Soudan, au Darfour, mais ça nous laisse tous sur le flanc. Depuis 2003, ce pays est en guerre. Le président de ce pays fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité. Leur pays, c’est l’enfer sur terre. L’identité d’un homme est quelque chose de fondamental, et là, nos clients, c’est C1, C2... C’est inacceptable. Un temps, on tatouait les numéros de matricule... On n’en est pas là. Mais dans ces conditions, comment le tribunal peut-il être valablement saisi ? ».

« Leur pays, c’est l’enfer sur terre »

« Quelle est lourde à porter la robe du procureur de la République, débute Jean-Philippe Joubert. On nous parle de harcèlement, de traitement inhumain... mais la loi est faite pour être respectée, et moi qui représente la société, je suis là pour la faire respecter. Ces hommes ne veulent pas décliner leur identité. C’est pour cela qu’ils sont là. Pour arriver à Calais, ces hommes ont parcouru une longue distance. Ils ont été pris en main par des passeurs. Ce système de défense est un système de défense voulu par les passeurs. Pour eux, se taire, c’est synonyme de garder la liberté. Ils ne veulent pas parler... le tribunal doit donc les placer en détention provisoire, considérant qu’ils n’ont pas donné leur accord pour êtres jugés ce jour et qu’ils sollicitent par conséquent un délai. » Les sept prévenus qui ne parlent ni l’anglais ni l’arabe et n’ont décliné leur identité sont placés en détention provisoire jusqu’au 26 mai 2010, date de leur jugement. _ Les trois autres prévenus ont quant à eux été jugés de suite. Ils écopent de trois mois de prison avec sursis simple et d’une interdiction du territoire français pour trois ans.
T.S-M. avec B.G.
Salam appelle à un rassemblement symbolique devant la prison de Longuenesse (où sont détenus les sept Soudanais) ce soir à 20h.

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Alli, aujourd’hui étudiant armentiérois, a fui l’Afghanistan à 12 ans et demi...

6 mai 2010 - La Voix du Nord - Catherine Quételard

Alli Mohammedi, 23 ans, naturalisé français en 2003, habite Armentières où il poursuit des études de comptabilité en BTS à Paul-Hazard. Sa jeune vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Il a fui l’Afghanistan à 12 ans et demi avec son petit frère. Vendredi soir, la salle de Justice de paix, comble de militants des droits de l’homme, écoutait son témoignage.

Alli résume son parcours, non sans humour. Mais les blessures ne sont pas si anciennes. Quand on quitte à 12 ans et demi son pays natal, sa famille, c’est rarement de son plein gré. D’éthnie hazara, chiite, son père a été tué par les talibans, sunnites, souvent d’ethnie pachtoun. En 1999, laissant sa mère et ses soeurs dont une est mariée au Pakistan, Alli traverse Pakistan et Iran, où les Afghans sont « mal acceptés », confie-t-il. Il doit y laisser son petit frère de 9 ans qu’il retrouvera par la suite rentré au pays. En Turquie, il passe un an et demi à travailler pour payer les passeurs qui l’amènent à Istanbul. Un petit kayak le fait passer en Grèce d’où il est renvoyé mais il y repasse puis débarque en Italie. Il arrive en France en juillet 2002. « Je ne parlais pas du tout français », avoue-t-il. Caché dans le TGV, il arrive à Lille. « Mon but était d’aller à Calais », sourit-il. Mais son chemin s’arrête ici pour quelques années.

Le persan et le français

Comment lui apparaît Lille à son arrivée ? « Plutôt maghrébin : la langue française ressemble à celles du Maghreb, il y a des r », remarque-t-il. Quand il disait qu’il était Afghan, la police ne le croyait pas elle pensait qu’il était Chinois, Vietnamien, Japonais. C’est vrai que les yeux en amande d’Hazara lui donnent un air asiatique. Au foyer de l’enfance, à Lille (rue d’Esquermes), puis à Armentières (La Feuilleraie), il a appris le français.
Son séjour à Armentières est une vraie chance car Bruno Mistiaen, responsable dans la région d’AFRANE, association née en 1980 des liens d’amitié franco-afghans et indépendante de tout courant politique et confessionnel, est Chapellois. Géologue, il a mené plusieurs missions en Afghanistan jusqu’en 1978, à la veille de l’entrée des Soviétiques (en 1979). Avec AFRANE, il oeuvre dans des actions éducatives sur place et ici, avec les jeunes réfugiés. « Je parle un peu persan », confie ce géant barbu au grand coeur en qui les jeunes Afghans réfugiés ont confiance. Beaucoup de visages habitent l’écran qui déploie des photos prises là-bas ou à Calais. « La part de réfugiés afghans en France est infime », souligne-t-il, rejoint dans cette analyse par Alain Delame, responsable dans la région de la commission migrants-réfugiés d’Amnesty International : sur les 2,8 à 3 millions de réfugiés afghans, 96 % sont au Pakistan ou en Iran. La France ne prendrait donc pas une si grande part de la misère du monde... Et à Calais, on compterait environ 1 600 personnes dont beaucoup de jeunes. Certains étaient dans la salle de Justice de paix, vendredi soir, peinant à suivre les exposés des intervenants en français mais dévorant des yeux les images de leur pays.
Pour Alli, les études progressent. Après le collège Rostand en troisième où il était là surtout « pour écouter », il a fréquenté le lycée Île-de-Flandre pour un bac pro en comptabilité avant de suivre, à Paul-Hazard, les cours de BTS comptabilité. Il va tenter le diplôme de comptabilité et gestion. Il aimerait parler couramment anglais, s’intéresse aux entreprises afghanes « elles ne marchent pas à cause de la proximité de la Chine », estime-t-il. Il est retourné en Afghanistan en 2006 : « Je ne trouvais pas les choses d’avant ». Il évoque les routes barrées de mines, la déscolarisation des filles et même des garçons, les bombardements américains...

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