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Archives du mois de 02 2012

HERAT (Afghanistan) - Le douloureux exil iranien des réfugiés afghans

29 février 2012 - 20 Minutes - AFP

HERAT (Afghanistan) - Abdullah, 18 ans, est amorphe. Une conséquence de la décharge électrique que lui a infligée la police iranienne en le chassant du pays. Son bras est zébré de peinture rouge, afin qu’il soit "marqué" comme tous ses compatriotes expulsés.

"Nous ne savons pas ce qu’il a. Parfois il parle", observe un salarié de l’ONU en charge d’Abdullah jusqu’à ce que sa famille soit retrouvée. Et d’ajouter : "Nous avons beaucoup de cas de ce genre" à Herat, l’une des plus grandes villes afghanes, à 150 km de la frontière iranienne.

Jusqu’à 3 millions d’Afghans ont trouvé refuge en Iran dans les années 1980, lorsque l’URSS avait envahi leur pays. Dans un premier temps, l’accueil a été généreux, les femmes profitant en particulier d’un plus haut statut social, d’une meilleure éducation et d’opportunités professionnelles.

Mais depuis les années 1990, le gouvernement iranien a limité l’accès à son pays, à son système scolaire et à son marché du travail. Téhéran a surtout lancé en 2007 un programme d’expulsions massives.

Officiellement, un million d’Afghans résident encore en Iran. Et un autre million y vivrait illégalement. Une population que Téhéran utilise comme une arme contre l’Afghanistan et son gouvernement soutenu par les Occidentaux, notamment les Américains.

"Dès que la politique afghane déplaît à l’Iran, son gouvernement menace d’expulser tous les Afghans vivant sur son sol", pointe un rapport de l’Institut américain d’initiative pour la recherche en politique publique paru en 2010.

"Téhéran comprend que le fragile gouvernement afghan n’a pas la capacité d’absorber un grand nombre de personnes vu les conditions économiques et de sécurité", écrit ce groupe de réflexion conservateur.

D’après le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 18.152 Afghans sont rentrés au pays en 2011, soit deux fois plus que l’année précédente.

L’Iran a récemment annoncé qu’il participerait, aux côtés de l’Afghanistan et du Pakistan, à une stratégie onusienne plus aboutie que par le passé visant à aider les réfugiés afghans à se réintégrer dans leur pays.

Mais dans l’ouest de l’Afghanistan, les témoignages recueillis insistent plutôt sur des cas de maltraitance par la police, et d’extorsion d’argent qui permet à leurs victimes d’éviter un passage par un sinistre centre de rétention.

"Des mains, des bras cassés, des corps battus, il y en a beaucoup. Le gouvernement iranien traite mal les réfugiés", constate Hamidullah Hatibi, directeur d’un centre d’accueil à Herat, qui se souvient d’un homme ayant succombé à ses blessures.

L’ambassade iranienne à Kaboul, que l’AFP a tenté de contacter à plusieurs reprises, n’a pu être jointe.

Au-delà de l’aspect sécuritaire, de nombreux témoignages négatifs parviennent également d’Iran, où la vie, devenue trop chère pour beaucoup d’Afghans, les empêche de vivre correctement.

Une situation qui ne risque pas d’évoluer positivement avec le renforcement des sanctions des Etats-Unis et de l’Union Européenne à l’encontre de Téhéran, qui visent à forcer les autorités iraniennes à abandonner leur programme d’armement nucléaire.

Malgré cela, les candidats à l’exil chez le grand voisin iranien ne manquent pas. Que ce soit pour fuir la guerre qui ensanglante l’Afghanistan depuis plus de trois décennies ou pour des raisons économiques, l’appel de l’eldorado iranien reste très fort.

A Herat, devant le consulat d’Iran, qui délivre des autorisations de séjour, les files d’attente ne se tarissent pas.

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Avant son départ pour la Haute-Normandie, zoom sur les dossiers du préfet du Pas-de-Calais

25 février 2012 - La Voix du Nord - Marco Verriest

Il a pris ses fonctions en janvier 2009 à la tête de la préfecture du Pas-de-Calais. Un peu plus de trois ans plus tard, Pierre de Bousquet de Florian s’apprête à gagner la Haute-Normandie où il vient d’être nommé préfet de région. Tour d’horizon de dossiers qui ont marqué son activité...

> Le premier dossier.- À peine arrivé, aussitôt dans le bain ! « Le premier dossier que j’ai trouvé sur mon bureau, c’était celui de la refonte des circonscriptions. On en supprimait deux pour passer de quatorze à douze. Le principe a été de tenir compte du rééquilibrage démographique, le second de redonner une cohérence aux circonscriptions et aux villes importantes qui étaient écartelées. »

> Le redécoupage des intercommunalités.- L’autre grand chantier de ces trois années concernait encore le territoire, avec le redécoupage des intercommunalités. « Un chantier lourd qui a consisté à faire le tri parmi les intercommunalités d’aubaine. Certaines n’avaient pas la surface démographique pertinente et n’étaient pas dotées de compétences raisonnables. On a bâti un nouveau schéma avec des données objectives et techniques pour parvenir à un accord voté à une large majorité à la commission départementale de coopération intercommunale ». Résultat, on est passé de 43 EPCI (établissement public de coopération intercommunale) à 33. « C’est un schéma qui est appelé à encore évoluer ».
Notamment pour les secteurs du Ternois, de l’Audomarois, de la côte d’Opale...

> Les enjeux des JO de Londres.- Ils sont au nombre de trois pour le préfet. Pour les équipes qui vont s’entraîner dans le Pas-de-Calais, base arrière des Jeux olympiques, « c’est un enjeu de confort et d’accueil de la responsabilité des collectivités. Il y a ensuite un enjeu de fluidité pour le passage vers la Grande-Bretagne avec un flux estival plus un flux spécifique à l’événement de 15 à 30 % supérieur ». Et enfin, directement du ressort des services de l’État, l’enjeu sécuritaire. « Le passage Transmanche sera sécurisé pour les ferry et le tunnel. Dans le cadre du Vigipirate, avec un dispositif terre et mer, il y aura des moyens exceptionnels : 70 % de l’effectif gendarmerie et police sera présent en continu ». Une surveillance qui bénéficiera de l’aide de forces mobiles. Sous la direction du préfet, les liens ont aussi été renforcés avec la police du Kent. « Les JO, c’est une période à forts risques. C’est regardé dans le monde entier. Il y aura des milliers de journalistes. Nous serons en vigilance et en alerte ».

> Hausse des cambriolages.- Si on note une baisse de la délinquance, « en revanche, on est en échec sur les cambriolages qui ont fortement augmenté ». Avec du cambriolage de proximité, des larcins, mais surtout une délinquance nomade « et des groupes organisés qui ont leurs bases en régions parisienne ou lilloise. Il y aussi une délinquance clairement identifiée de ressortissants d’ex-pays de l’Est pour les vols de métaux, de cuivre ».

> Les migrants.- Ce qui amène à aborder les fameux camps des gens du voyage originaires des pays de l’Est : « C’est utile de les résorber tant sur le plan de l’humanitaire que de la sécurité. Ça casse l’outil des mafias qui s’en servent comme réseaux ». Quant aux migrants, ceux qui veulent passer en Grande-Bretagne... « C’est un des sujets les plus délicats que j’ai eu à gérer. Avec des problèmes d’ordre public plus que de délinquance. Des gens là aussi aux mains des passeurs. En cassant les squats, on fait baisser la pression migratoire. Ce qu’on a fait à Calais avec la "jungle". En trois ans, on a fait passer le nombre de migrants de 1 500 à 150. Si on laisse prospérer ces camps, on aboutit à un "Sangatte". Le volet répressif a été accompagné d’un volet humanitaire. On a trouvé des solutions pour les repas, les douches, les soins... ».

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Commentaire de SALAM :

Les migrants sont bien sur aux mains des passeurs mais en cassant les
squats on les fragilise encore plus.
Le nombre de migrants sur Calais a toujours été depuis la fermeture de
Sangatte de 180/ 200 personnes.
En 2009, date de la destruction de la « jungle », que l’on peut comparer
au coup médiatique de la fermeture de Sangatte, les migrants étaient plus
de 1000. Phénomène exceptionnel et l’on ne peut que s’interroger : ’était
ce une stratégie qui allait dans le sens de la médiatisation ? ».

Quant aux solutions pour les repas ou les douches : ce sont LES
ASSOCIATIONS qui en ont la charge !

Pétition pour soutenir la Famille S et sa demande d’asile en France (33)

22 février 2012 - RESF

La famille S est arrivée à Bordeaux en novembre 2011, via la Russie et la Pologne.

Monsieur, géorgien d’Abkhazie, a subi dès l’âge de 11 ans les ravages de la guerre entre la Géorgie d’une part et l’Abkhazie alliée à la Russie d’autre part, dans laquelle son père s’était engagé coté abkhaze en 1992-93.

Ayant subi les persécutions consécutives à cet engagement, cet agriculteur marié à une géorgienne, père de famille, a refusé de s’engager à son tour quand le conflit a repris en 2008, tant du coté abkhaze que géorgien.

Cela lui a valu des représailles de la part des deux camps. Harcelés, leurs vaches tuées, ayant subi des tirs sur leur maison…, son épouse et lui ont dû prendre la décision de fuir face aux menaces et persécutions de plus en plus précises et violentes, craignant pour leur vie et celle de leurs quatre enfants âgés de un à six ans.

Partis en camion, ils ont été arrêtés à la frontière polonaise, et ont dû y signer des papiers pour récupérer leurs enfants qui leur ont été retirés quelques heures, ce qui les place aujourd’hui, suite à ce procédé, sous la procédure Dublin II

Arrivés à Bordeaux, ils n’ont de ce fait droit à rien. Leur existence est particulièrement difficile, même s’ils ont scolarisé leurs deux ainés.

Ils ont subi des traumatismes profonds, et au moins deux de leurs quatre enfants présentent des problèmes de santé (grave pour l’une des fillettes) non pris en compte du fait de leur situation de Dublin II.

Ils ont déposé une demande de dossier en préfecture et sont convoqués à la fin du mois.

Ils risquent d’être renvoyés en Pologne. S’ils devaient se retrouver en Géorgie, leur intégrité physique et leur vie seraient en danger.

Soutenons-les afin qu’ils puissent demander et obtenir le statut de demandeurs d’asile, mais aussi des conditions d’existence décentes.

Signez la pétition !

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Les migrants, cibles de l’extrême droite à Athènes

18 février 2012 - France 24 - Gaël Le Roux

À Athènes, des groupes d’extrême droite patrouillent dans certains quartiers et passent à tabac les migrants, accusés de contribuer à l’insécurité et de voler le travail des Grecs. Sous le regard indifférent de la police.

"Ils étaient douze. Huit marchaient devant moi, quatre derrière moi. J’étais en train de rentrer, tout seul. J’ai d’abord reçu une bouteille d’eau dans le dos, alors je me suis mis à courir. Mais je n’ai pas pu m’enfuir. Ils m’ont attrapé, puis ils m’ont frappé la tête à coup de batte. Quand j’ai été à terre, ils ont continué à me frapper jusqu’à ce que j’arrête de bouger." Ce récit est celui de Reza Jholam, un jeune Afghan de 16 ans. En octobre, il a croisé le chemin du groupuscule d’extrême droite "Chryssi Avyi" ("Aube dorée") qui sème la terreur dans certains quartiers d’Athènes. Leur cible : les migrants.

Reza, adolescent un peu farouche arrivé l’été dernier en Grèce via l’Iran puis la Turquie, se confie dans les locaux de la Communauté afghane de Grèce. L’association se charge de donner quelques cours de grec aux nouveaux arrivants, de leur expliquer la culture du pays et ses règles élémentaires, de les orienter vers des ONG comme Médecins du Monde ou la Croix-Rouge. Désormais, elle les informe également des risques d’agressions racistes. "Nous leur distribuons une carte des quartiers d’Athènes où il vaut mieux éviter de marcher seul", explique son président Yunus Mohammadi (photo).

"Voler le travail des Grecs"

Lui n’a pas échappé non plus à la vindicte des groupes d’extrême droite. Il y a un an, des hommes sont entrés dans son bureau, ont tout fracassé et l’ont frappé. "Rien de bien grave", relativise l’Afghan, en se touchant le front. Le 23 décembre dernier, c’était au tour du vice-président de la Communauté afghane, Safar Haydary, d’être passé à tabac.

"Ce genre de violences est devenu un phénomène très commun ici, surtout depuis le début de la crise. Certaines personnes nous accusent de voler le travail des Grecs et nous tiennent pour responsables de l’insécurité", assure-t-il. Jeudi 16 février encore, trois Bangladeshi ont été attaqués. Ils sont aujourd’hui hospitalisés. "C’est de pire en pire, poursuit l’homme. Le plus inquiétant, c’est que ça se répand dans toute la ville, et même dans tout le pays : il y a quelques jours, on m’a rapporté une agression similaire sur l’une des îles grecques".

Chercheuse à Human Rights Watch, Eva Cossé dénonce le sort réservé aux migrants. "Ces agressions touchent principalement les personnes de couleur : peu de migrants d’Europe de l’Est ont subi de telles attaques, explique-t-elle à FRANCE 24. C’est un phénomène extrêmement préoccupant, d’autant que les autorités ont du mal à admettre qu’il y a un problème." La police, en effet, semble peu pressée d’arrêter les assaillants. Dans le commissariat proche du quartier Omonia, où vivent un grand nombre de migrants et où se concentrent les agressions, la police dit craindre des représailles si elle s’en prend à des membres d’un groupe d’extrême droite. "La police peut prendre des mesures, mais elle ne veut pas le faire", estime Yunus Mohammadi.

56 000 migrants par an

Jusqu’à présent, les associations communautaires ont réussi à éviter des affrontements entre les migrants et les patrouilles d’extrême droite. "Les gens de la communauté sont en colère. Ils veulent se battre contre ces fascistes, rapporte le président de l’association afghane. Mais il faut à tout prix éviter ça parce que c’est exactement ce que cherchent ceux qui nous attaquent. Ils n’attendent que ça pour mener des expéditions punitives et monter d’un cran dans la violence. Il ne faut pas que nous agissions comme les fascistes."

La situation est si tendue qu’elle menace d’exploser à tout moment. Dans un rapport, Eva Cossé prévient : "La police et les procureurs vont rapidement devoir faire plus que de simples rapports. Les agresseurs ne s’arrêteront que lorsque, face à eux, la police réagira de façon rapide et efficace, mènera des enquêtes sérieuses et que la justice les condamnera".

"Le problème ne s’arrête pas à l’absence de réponse des autorités grecques, il est beaucoup plus vaste. C’est un problème d’accueil des migrants en Europe", estime Yunus Mohammadi. Selon Human Rights Watch, 56 000 immigrants arrivent chaque année en Grèce. Le pays est la principale porte d’entrée terrestre des clandestins en Europe. Neuf migrants illégaux sur dix pénètrent dans l’Union européenne en traversant la frontière greco-turque, affirme l’ONU.

Un seul rêve, quitter la Grèce

"A part des centres de rétention abominables et surpeuplés [ils ont été violemment critiqués en octobre 2011 par le rapporteur spécial de l’ONU Mandfred Nowak ndlr], rien n’est fait pour accueillir les migrants, leur expliquer comment le pays fonctionne, etc. Donc nous nous en occupons, à notre échelle", poursuit Yunus Mohammadi.

Quand Reza s’est rendu au commissariat, le visage ensanglanté, on lui a dit qu’il n’y avait rien à faire parce que son visa était expiré depuis quatre jours. Les gardiens de la paix ont tout de même appelé une ambulance. A l’hôpital, les médecins n’ont pas nettoyé et pansé les plaies du jeune homme. A ce moment-là, Reza n’était en Grèce que depuis trois mois. Aujourd’hui, il ne reste plus que quelques cicatrices sur le front de l’adolescent. Mais il ne rêve désormais que d’une chose : quitter le pays au plus vite. "Je veux aller en Norvège, mais le trajet, les passeurs et tous les autres gens à payer, ça coûte cher. J’attends d’avoir assez d’argent", raconte-t-il. En attendant, Reza ne se promène plus seul la nuit.

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« Surtout n’oublie pas tes baskets... » pour les migrants de Calais

17 février 2012 - La Voix du Nord - J. M. (CLP)

Mardi, quatre animateurs du centre socioculturel ont débuté la collecte de baskets ...

dans le cadre de l’action « Solidarité baskets » pour l’aide aux migrants de Calais.

Alix Bétrémieux, Amandine Deneuville, Yannick Stordeur et Alban Martinache sont allés à la rencontre des Achicouriens pour effectuer cette récolte de chaussures en bon état.

Les animateurs ont expliqué aux habitants le but de leur action tout en demandant un geste pour ces migrants. La collecte qui vient tout juste de débuter compte plus de quatre-vingts paires de chaussures, « mais celle-ci doit se poursuivre », affirme Cédric Bigourie, directeur du centre socioculturel. « Il y a un gros besoin sur les baskets. » La collecte qui a été lancée mardi se poursuit au centre socioculturel jusqu’à la mi-mars.

Pour mener à bien cette campagne de sensibilisation, le centre socioculturel organise aussi, ce vendredi à 19 h, une réunion débat (notre édition du 11 février).

Cette soirée sera l’occasion de réunir les responsables des trois associations d’aide aux migrants de Calais, l’Auberge des migrants, La Marmite aux idées et la Fédération départementale des centres sociaux afin d’expliquer et de sensibiliser les Achicouriens sur la condition des migrants. •

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Qui veut encore des mineurs isolés étrangers ?

17 février 2012 - GISTI - Christophe Daadouch & Jean-François Martini

Comme une trainée de poudre. Après la Seine Saint Denis en
septembre dernier (voir ici), après L’ille-et-Vilaine (voir ici), c’est désormais l’Assemblée des Départements de
France qui donne le ton (voir ici). Plus personne ne veut des mineurs étrangers isolés. Un vrai « raz de marée »
nous dit même le président breton qui s’y connait nécessairement en accident marin. A l’instar du Conseil général
de Seine Saint Denis qui a obtenu une « première victoire » consistant à une répartition de 90% des mineurs
arrivant sur son territoire sur une vingtaine d’autres départements, d’autres revendiquent aujourd’hui le même
protocole. Après tout s’il suffit de refuser d’appliquer la loi et les décisions de justice pour s’en départir… Pourtant
les mêmes avaient voté à l’unanimité la réforme de la protection de l’enfance faisant du conseil général le pilote
de la protection de l’enfance.
Avaient-ils lu avant de voter le nouvel article 112.3 du Code de l’action sociale et des familles prévoyant que « la
protection de l’enfance a également pour but de prévenir les difficultés que peuvent rencontrer les mineurs privés
temporairement ou définitivement de la protection de leur famille et d’assurer leur prise en charge » ?
Avaient-ils prêté attention à cet amendement socialiste de Patricia Adam qui le justifiait ainsi : « Nous pensons
particulièrement aux enfants qui arrivent seuls sur le sol français et nous nous interrogeons sur leur prise en
charge. Aux termes de cette proposition, c’est aux départements qu’il reviendrait d’assurer leur protection, ainsi
que les fonctions de service gardien, dans l’attente de toute autre décision » (AN 9 janvier 2007) ?
Avaient-ils critiqué au Sénat l’intervention du communiste Guy Fischer pour qui « le coût financier est souvent
évoqué pour refuser la prise en charge de ces jeunes. Or, au terme d’une analyse minutieuse, l’IGAS a bien
montré que le coût était en réalité d’ordre organisationnel »(sénat 12 février 2007) ?
Aujourd’hui l’heure est suffisamment grave pour que l’Assemblée des Départements de France et son président
Jacky Lebreton (PS) demande un entretien au défenseur des droits –et donc défenseur des enfants- pour obtenir
son soutien dans leur refus de... respecter le droit et de… protéger les enfants.
Curieuse démarche ou erreur d’adresse ? Parce que rencontrer le défenseur des enfants pour faire part de
« l’inquiétude, voire l’exaspération de certains départements confrontés à l’arrivée massive de jeunes mineurs
étrangers dont l’Etat ne veut pas reconnaître la qualité de migrants, privilégiant leur statut de mineurs et
renvoyant la responsabilité de leur accueil aux départements au titre de leur compétence de protection de
l’enfance » montre bien une erreur d’aiguillage. Si le mineur est avant tout migrant, c’est donc bien à Claude
Guéant que devait s’adresser l’association des départements ou accessoirement à Arno Klarsfeld, président de
l’OFII.
Osons en tout cas espérer que sous le couvert d’un débat entre l’Etat et les collectivités locales ne se cachent
pas un conflit PS/UMP en période électorale auquel les mineurs seraient de tristes otages.

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Le camp de Téteghem perquisitionné

15 février 2012 - Le Phare Dunkerquois - D. E.

La police de l’air et des frontières a mené mardi matin une importante opération judiciaire destinée à déstabiliser les filières d’immigration clandestines européennes.

Entre autres camps, la "jungle" de Téteghem a été investie dès 7 heures du matin.

L’index sur la bouche, l’officier responsable de l’opération de police fait signe à ses troupes d’observer le silence. Sur le bas côté de la route de la 32e Division d’Infanterie, une vingtaine de policiers se serrent dans l’obscurité. Pas un fourgon sérigraphié à l’horizon. Seuls les phares des rares automobilistes trahissent la présence des forces de police. Un dernier coup de jumelle infrarouge pour vérifier qu’aucun clandestin n’est levé et susceptible de donner l’alerte, et voilà les policiers qui s’engagent promptement sur les sentiers du lac, rendus boueux par la neige fondue.
Dans le camp irakien, le réveil est difficile. Restées discrètes jusqu’alors, les lampes torche balaient les abords du campement et éclairent l’intérieur des chalets en éblouissant les hommes assoupis. Les policiers demandent aux clandestins présents de se rhabiller. Groggys, ces derniers s’exécutent sans protester. De part et d’autre, on semble avoir l’habitude de ce genre d’opération. Les échanges restent courtois. Les hommes de la Paf regroupent la dizaine de clandestins présent en entament le processus d’identification.

Ramifications européennes

Les forces de police ne sont pas venues au hasard. Elles ont dans le collimateur deux passeurs présumés et agissent dans le cadre d’une commission rogatoire délivrée par un juge d’instruction lillois. L’affaire est sérieuse et de grande ampleur. Suffisamment pour intervenir dans le cadre d’une juridiction interrégionale spécialisée (cf encadré). La direction centrale de la police de l’air et des frontières s’est refusée à tout commentaire « tant que les investigations ne sont pas terminées ». Le Parquet de Dunkerque a cependant confirmé que l’opération avait donné lieu « à des interpellations », sans en préciser le nombre, et que « les objectifs avaient été atteints », sans indiquer si ces derniers avaient été appréhendés sur le littoral nordiste.
Sur le Dunkerquois, seul le campement de Téteghem a été concerné par l’opération judiciaire chargée de mettre au jour « les ramifications d’un gros réseau de trafic de migrants ». Plusieurs opérations ont par contre été menées dans d’autres pays européens.

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Mathieu Quinette, coordinateur " migrants" pour Médecins du monde, s’en va : « Les Dunkerquois peuvent être fiers »

15 février 2012 - Le Phare Dunkerquois - Propos recueillis par Claire Hohweyer

Après deux ans et demi de travail sur le terrain « à fond », Mathieu Quinette a décidé de partir, le 29 février.
Il revient sur sa mission, le travail avec les associations et les élus ainsi que sur la politique gouvernementale.

Mathieu Quinette, pourquoi partir ?

Parce qu’il était temps. Après plus de deux ans en tant qu’observateur privilégié dans une mission très difficile, c’était un choix de ma part et même un besoin. Le contexte humain, dans les camps de réfugiés, est catastrophique et comparable à ce que l’on voit à l’étranger. En travaillant ici, dans la jungle, j’ai vraiment compris ce que voulait dire ne pas avoir de droits. Avant les camps du Dunkerquois, j’avais travaillé pendant trois ans avec Médecins sans frontière en Ethiopie, à Haïti, à Kinshasa, au Pakistan... Mon regard est nourri de cette expérience. La mission ici est passionnante mais très difficile.

Avez-vous baissé les bras, face aux difficultés ?

Non, je n’ai pas baissé les bras, mais je pense avoir fait mon temps ici. Je vais continuer ailleurs, au siège de Médecins du monde, à Paris. Je m’occuperai de la gestion puis de l’appui d’un projet. Je serai chargé de mission. Il s’agit, globalement, d’apporter un appui méthodologique pour redéfinir les stratégies de l’association.

Quelles avaient été vos premières impressions, en arrivant sur les camps de Téteghem, Grande-Synthe et Loon-Plage, en particulier, en juin 2009 ?

J’ai vu le dénuement total. Les migrants sont des personnes qui ne vivent avec rien, dans des abris de bric et de broc, sans accès aux soins ni hébergement. De combien de litres d’eau disposent-ils par personne ? Comment se lavent-ils ? Ce sont des questions essentielles... Ce qui est insupportable, c’est de voir ces personnes harcelées par les forces de l’ordre françaises, surtout à Calais. Ces gens sont déjà « dans la merd » et ce sont des personnes assermentées qui les harcèlent. C’est choquant et révoltant.

Que pensez-vous de l’action des pouvoirs publics ?

Depuis la fermeture de Sangatte, en 2002, la seule réponse que l’Etat a trouvé pour ces personnes en logique de transit, c’est la répression. Il n’y a aucune logique d’assistance. Et cette politique répressive a de graves conséquences sur la santé. L’Etat produit de la violence et de la précarité en détruisant les campements. Il agit à l’inverse de tout principe de santé publique, comme lorsque la gale était apparue en 2009. Ces actions desservent l’intérêt général. C’est la politique sécuritaire au détriment de la politique sanitaire.
Cela a pour but de précariser en permanence les gens, de les démoraliser et cela ne règle pas la situation. Une autre incohérence : pourquoi plus de 80 soldats français sont morts en Afghanistan pour un principe d’humanité, alors qu’ici, à côté de chez nous, on laisse des Afghans en situation indigne ?
Cette politique est coûteuse également... Oui et elle ne fait que déplacer le problème. La grande question, c’est combien ça coûte ? Ces démantèlements, cette politique répressive... Quelle transparence nous donne-t-on ? Combien ça coûte d’arrêter les mêmes personnes, de les emmener en centre de rétention et pour quel impact ? Dans le monde, il y a 250 millions de migrants et 30 % en occident. Alors, qu’on arrête de nous parler de sentiment d’invasion... Il n’y a aucune transparence sur le budget, ni sur le nombre de migrants passés. Et cela vise aussi à les rendre invisibles. Les jungles sont des territoires invisibles. Même dans le plan d’hébergement d’urgence, il n’y a pas un mot sur les migrants, comme s’ils n’existaient pas.
Pourtant, ils ont faim et froid aussi.

Quel regard portez-vous sur l’action des associations et l’implication des habitants ?

Des tensions étaient nées parfois... Il existe un réel élan de solidarité de la population locale. Les Dunkerquois peuvent en être fiers. Les gens ne sont pas des chiens ici. Il peut aussi y avoir des tensions mais il faut comprendre. Une personne va donner à manger à un migrant, il risque de revenir, mais c’est normal, il a faim ! Seulement, les gens oublient parfois que ces migrants passent illégalement et qu’ils ne veulent pas se faire remarquer. Entre 1999 et 2002, plus de 67 500 personnes seraient passées par Sangatte. Nous n’avons pas de chiffres plus précis, la police oui.
Seulement aujourd’hui, les associations manquent de bénévoles et sont usées... Oui, c’est difficile parce que les associations ont peu de moyens. D’autant que les migrants sont une population difficile à prendre en charge. La menace du délit de solidarité est grande. Aider une personne en situation irrégulière peut coûter 30 000 euros d’amende et cinq ans de prison. Nous demandons à ce qu’il y ait une séparation plus claire entre l’aide intéressée et l’aide désintéressée, pour que le doute ne puisse plus exister.

Le collectif d’associations locales venant en aide aux migrants avait lancé un appel, il y a quelques mois, pour obtenir une table ronde. Qu’en est-il ?

Oui, nous avions rencontré le sous-préfet. Neuf associations se sont réunies en un collectif. L’union fait la force. Depuis octobre 2010, nous nous réunissons une fois par mois, pour partager des informations et adopter des positions communes. Mais nous voulons surtout qu’il y ait un dialogue entre l’Etat, la police, les hôpitaux, les élus locaux et les associations. Mais l’Etat met toute son énergie dans la répression.
Les élus, même locaux, renvoient souvent la question à un problème européen. De manière générale, ils disent que cela relève des compétences de l’Etat. Mais quand des migrants se trouvent sur leur territoire, cela devient un principe de réalité. Ensuite, ils choisissent : soit le tout répressif, comme Natacha Bouchart, à Calais, soit la solidarité, comme on a pu le voir à Grande-Synthe par exemple (cf. ci-dessous).

De nombreux démantèlements ont eu lieu en peu de temps, qu’en est-il aujourd’hui ?

Les populations migrantes ont parcouru des kilomètres et ont le droit à la dignité. Nous, Médecins du monde, faisons de l’assistance à personne en danger. L’Etat, lui, participe à une mise en danger de la vie d’autrui. Cela provoque un travail d’usure auprès des migrants mais aussi auprès des associations comme nous. En tant qu’acteurs humanitaires, nous sommes là pour que tout individu soit respecté dans son humanité et cela passe par la santé. C’est le sens de notre action. Notre travail est d’alerter l’opinion et les pouvoirs publics mais aussi de soigner. Il faut d’ailleurs que les gens comprennent que si les migrants tombent malades et qu’on ne les soigne pas, eux aussi peuvent tomber malades.

Depuis votre arrivée, quelles avancées avez-vous constatées ?

Nous avons ouvert un bureau en mai 2011 pour Médecins du monde (225, rue Winston-Churchill), où les activités sont centralisées. Un volet logistique avait été ouvert en mai 2010, dans un entrepôt pour la construction d’abris, de points d’eau, de latrines et pour la gestion des déchets. C’est typiquement une organisation humanitaire comme elle existe à l’étranger. Nous avons travaillé aussi avec l’hôpital pour développer le droit commun comme la Permanence d’accès aux soins de santé (PASS). Nous avons aussi noué des liens de confiance avec les professionnels de l’hébergement pour développer des dispositifs. Mais le but, c’est de rendre visible ces populations invisibles et qu’on développe un droit commun de service public.

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La Roumanie, porte de sortie de l’enfer pour des milliers de réfugiés

14 février 2012 - Rue 89 - Mihaela Carbunaru

(De Timisoara) A l’ouest de la Roumanie, le Centre de transit en régime d’urgence de Timisoara accueille des centaines de réfugiés en provenance de zones de conflits. Cette structure mise en place en coopération avec les Nations unies est unique au monde. Pendant quelques mois, elle aide les naufragés des guerres à reprendre pied et à se préparer une nouvelle vie.

Avant novembre dernier, Aseb ne savait même pas placer la Roumanie sur une carte. Aujourd’hui, ce jeune Erythréen voit dans ce pays, pourtant à l’opposé de sa culture et de ses traditions, un tremplin vers une nouvelle vie.

A 29 ans, Aseb est arrivé au centre de Timisoara après avoir échappé deux fois à l’enfer. Il a d’abord fui le service militaire forcé dans son pays natal, d’une durée illimitée. Installé en Libye, il est alors devenu la cible de la population dès les débuts de la révolte contre Kadhafi : comme la plupart des Sub-Sahariens, on le soupçonnait d’être un mercenaire à la solde du raïs. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs été torturés, voire tués.

Obligé de fuir les violences, il a encore pris la route de l’exode pour atterrir dans le camp improvisé de Choucha, à la frontière tuniso-libyenne. Un quotidien violent, où la survie ne tient qu’à un fil.

Et puis un jour, le mot « évacuation » est prononcé : ce sera la Roumanie, avec sa femme et son enfant. Mais la peur est encore tenace, les blessures toujours douloureuses. Il n’ose d’ailleurs pas révéler son identité complète :

« La situation à Choucha était terrible. Ici je suis enfin en sécurité, j’étudie l’anglais et mon enfant profite de tout ce qu’on peut lui offrir. »

Mais bientôt sa vie va radicalement changer : dans un mois, il partira s’installer aux Pays-Bas.

Ce début d’année, une majorité d’Erythréens

A Timisoara, les histoires se croisent dans un va-et-vient permanent. Quelques 65 réfugiés occupent actuellement les lieux, mais 200 places sont disponibles. En fonction de l’actualité, le Centre se remplit puis se vide.

En ce début 2012, la plupart des pensionnaires sont d’origine érythréenne, et tous attendent leurs documents pour repartir vers de nouveaux horizons.

Grâce aux volontaires des ONG Salvati Copiii (Sauvez les enfants) et Generatie Tanara (Jeune génération), Aseb et sa famille apprennent l’anglais et suivent des cours pour s’acclimater à la société qui va les accueillir.

Gérée de façon conjointe par le HCR (agence des Nations unies pour les réfugiés), l’Office mondial pour les migrations (OIM) et l’Office roumain pour l’immigration, la structure accueille les réfugiés pour une période maximale de six mois, avant leur relogement souvent aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas ou en Suède.

Tout dépend des accords internationaux avec chaque pays, le HCR privilégiant aussi le regroupement familial, quand il est possible, pour faciliter l’insertion sociale.

« On parle de destins, pas de chiffres »

Chaque minute dans le monde, huit personnes sont obligées de quitter leurs maisons pour échapper aux conflits et aux persécutions, selon les statistiques des Nations unies.

Mais derrière ces chiffres se cache une histoire à connaître. Souvent par l’intermédiaire d’un interprète, ce qui demande du temps et de la patience.

Camelia Nitu, la coordinatrice du centre et représentante sur place du HCR, explique :

« L’année dernière, nous avons surtout accueilli des réfugiés d’Afrique du Nord, suite au conflit en Libye. En ce moment, nous travaillons avec deux groupes d’Erythréens : l’un vient du camp de Choucha, l’autre a été évacué de la Tanzanie. Nous avons aussi un troisième groupe composé de Somaliens et d’Ethiopiens évacués d’un camp provisoire à la frontière entre la Libye et l’Egypte. »

Elle ajoute :

« Mais on parle avant tout de destins, pas de chiffres. »

Une grande ouverture d’esprit dans la région

Au total, environ 900 personnes ont transité par le centre depuis sa création en 2008 et 9 enfants y sont nés.

Le choix de cette région n’a pas été aléatoire, indique le directeur du centre, Filimon Pitea :

« Près de 27 nations et ethnies différentes vivent ensemble dans cette ville, un fort esprit de tolérance s’est développé. »

Timisoara a été désignée pour héberger cette structure unique dans le système onusien d’abord parce qu’elle dispose d’un aéroport international et d’un centre universitaire ayant formé beaucoup de demandeurs d’asile, notamment arabes, qui ont ensuite intégré le milieu local. D’où une grande ouverture d’esprit à l’échelle régionale.

L’aménagement du centre a coûté 900 000 euros, dont le tiers a été financé par l’Etat roumain. Et son bon fonctionnement enorgueillit les politiques du pays, qui y voient « un modèle au niveau international », selon l’ex-premier ministre roumain, Emil Boc.

Au Centre, une cohabitation parfois difficile

A l’intérieur du centre, l’ambiance est calme et l’hygiène respectée. Mais cela n’a pas été toujours le cas, se souvient l’ex-directeur, Constantin Daminescu :

« Il y a des groupes ethniques avec des sensibilités et des cultures tellement différentes que ce n’est pas toujours évident de faire cohabiter tout le monde, ou de leur faire accepter leur situation de réfugié. Je me souviens qu’avec les Palestiniens cela a été plus difficile par exemple. »

Un bâtiment est réservé aux femmes, un autre aux hommes. Les espaces communs sont les salles pour le sport, l’espace pour Internet et les cours, ainsi qu’un cabinet médical.

« Parfois, les réfugiés ont vécu des évènements tellement atroces et difficiles, qu’ils développent un instinct de survie nécessaire mais qui peut les faire basculer dans la violence », remarque Camelia Nitu.

Cette juriste, qui a travaillé cinq ans à Genève, est non seulement l’interface des Nations unies avec les résidents, mais se veut aussi une conseillère et une amie. Elle connaît le nom de chaque refugié, et évoque avec empathie l’histoire de chaque famille.

« Hassan est resté chez nous pendant une année, avant d’être installé aux Etats-Unis. Régulièrement, je reçois des lettres dans lesquelles il me donne de ses nouvelles. »

« Pas chez nous »

« C’est intéressant de constater que lorsqu’on demande de la solidarité ou une contribution pour partager l’accueil des réfugiés, ce ne sont pas forcément les pays auxquels on pense habituellement, comme la France ou l’Angleterre, qui se dépêchent de proposer des solutions », remarque Jean-François Dubost, responsable du programme « Personnes déracinées » à Amnesty International France.

« Suite aux événements en Libye, la position de la France et des pays riches de l’UE c’était “oui, il faut les protéger, mais pas chez nous”. »

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"On est chez nous" : quand les enfants d’immigrés haussent le ton

14 février 2012 - Le Nouvel Obs - Propos recueilli par Benjamin Roger

Avec la pétition "On est chez nous", plusieurs personnalités issues de l’immigration, comme Yannick Noah ou Sophia Aram, proclament haut et fort leur nationalité française.

La pétition "On est chez nous", publiée vendredi 10 février sur onestcheznous.fr, relaie l’appel de Français "héritiers de l’immigration" qui sont lassés de répéter qu’ils sont "Français au même titre que n’importe quel autre Français". "Le Nouvel Observateur" a interrogé Baya Kasmi, scénariste à l’origine du projet.

Comment est née cette initiative ?

- Ca fait quelques années que je voulais exprimer cette idée. J’ai rencontré beaucoup de gens qui, comme moi, en ont marre d’être considérés comme des immigrés et pas comme des Français à part entière. La pétition a été lancée la semaine dernière. Les premiers signataires, Sophia Aram, Rosa Moussaoui, Yannick Noah et d’autres ont complété la première version. Donc on peut dire que c’est un ouvrage collectif, fruit d’une dizaine de personnalités venant d’horizons différents.

Quel est l’objectif de la pétition "On est chez nous" ?

- L’idée est de lutter contre la xénophobie, en n’apportant pas une réponse communautaire à l’anglo-saxonne mais une réponse plus large, plus globale. Nous sommes des enfants issus de l’immigration qui ont grandi dans l’idéal républicain de 1789 "liberté-égalité-fraternité". On croit à cette devise, maintenant il faudrait qu’elle soit appliquée.

Nous sommes nombreux à avoir été choqués par la politique actuelle d’exclusion et de stigmatisation. Nous sommes Français, nous avons notre carte d’électeur et non, nous ne faisons pas partie de communautés séparées. Nous sommes donc des citoyens comme les autres et nous avons envie de construire notre destin commun. Il est très important que nous fassions partie intégrante de la vie sociale et politique française.

Pourquoi publier cette pétition en pleine campagne présidentielle ?

- La politique de l’actuel gouvernement n’a fait que renforcé mon envie de lancer cet appel, notamment ces derniers jours avec les propos de Claude Guéant sur les civilisations. Le message est politique, mais la pétition ne soutient pas de candidat précis. Elle est apolitique et peut être signée par des gens de gauche comme de droite.

Et si Nicolas Sarkozy signait la pétition ?

- J’espère qu’il le fera ! Je l’y invite. S’il signe, je lui dirais bravo mais il faudrait alors s’engager à ne pas mener la politique qu’il a conduite pendant cinq ans. De manière plus générale, si les différents candidats pouvaient entendre notre message, ce serait évidemment positif et on ne sera pas contre. Cela dit, nous avons envie d’une mobilisation citoyenne plus large, qui rassemble au-delà de la politique. Nous avons besoin de nous rassembler pour faire peser nos idées.

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CARTES DE RÉSIDENCE PAR MARIAGE, DEMANDEURS D’ASILE Sarkozy veut serrer les vis

14 février 2012 - L’expression - Mohammed Touati

L’acquisition d’un titre de séjour « par mariage avec un Français » sera conditionnée à la justification d’un logement et de ressources suffisantes et stables « au moins égales au Smic ».

Le chef de l’Etat francais projette de restreindre les droits des étrangers. Il avance trois propositions. La première consiste en l’unification des juridictions administrative et judiciaire. Une mesure qui aura pour but d’augmenter les expulsions d’étrangers en situation irrégulière mais qui doit nécessiter un amendement de la Constitution. Sarkozy n’exclut pas de recourir à un référendum pour rendre opérationnelle une telle mesure. La seconde, qui garantit l’aquisition d’un titre de séjour « par mariage avec un Français » sera conditionnée à la justification d’un logement et de ressources suffisantes et stables « au moins égales au Smic ». Une condition extrêmement difficile à remplir lorsque l’on connaît les problèmes de chômage et de l’emploi même lorsque l’on est en situation régulière. Cette proposition affecterait principalement les étrangers d’origine maghrébine (Tunisiens, Marocains et Algériens). La dernière mesure proposée touche les demandeurs d’asile. Que dit-elle ? Les prestations qui leur sont accordées seront limitées « s’ils ne coopèrent pas avec l’administration, déposent leur demande plus de trois mois après leur entrée sur le territoire français ou bien refusent une offre d’hébergement » écrit le quotidien Le Monde sur son site qui a repris un entretien accordé par le chef de l’Etat français, le 11 février, au Figaro Magazine. Il faut préciser qu’un montant de 300 euros mensuels, dont ils peuvent être privés, est versé aux demandeurs d’asile pendant la durée (18 mois en moyenne) du traitement de leur requête. Une mesure qui expose l’administration française à des dépassements et par conséquent, à la pointer du doigt en matière de respect des droits de l’homme.
Pour rappel, le 2 février la Cour européenne des droits de l’homme (Cedh) avait épinglé la France pour un cas de traitement « prioritaire » des demandes d’asile, une procédure dénoncée par plusieurs ONG et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Unhcr). « La juridiction du Conseil de l’Europe a condamné la France pour violation du droit à une procédure équitable dans un dossier concernant un Soudanais de 36 ans qui n’avait disposé que de cinq jours pour formuler sa demande d’asile en France, au lieu de 20 selon la procédure normale », avait rapporté une dépêche de l’APS. C’est donc reparti pour un tour. Alors que l’on avait crû qu’il y aurait un petit moment de répit pour les immigrés après le dérapage du ministre Français de l’intérieur, Claude Guéant, sur les civilisations, Nicolas Sarkozy revient à la charge. Le président de la République française ne veut pas lâcher le morceau, alors qu’il n’a pas encore déclaré sa candidature pour se succéder, tout indique qu’il axera sa campagne sur les thèmes de l’immigration et de l’insécurité.
Des sujets qu’il affectionne particulièrement, dans lesquels il se sent comme un poisson dans l’eau. Le locataire de l’Elysée a endossé son habit de premier policier de France, qui lui sied à merveille. Un uniforme qui lui a servi à se construire une stature d’homme d’Etat qui l’a propulsé au rang de premier magistrat de France en 2007. Marine Le Pen n’a qu’à bien se tenir. Le « président candidat » non encore officiellement déclaré compte bien lui syphonner un maximum de voix. Et tant pis si ce sont encore des candidats à l’immigration régulière qui en feront les frais. L’UMP, pour la majorité au gouvernement, et le Front national pour l’extrême droite ne se feront pas de cadeau et n’en feront pas non plus aux étrangers, hors Union européenne, qui souhaitent s’installer en France. Ils se disputeront âprement un réservoir de voix sensible aux discours populistes et xénophobes et feront monter les « enchères » autant qu’ils le pourront, pour le capter. Tout indique que la course à l’Elysée se fera, essentiellement, sur le dos des immigrés, maghrébins et africains noirs.

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Serbie : les clandestins de la « jungle » de Subotica essaient de survivre au froid

14 février 2012 - Le courrier des Balkans - Vesela Laloš (Traduit par Jovana Papovićà)

Une centaine de demandeurs d’asile pakistanais et afghans tentent de survivre dans la décharge publique de Subotica, en Voïvodine, bloqués dans leur fuite vers l’Europe par la neige et le froid polaire. La plupart d’entre eux sont en Serbie depuis déjà plusieurs mois, après avoir traversé la Grèce et la Macédoine. Parmi eux, un enfant de sept ans. Bravant les interdits, beaucoup de citoyens leur viennent en aide.

Il est très difficile d’arriver jusqu’en Europe, le rideau de fer de Schengen se lève rarement. Le seul et unique chemin pour ces immigrants est l’illégalité : passer à travers la « frontière verte » entre la Serbie et la Hongrie.

Dans les buissons entourés de monceaux d’ordures, il est assez difficile de discerner les tentes improvisées qui, avec la neige, ressemblent à des igloos. Elles sont fabriquées avec des matériaux récupérés sur la décharge dans laquelle ces demandeurs d’asile sans papiers attendent un miracle. Même s’ils ne veulent pas le dire à haute voix, on sait bien que ce « miracle » coûte quelques centaines d’euros et sous-entend un passage arrangé avec, en prime, des papiers pour n’importe quel pays de l’Union Européenne. La plupart d’entre eux, ne sont pas habitués à des hivers si rudes, beaucoup sont tombés malades. Il y a parmi eux un enfant de sept ans qui a été placé, mardi dernier, dans un foyer pour sans-abris.

La municipalité a demandé aux autorités nationales de faire une exception car, comme ces migrants se trouvent illégalement sur le territoire, ils n’ont aucun statut social et n’importe quelle forme d’aide ou de soutien serait une violation de la loi. D’après les dernières informations, la Croix rouge serait venue en aide aux migrants et, comme l’affirment des volontaires de la mission est-européenne, on va leur distribuer des sacs de couchage.

Solidarité citoyenne

Des membres de cette mission de la Croix rouge visitent le campement chaque jour. Tibor Nadj explique que depuis que les médias ont commencé à relayer l’affaire, des habitants viennent quotidiennement apporter des vêtements, des chaussures et des couvertures. Même avant l’intervention de la Croix rouge, les habitants venaient de leur propre chef aider ces migrants en difficulté.

Zora Ćujić, une des premières volontaires a vite fait de motiver ses amis et connaissances. « N’importe quel type d’aide est bienvenue, tout – une paire de chaussette, une vieille couverture, des chaussures usées, du beurre, du pain… toutes ces choses sont importantes pour eux. Quand je les vois ainsi affamés et vêtus de chiffons j’ai l’impression de vivre dans le luxe, leur situation ne peu pas laisser les gens indifférents et insensibles », explique-t-elle.

Nikola Tumbas est aussi en contact avec l’un des « groupes de soutien ». « Je connais des gens qui leur amènent de la nourriture tous les jours, ainsi que des vêtements chauds. J’ai aussi pris part à ces actions. J’ai l’impression que les habitants de Subotica réagissent par réflexe – quand on a appris l’existence du garçon de sept ans, j’ai reçu deux coup de fils de deux familles prêtent à accueillir l’enfant chez elles. Les demandeurs d’asile acceptent cette aide avec une grande reconnaissance. Même s’ils sont à bout de force, mal habillés, vous pouvez voir dans leurs yeux un grand soulagement lorsque vous leur apportez quelque chose », affirme-t-il. ​​ Pour ces migrants clandestins, l’avenir reste néanmoins très incertain. Ils espèrent tous arriver d’une manière ou d’une autre en Europe occidentale et y trouver du travail.

Abdulah Sarkhad, originaire du Pakistan, dit vouloir rester en Serbie s’il parvient à y trouver du travail. « Je suis venu de Grèce, ou j’ai vécu pendant deux ans parce que j’y ai perdu mon travail et je n’ai pas assez d’argent pour payer un voyage jusqu’en Allemagne, Hongrie ou Italie. Je travaillerais bien ici si je pouvais trouver quelque chose mais, pour l’instant, ce qui nous pose le plus grand problème c’est l’hiver », confie Abdulah, épuisé par le froid.

Son ami Ali a essayé, il a quelques jours, de passer vers la Hongrie, mais cela s’est soldé par un échec et il est de retour dans la décharge. Il n’est plus certain de vouloir franchir les frontières de l’Union. « Je ne sais pas... Je voudrais bien rester ici, j’aime beaucoup les gens de Subotica », dit Ali. « Au Pakistan, il y a beaucoup de problèmes – il n’y a pas d’argent, pas de travail, ma maison a été détruite par les inondations. J’ai trois enfants et je dois absolument trouver du travail pou leur envoyer de l’argent ».

À côté d’Ali, se trouvent aussi Mahatma Djahangiri, sculpteur, Aziz, chaussé de baskets presque sans semelles, et Kahul, âgé de 16 ans, qui a vendu tous ses biens pour la promesse de fouler le sol européen. « J’ai donné tout mon argent à des gens, mais voilà je suis toujours ici, et ils ne cessent de me répéter – attend encore un peu, attend ». Kahul reconnaît qu’il ne sait plus s’il doit encore leur faire confiance.

Ces jeunes gens se chauffent la journée devant un feu improvisé au dessus duquel ils préparent des repas dans une grosse boîte de conserve. Depuis que l’hiver à commencé, ceux qui ont un peu d’argent louent des chambres aux abords de la frontière. C’est une solution très risquée, car la police arrête aussi les propriétaires. Ces derniers mois, des demandeurs d’asile ont été arrêtés dans la décharge mais, pour l’instant, la police les laisse tranquilles. Pourtant, en cette période de grand froid, quelques jours de prison seraient un vrai cadeau que l’État serbe pourrait leur faire...

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Afghanistan : Azizullah et Nasibullah, 10 ans, candidats à un attentat suicide

13 février 2012 - Le Point - AFP

Ils ne sont pas encore entrés dans l’adolescence mais sont déjà candidats à un attentat suicide : Azizullah et Nasibullah, 10 ans, ont été arrêtés à Kandahar, bastion taliban du sud de l’Afghanistan, alors qu’ils se préparaient pour la seconde fois à se faire exploser.

Ces deux frêles enfants ont été capturés la semaine dernière en compagnie de leurs trois instructeurs barbus "alors qu’ils préparaient une attaque contre des forces afghanes ou internationales dans la ville de Kandahar", a expliqué Zalmai Ayubi, porte-parole de la province éponyme.

Deux vestes pleines d’explosifs et des armes ont été retrouvées lors de leur interpellation.

Détail étonnant, ce n’est pas la première fois que cela leur arrivait. Originaire de la province du Balouchistan (ouest du Pakistan), Nasibullah, aux sourcils touffus et au visage ovale, a déjà été arrêté à Kandahar alors qu’il portait une veste pleine d’explosifs.

Son apprentissage de la violence a débuté par son propre kidnapping qui l’a mené chez les talibans. "Ils m’ont forcé à tirer à la kalachnikov. J’avais peur au début. Ils m’ont aussi appris à faire sauter ma veste. Ils m’ont montré comment appuyer sur le bouton que j’avais dans ma main", raconte-t-il.

"Ensuite, ils m’ont emmené (à Kandahar). Ils m’ont fait asseoir sur le bord de la route et m’ont dit d’attendre les troupes étrangères. C’est là que la police m’a arrêté", poursuit le jeune Pakistanais dont les propos ont été retransmis par Tolo news, une chaîne d’information afghane.

Arrêté, il est interrogé puis envoyé à Kaboul où le président Hamid Karzaï lui accorde son pardon en compagnie de 19 autres enfants/adolescents, lors de l’Aïd-el-Fitr, qui marque la rupture du ramadan. De retour chez lui, il est vraisemblablement repris par les talibans.

Orphelin, Azizullah apprend dans une madrasa - une école religieuse - que "quand on mène une attaque suicide sur des soldats, on ne meurt pas. Seul un doigt est coupé", explique-t-il. Envoyé en mars à Gardez, la capitale de la province de Paktya, dont il est originaire, pour s’y faire sauter, il est arrêté.

Son destin le mène, tout comme Nasibullah, à Kaboul, où il obtient également la grâce présidentielle. Puis Azizullah, aux grand yeux doux, est envoyé en maison de correction, d’où il s’échappe en creusant un trou dans un mur.

Ses formateurs, en le voyant revenir lui disent : "Viens, on va t’entraîner encore pour que quand les Américains te tirent dessus, ils ne te touchent pas", narre-t-il. "Ils ont tiré à ma droite et à ma gauche. Je n’ai pas été touché !"

"J’espère qu’on ne trompe pas les enfants de mon âge qui étudient dans des madrasas", remarque-t-il piteusement. "J’ai demandé aux professeurs de ma madrasa de ne pas apprendre aux autres enfants à devenir des kamikazes", lui répond en écho Nasibullah.

"Même s’ils recrutent la plupart du temps de jeunes hommes, les talibans prennent aussi des enfants pour leurs attaques. Il est facile de les entraîner. Ils n’ont pas besoin de laver leurs cerveaux pour qu’ils acceptent de porter une attaque", commente Waheed Mujda, ancien cadre taliban devenu analyste.

"En plus, les enfants ont accès à plus d’endroits. Personne ne les fouille ou les arrête", poursuit-il dans un entretien avec l’AFP.

La présentation des deux enfants à la presse a eu lieu dimanche, journée internationale contre l’utilisation d’enfants soldats. "On continue à voir en Afghanistan des enfants recrutés comme combattants, tués, violés ou abusés sexuellement", dénonce l’Union européenne dans un communiqué.

Selon l’ONU, quelque 15% des plus de 3.000 civils tués en 2011 en Afghanistan l’ont été lors d’attentats suicide, imputables aux insurgés, dont le nombre n’a pas augmenté mais qui ont fait 80% de victimes supplémentaires par rapport à 2010.

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L’OTAN reconnaît la mort d’enfants lors d’une attaque en Afghanistan

13 février 2012 - Radio Canada - AFP

L’OTAN a reconnu lundi la mort de plusieurs enfants lors d’un bombardement survenu dans la province de Kapisa, au nord-est de Kaboul, en Afghanistan.

Lors d’une conférence de presse, le général Carsten Jacobson de la force de l’OTAN en Afghanistan (Isaf) a expliqué qu’un groupe d’hommes a été visé par l’aviation de la coalition, en respectant toutes les directives tactiques de l’Isaf.

Le général Jacobson a indiqué qu’« à la suite du combat, des victimes additionnelles ont été découvertes, qui étaient des jeunes afghans d’âges variés ».

Cette opération avait été dénoncée jeudi par le président afghan Hamid Karzaï, qui a fait état de huit enfants tués à Geyawa, un village du district de Nijrab, en Kapisa.

M. Karzaï avait envoyé sur place une délégation composée notamment de parlementaires et de représentants des ministères afghans de la Défense, de l’Intérieur et du gouvernement local pour enquêter sur l’incident.

La France transférera la sécurité de la province de Kapisa aux forces afghanes à compter de mars 2012, a annoncé fin janvier le président français Nicolas Sarkozy.

La décision est survenue après l’assassinat en Kapisa de quatre soldats français désarmés par un des militaires afghans qu’ils formaient.

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Iran. Nouvelle offensive du pouvoir contre internet

13 février 2012 - Ouest France - Reuters

Les autorités iraniennes ont lancé une vaste offensive contre internet, bloquant les principales messageries et empêchant l’accès à de nombreux sites étrangers, dans un nouvel effort pour isoler le pays critiqué même au sein du régime. Les autorités n’ont donné aucune explication.

Des millions d’Iraniens ne peuvent plus accéder depuis la fin de la semaine dernière à leurs boîtes e-mail fournies par le service de messagerie Gmail de Google, celui de Yahoo ou encore Hotmail de Microsoft, selon les médias.

Internet censuré et fortement ralenti

« Les usagers de l’internet ont des difficultés pour accéder à des sites extérieurs ou d’actualité tout comme à des moteurs de recherche étrangers et à des services de messagerie », a reconnu l’agence de presse Mehr en incriminant « une vitesse lente, des pannes et des blocages ».

Mais elles coupent ou réduisent les liaisons internet lorsqu’elles craignent des manifestations de l’opposition. Elles bloquent déjà des dizaines de milliers de sites étrangers, surtout ceux de médias ou gouvernements occidentaux, ainsi que les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou Youtube.

Avec plus de 36 millions d’internautes pour 75 millions d’habitants, l’Iran est le pays du Moyen-orient le plus branché sur le web qui a joué un grand rôle dans les manifestations populaires ayant secoué le pays après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009.

« Mais c’est la première fois que nous n’avons plus du tout d’internet », constate un père de famille qui a perdu tout contact avec ses enfants étudiant à l’étranger. Même le recours au VPN (Virtual Private Network), en principe interdit mais utilisé par un nombre croissant d’internautes pour contourner la censure, n’est souvent plus possible en raison de la lenteur des connexions.

Impact économique

« L’accès de la plupart des banques du pays aux réseaux internet est devenu impossible depuis quatre jours », écrit lundi le quotidien Hamchahri. « De même, l’accès aux sites utilisant le protocole HTTPS est devenu impossible après sa fermeture, ce qui a provoqué des perturbations dans les échanges commerciaux et scientifiques ».

« J’attends des documents urgents pour un contrat avec une entreprise turque, et mon internet est totalement bloqué », s’énerve le responsable d’une petite entreprise important du matériel électrique.

Hamchahri a également souligné l’impact du blocage pour « les 4,1 millions d’étudiants iraniens qui envoient chaque jour des millions d’e-mails » dans le cadre de leurs études. Les fournisseurs d’accès ont affirmé qu’ils n’étaient pas en cause, rejetant implicitement le problème sur le gouvernement.

Le comité de filtrage en cause ?

Un responsable au ministère des Télécommunications, Ali Asghar Ansari, a indiqué à Hamchahri que le blocage avait « probablement » été ordonné par le « Comité de filtrage » au ministère. Le blocage est intervenu à la veille de l’anniversaire des dernières grandes manifestations de l’opposition réformatrice le 14 février 2011.

Des appels à des rassemblements ont circulé sur internet ces derniers jours, provoquant une certaine nervosité du régime qui a accru la présence policière à Téhéran et renforcé le brouillage des chaînes satellitaires étrangères.

Les autorités ont par ailleurs annoncé la mise en place, à partir de 2012, d’un « internet iranien » devant se substituer progressivement aux serveurs et moteurs de recherche étrangers. Elles avaient indiqué fin décembre avoir rapatrié 90 % de ses sites officiels pour des « raisons de sécurité », et encouragé les entreprises à faire de même.

Toutefois, « les problèmes actuels ne sont pas dus au lancement […] du réseau national de communication, qui ne prévoit aucun blocage d’accès aux e-mails », selon un expert cité par Hamchahri. Fait rare, des critiques se sont élevées jusqu’au sein du pouvoir.

Les mesures prises « sans aucune information préalable provoqueront la colère parmi la population la plus éduquée et risquent de coûter cher au régime », s’est inquiété l’influent député ultra-conservateur Ahmad Tavakkoli. « S’il y a des justifications sécuritaires, les responsables doivent clairement les expliquer », a-t-il ajouté.

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L’Iran réprimera toute manifestation dans les prochains jours

12 février 2012 - Le Monde - Reuters

Les autorités iraniennes ont averti dimanche qu’elles réprimeraient dans les jours qui viennent toute manifestation qui serait organisée lors du premier anniversaire de l’assignation à résidence des dirigeants de l’opposition Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi.

Des élections législatives sont prévues le 2 mars en Iran. Il s’agira du premier scrutin national depuis que Moussavi et Karoubi ont été battus à la présidentielle de juin 2009, dont le résultat, selon l’opposition, a été truqué en faveur du sortant Mahmoud Ahmadinejad. Le gouvernement a nié toute fraude lors de cette élection, dont le résultat a déclenché de grandes manifestations, durement réprimées par les forces de l’ordre.

Moussavi et Karoubi ont été placés en résidence surveillée le 14 février 2011 après avoir appelé leurs partisans à manifester en soutien avec les mouvements de contestation du "printemps arabe". Le gouverneur de la province de Téhéran, Morteza Tamaddon, a déclaré que l’appel des réformistes à manifester mercredi, pour l’anniversaire des restrictions imposées à Moussavi et Karoubi, était un "coup de pub" des opposants à la Révolution islamique.

"Nous nous opposerons à cet appel en prenant toute mesure de sécurité qui s’impose", a déclaré Tamaddon, cité par le site internet réformiste Kaleme. Des dizaines de milliers d’Iraniens ont participé samedi à des rassemblements organisés par le régime à l’occasion du 33e anniversaire de la révolution islamique de février 1979.

Les législatives qui auront lieu dans moins de trois semaines permettront de mesurer le degré de popularité des partisans d’Ahmadinejad et de ceux du guide suprême de la Révolution, l’ayatollah Ali Khamenei, sur fond de lutte entre factions conservatrices. Les réformistes ont fait savoir qu’ils boycotteraient ce scrutin, leurs revendications en faveur d’élections "libres et justes" ayant été ignorées. Un taux de participation faible saperait les efforts du pouvoir pour redorer son image, entachée par la répression des manifestations du mouvement "vert" (réformiste) de 2009.

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Une jeune Afghane va boxer aux Jeux olympiques de Londres

11 février 2012 - Le Nouvel Obs - AP

KABOUL (AP) — En montant sur un ring lors des Jeux olympiques de Londres cet été, Sadaf Rahimi fera sans doute un peu avancer par ses poings les droits des femmes en Afghanistan. Car dans ce pays, la plupart d’entre elles restent des citoyens de seconde zone, le corps dissimulé sous des burqas, souvent victimes de mauvais traitements ou cachées dans leurs maisons.

Cette étudiante de 17 ans veut montrer un nouveau visage de la femme afghane aux yeux du monde, en glanant des honneurs pour elle-même, mais aussi pour ses concitoyennes, dans son pays déchiré par la guerre. Elle aura sa chance à Londres, où des épreuves de boxe sont organisées pour la première fois pour les femmes.

"Quand nous participons à des compétitions à l’étranger, il y a de la pression sur nous", confie Sadaf Rahimi lors d’un entraînement dans un gymnase de fortune de Kaboul. "Mais j’essayerai de montrer qu’une jeune Afghane peut monter sur un ring et obtenir de la reconnaissance en Afghanistan".

Par respect pour les traditions afghanes, Sadaf Rahimi devrait porter des collants noirs sous ses vêtements de sport pendant les Jeux pour couvrir ses genoux. Elle s’entraîne plusieurs heures quotidiennement, à raison de trois jours par semaine dans une salle d’un stade où le régime taliban, quand il était au pouvoir entre 1996 et 2001, a procédé à des exécutions publiques.

Quand les talibans ont interdit aux femmes de participer à des événements sportifs, le Comité international olympique a suspendu la participation de l’Afghanistan aux Jeux olympiques. Conséquence : aucun athlète afghan n’a pas été aux JO en 2000. Le régime taliban est tombé en 2001 et la suspension a été levée l’année suivante. Kaboul a envoyé des athlètes femmes -pour la première fois de l’histoire du pays- aux Jeux olympiques de 2004 à Athènes.

Sadaf Rahimi, qui est soutenue par sa famille à Kaboul, marche sur les traces de Robina Muqimyar, une Afghane qui a participé à des épreuves de sprint à Athènes. Une autre Afghane, la coureuse de demi-fond Mehboda Ahdyar, devait aller aux Jeux olympiques de Pékin en 2008, mais elle n’a finalement pas pu y participer parce qu’elle était blessée.

"Je suis consciente que mes adversaires aux Jeux olympiques de Londres sont plus forts, et même deux fois meilleurs que moi, mais je me suis préparée à participer et à gagner une médaille", assure Sadaf Rahimi, qui a commencé la boxe il y a quatre ans et a remporté une médaille d’argent lors d’une compétition au Tadjikistan.

La boxe féminine est un sport inhabituel dans un pays comme l’Afghanistan, où la plupart des femmes continuent à se battre pour leurs droits et ne sont guère respectées -et parfois même victimes d’atrocités- dans une société dominée par les hommes.

Il y a toutefois de plus en plus d’opportunités pour les Afghanes qui veulent faire du sport à haut niveau, souligne Mohammad Saber Sharifi, l’entraîneur de l’équipe féminine de boxe. Celle-ci a été mise en place par le Comité olympique afghan en 2007 et, pour l’instant, elle compte dans ses rangs plus d’une vingtaine d’athlètes.

Sadaf Rahimi, qui combat dans la catégorie des poids coqs (-54 kilos), prévoit de se rendre à Londres le 19 février pour s’entraîner pendant plusieurs semaines. En mai, elle participera à une compétition en Chine, mais quel que soit son résultat là-bas, elle sera présente aux JO à Londres.

"Sadaf Rahimi est la seule fille qui participera à ces Jeux", précise M. Sharifi. "Elle représentera toutes les femmes afghanes, ce qui fait d’elle la plus grande personnalité féminine en Afghanistan".

Jusqu’à présent, les choses ont été plus faciles pour les athlètes masculins en Afghanistan.

Rohullah Nikpaï a été le premier médaillé olympique afghan. Il a remporté une médaille de bronze en taekwondo en 2008, aux JO de Pékin, battant plusieurs adversaires européens, dont le champion du monde espagnol Juan Antonio Ramos.

A cause de l’insécurité en Afghanistan, sa famille s’est enfuie en Iran où il a grandi. Il est revenu en Afghanistan en 2004, trois ans après la chute du gouvernement taliban. Après sa médaille obtenue à Pékin, il est devenu un symbole de la fierté nationale. "Aux JO de 2008, j’ai gagné une médaille de bronze, et j’espère gagner une médaille d’or aux JO de 2012 à Londres", lance Nikpaï.

Deux autres hommes viendront compléter le groupe des quatre athlètes qui représenteront l’Afghanistan aux JO cette année. Le sprinter Massoud Azizi, 25 ans, qui disputera le 100m après avoir déjà participé aux JO de Pékin en 2008, et Nasar Ahmad Bahaoui, qui s’alignera comme Nikpaï dans le tournoi du taekwondo.

"Les gens attendent beaucoup de nous. Nous savons que nous affronterons les adversaires les plus coriaces", confie Bahaoui, qui s’entraîne dans un gymnase construit récemment dans l’enceinte du stade de Kaboul. "Nous bénéficions des prières de notre peuple et, si Dieu le veut, nous obtiendrons de bons résultats".

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Pétition contre l’enfermement des enfants étrangers

10 février 2012 - RESF

Pour prendre connaissance des revendications de cette pétition et la signer, cliquez ici !

Achicourt : Offrir ses baskets, un geste de solidarité pour les migrants

10 février 2012 - L’Observateur de l’Arrageois

Depuis janvier, le centre socioculturel d’Achicourt a ouvert un point de collecte. Ici, on récupère les baskets en bon état, pour les migrants de Calais.

La condition des migrants de Calais, un sujet qui peut paraître lointain aux Arrageois. Le centre socioculturel d’Achicourt a donc décidé « d’engager le débat ». Il s’engage dans la campagne « Solidarité baskets », lancée par la Fédération des centres sociaux du Pas-de-Calais. « Pour faire connaître la réalité des migrants et le quotidien des bénévoles qui agissent auprès d’eux », souligne Cédric Bigourie, directeur de la structure achicourienne.

Et si chacun pouvait apporter son aide à ces personnes démunies ? Il suffit de fouiller dans ses placards, pour faire un geste. Une paire de chaussures en bon état, voilà notamment ce qui manque aux migrants. Jusque fin mars, un point de collecte est ouvert dans l’Arrageois. Au centre socioculturel d’Achicourt, vous pouvez déposer votre paire de chaussures. De préférence, des baskets, de la taille 41 à 47.

Comment est née l’idée de cette « Opération solidarité baskets » ? « La fédération des centres sociaux du Pas-de-Calais a organisé son université fédérale à Sangatte, l’année dernière », commente Cédric Bigourie. « Elle a été marquée par l’histoire des migrants et a voulu s’engager sur cette thématique. » La fédération s’est rapprochée avec trois associations implantées à Calais : Salam, l’Auberge des migrants et La Marmite aux idées. Ensemble, ils ont déterminé ce que les bénévoles avaient du mal à offrir aux migrants : des baskets. Neuf points de collecte ont donc ouvert dans le Pas-de-Calais.

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Les ambiguïtés de l’immigration "intelligente" du candidat Hollande

9 février 2012 - Le Monde - Elise Vincent

Le concept "d’immigration intelligente", lâché de façon un peu impromptue par François Hollande, jeudi 27 janvier, à l’occasion du débat qui l’opposait à l’ancien premier ministre Alain Juppé sur le plateau de l’émission "Des paroles et des actes", sur France 2, ne cesse d’interroger, depuis, tous ceux qui s’intéressent à la question migratoire en France.

Dit avec l’air bonhomme de M. Hollande, ce beau mot est d’abord apparu nettement moins clivant que les concepts d’immigrations "choisie" ou "subie", développés par Nicolas Sarkozy en 2007. Mais au regard du programme du candidat socialiste sur l’immigration, constitué en tout et pour tout de quatre phrases et sept lignes, il est aussi venu mettre en exergue la malléabilité de l’adjectif.

Sur le plan du discours, certes, la ligne semble claire : M. Hollande "n’aura pas besoin de stigmatiser pour parler immigration", assure Mireille Le Corre, en charge du pôle "immigration-intégration" dans l’équipe de campagne du candidat socialiste. La volonté de M. Hollande d’accorder le droit de vote aux élections locales aux étrangers devrait l’obliger, effectivement, à adopter un ton plus consensuel que Nicolas Sarkozy.

Cette proposition d’ordre surtout symbolique se trouve toutefois contrebalancée par une position plus rigide sur la "lutte contre l’immigration irrégulière". Le candidat socialiste la décrit dans son programme comme "implacable". Des accents sécuritaires nouveaux dans sa bouche, qui n’ont rien à envier à ceux de la majorité et dénotent une volonté d’éviter les procès en angélisme tout en rassurant l’électorat le moins libéral sur ce thème. "Il n’y aura pas d’objectifs chiffrés" mais "il y aura des éloignements (des expulsions)", défend ainsi Mme Le Corre, en prononçant un mot que peu de socialistes se risquent à lâcher alors que beaucoup, dont M. Hollande, ont longtemps dénoncé la brutalité de cette procédure. A ce titre, aucune proposition d’aménagement de la très polémique "rétention administrative" n’apparaît non plus dans son programme.

"AU CAS PAR CAS"

La proposition de "régulariser" les étrangers en situation irrégulière "au cas par cas sur la base de critères objectifs", témoigne du même exercice d’équilibrisme. Le "cas par cas" est aujourd’hui la règle appliquée par toutes les préfectures. C’est elle qui donne lieu à l’"arbitraire" tant dénoncé par les associations.

Mais pour ménager à l’inverse, les inquiétudes de son électorat le plus humaniste, M. Hollande propose dans le même temps des critères "objectifs" à ce traitement. Ces critères reposeront sur "la durée de résidence, le lien avec l’emploi et les attaches familiales, notamment la scolarisation des enfants", détaille Mme Le Corre. Mais, là encore, ce sont déjà ces critères qui sont pris en compte par les préfectures.

L’enjeu, si M. Hollande est élu, résidera donc dans le degré de précision de ces paramètres. Ce sont eux qui permettront - ou pas - une régularisation "large", comme l’appelait de ses voeux le Parti socialiste dans sa dernière motion sur l’immigration adoptée en novembre 2009. Le mot a disparu du vocabulaire lors des primaires de 2011.

L’ambiguïté demeure enfin, dans le programme de M. Hollande, sur ce qui constitue pourtant, aujourd’hui, le coeur des difficultés des nouveaux immigrés en France : la politique des titres de séjour. En raison de leur durée limitée (généralement un an renouvelable), ils maintiennent éloignés des bons logements et du crédit leurs titulaires et renforcent les concentrations dans les quartiers défavorisés.

Sur ce sujet, le candidat socialiste se contente d’annoncer qu’il "sécurisera" l’immigration légale. Reprendra-t-il, plus tard, les propositions de son porte-parole Manuel Valls qui prônait encore, à l’automne, l’instauration de cartes de cinq ans et dix ans renouvelables automatiquement ? Rien ne le dit. L’immigration c’est la mondialisation, et sur ce dernier sujet, le candidat Hollande, pour l’heure, apparaît toujours tenté par le protectionnisme.

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Chassés par la guerre, les enfants des déplacés afghans meurent de froid

9 février 2012 - Le Parisien - AFP

Après avoir fui la violence des talibans et les attaques des troupes de l’Otan, des milliers d’Afghans, qui ont trouvé refuge dans des camps de la capitale Kaboul, font face à un nouvel ennemi : le froid, particulièrement vif cet hiver, tue leurs enfants.
Del Agha, un fermier de la province de Kandahar, bastion taliban dans le sud, dit avoir a quitté ses terres il y a quatre ans après qu’un bombardement de l’Otan eut tué plusieurs villageois.
La semaine passée, sa fille de trois ans est décédée.
"Il faisait très froid cette nuit-là. Quand je me suis réveillé, elle était morte", raconte-t-il devant son domicile, sorte de trou dans le sol entouré de murs de terre d’un mètre de haut, au sommet desquels quelques vieilles étoffes et des morceaux déchirés de tente font office de toit.
Vivant à Charhi Qambar, l’un des camps de déplacés situé aux portes de Kaboul, Del Agha déplore une vie "très dure" et confie : "J’ai peur pour mon autre enfant", un nourrisson de quelques mois, qui tousse à ses côtés.
Khair Mohammad, 12 ans, a également fui il y a quatre ans le sud de l’Afghanistan. Sa famille a fait ses bagages lorsque son oncle, soupçonné d’être un espion à la solde des troupes étrangères, a été pendu à un arbre et éventré au couteau.
Les tempêtes de neige et un vent glacial traversant sa hutte depuis quelques semaines, ajoutés aux températures négatives - jusqu’à -16 degrés la nuit -, lui rendent la vie difficile. "Depuis que le froid est arrivé, tant d’enfants sont morts. On les enterre là-bas", explique-t-il, désignant une petite colline.
Ce dernier mois, "quinze victimes" du froid, "presque toutes des enfants", ont été recensées dans à peine trois des quarante camps de déplacés de Kaboul, observe Ghulam Sakhi Kargar Noorughli, un porte-parole du ministère de la Santé, ajoutant que la moitié des décès sont survenus à Charhi Qambar.
D’après des résidents, ce bilan est au moins deux fois supérieur.
La guerre entre les insurgés islamistes et les forces pro-gouvernementales, soutenues par les troupes de l’Otan qui ont chassé les talibans du pouvoir fin 2001 ont poussé quelque 447.000 Afghans à abandonner leurs maisons, d’après le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
Pour la seule année 2011, 185.000 personnes, majoritairement dans le sud, ont dû quitter leurs villages, soit une augmentation de 45% par rapport à l’année précédente, d’après Nader Farhad, un porte-parole du HCR.
Environ 18.000 personnes vivent désormais dans de ce que l’agence onusienne appelle des "campements informels" dans ou près de Kaboul. Parmi ceux-ci, 1.500 migrants sont "liés au conflit", tandis que les autres ont quitté leurs foyers pour des raisons économiques, selon la même source.
Un quart de la population afghane est en outre constituée de réfugiés autrefois exilés au Pakistan ou en Iran et revenus au pays après l’intervention militaire occidentale.
Malgré les milliards de dollars d’aide ayant inondé le pays depuis la chute des talibans, l’Afghanistan reste l’un des pays les plus pauvres du monde.
"Nous avons fait une erreur, la plus grande erreur jamais commise par le HCR", déclarait fin décembre à l’AFP Peter Nicolaus, chef du HCR en Afghanistan, au sujet de la stratégie de son organisation, qui ne s’est pas pas souciée des débouchés professionnels offerts aux réfugiés, les condamnant à la misère.
L’Afghanistan était en 2009 le deuxième pays du monde, après le Tchad, où la mortalité pour les enfants de moins de 5 ans était la plus élevée, d’après l’Unicef, qui l’évaluait à 199 pour mille en 2009. Un enfant sur 5 n’atteignait pas l’âge de 5 ans dans ce pays.
Selon le ministère de la Santé, qui se base sur une étude plus récente, ce pourcentage aurait diminué de moitié, pour atteindre 97 décès pour 1000 en 2011. Un enfant sur 10 meurt avant ses 5 ans en Afghanistan.

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Jusqu’à sept ans de prison pour les membres d’un réseau de passeurs

9 février 2012 - La Voix du Nord - Jean-Marc Szuba

Six Afghans ont été condamnés à des peines allant de trois à sept ans de prison ...

pour avoir aidé des clandestins à partir du parking du péage de l’autoroute, à Setques.

Les six Afghans qui comparaissent mardi au tribunal correctionnel sont bien encadrés par des gendarmes et des policiers. Ils ont de 23 ans à 33 ans et sont originaires de la même ville, Baglan. On leur reproche, de fin 2010 au début de l’été 2011, d’avoir travaillé en bande organisée pour faire monter des clandestins dans des camions à destination de l’Angleterre.

Ce n’est pas la première fois que le parking de l’A 26 à Setques est utilisé par des passeurs. Un autre Afghan a d’ailleurs été condamné en juillet dernier à sept ans de prison. La place devenue vacante attire certains de ses compatriotes repérés précédemment à Calais et au camp de Loon-Plage.

Pour obtenir l’exclusivité du parking de Setques, l’intimidation et la force sont souvent utilisées. De même pour maintenir les prix qu’une filière kurde à Loon-Plage tend à faire baisser.

Comme souvent dans les affaires de drogue, les enquêteurs montent leur dossier essentiellement à partir d’écoutes téléphoniques. S’ajoutent des éléments fournis par des informateurs anonymes. Dont parfois d’autres passeurs qui visent à éliminer la concurrence. De plus, certains déplacements ont été établis grâce à des caméras de vidéo-surveillance à Saint-Omer.

La loi du plus fort

Des six prévenus, l’un est considéré par les enquêteurs comme l’intendant, voire « le papa du camp » de la Bergerie, à la limite de Tatinghem et Longuenesse. Il va chercher les clandestins, les escorte.

Le deuxième agit comme rabatteur. Il cherche des candidats au passage. Rien qu’en deux jours, il a passé 130 coups de téléphone à deux autres prévenus.

Le troisième aurait touché un genre de forfait de 450 E par mois pour aller chercher des clandestins à Paris.

Le quatrième est présenté comme un des chefs du camp de la Bergerie. Il prend la place d’un passeur, qui ne fait pas partie des six prévenus, quand ce dernier est absent de la région.

Le cinquième agit avec des personnes basées à Paris, en Grande-Bretagne, en Afghanistan. Il est surnommé « le banquier » ou « le commandant ». Il travaille quasiment avec un carnet de commandes.

Le sixième se dit « chef malgré moi » suite à l’arrestation du compatriote jugé en juillet. Il a déclaré à un autre membre du réseau : « Tu ne baisses pas les prix ! ». Il reconnaît avoir gagné environ 1 000 E par mois mais un comparse estime que le total de ses gains s’établit entre 170 000 E et 340 000 E. Il apparaît comme le méchant de la bande. Il dispose apparemment d’un pistolet. Lui aussi est désigné comme un chef du camp de la Bergerie.

Le procureur fustige le « contrôle lucratif d’une bande organisée qui considère les clandestins comme leur appartenant, les traitant parfois de melons ou de concombres, transformant les camps en zones de non droit où règne la loi du plus fort ». Il requiert des peines de quatre ans à six ans avec maintien en détention.

Si le tribunal a condamné à trois ans celui qui faisait office d’intendant du camp, les autres ont écopé de peines allant de quatre ans à sept ans.

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Des chalets chauffés pour les migrants

8 février 2012 - Le Phare Dunkerquois - D. E.

Après avoir longtemps hésité, la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD) relaye désormais les efforts des communes concernées par l’accueil des migrants.
Des chalets en bois ont été provisoirement installés à Téteghem et à Grande-Synthe pour aider les sans-papiers à faire face aux rudesses hivernales.
La soudaine attaque de l’hiver n’a pas pris les migrants au dépourvu. Comme si le froid sibérien avait été prévu de longue date, la commune de Téteghem a procédé au montage, quinze jours plus tôt, de chalets en bois en lieu et place des tentes de fortune jusque-là dressées aux abords du lac.
Vu du pont de la 32e DI, le "village" se donne des airs de camp de vacances. Un tableau bien éloigné de ce à quoi les migrants étaient habitués. Eux qui, l’an dernier encore, s’abritaient sous des tentes, faites de bâches et de sacs plastiques assemblés, et protégées du ruissellement par une rigole. Pour se chauffer, une quantité phénoménale de bois était nécessaire. A défaut, les migrants mettaient le feu à leurs immondices. Tant pis pour les fumées toxiques... Maire de Téteghem, Franck Dhersin se félicite : « Ce sont plutôt des abris de jardins que des chalets en bois, mais ils sont isolés et chauffés par un groupe électrogène. Cela permet aux migrants de passer l’hiver décemment : ils ont l’eau, du chauffage et sont au sec. » _ Franck Dhersin réfute la critique selon laquelle l’initiative favoriserait l’afflux de migrants. « C’est une solution provisoire, prise en concertation avec la CUD. J’ai toujours dit qu’il y avait de la place à Téteghem pour accueillir 40 personnes, pas plus. Nous avons donc monté huit chalets de cinq places chacun. Tout le monde est gagnant. L’an dernier, pour se chauffer et survivre, les migrants étaient contraints de voler des palettes. L’objectif est rempli, le ressenti pour la population est moins négatif et les migrants sont à l’abri du froid. » _ Téteghem n’est pas la seule commune à se soucier du sort des migrants vivant sur son territoire. Grande-Synthe qui, avec Loon-Plage, fut la première ville à installer des tentes chauffées pour les clandestins, est également incluse dans le dispositif communautaire. Depuis le 1er février, 14 chalets sont en cours d’installation.
Le sous-préfet de Dunkerque, Jérôme Gutton, a d’ores et déjà indiqué qu’il tolérerait ces installations provisoires jusqu’au retour de températures plus clémentes : « en période hivernale, on peut tolérer l’installation de quelques tentes ».

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Dijon : les demandeurs d’asile au chaud jusqu’au 15 mars

8 février 2012 - Gazette Info - Aurélien Gaudriot

Initialement expulsés de l’ancien internat de l’Ecole des Greffes où ils ont trouvé refuge depuis le 26 janvier, les demandeurs d’asile ont bénéficié d’un peu plus d’un mois de sursis.

L’ancien internat de l’Ecole des Greffes restera occupé durant encore plus d’un mois. Le dossier des demandeurs d’asile a connu un nouveau rebondissement mardi suite à une décision du tribunal d’instance de Dijon. Les demandeurs d’asile, originaires d’Afrique subsaharienne (Erythrée, Ethiopie, Somalie, Gabon, Congo, Soudan), avaient engagé une action auprès du juge de l’exécution afin d’obtenir un délai d’expulsion.

Les squatteurs et les associations de soutien ont été entendus puisqu’un délai courant jusqu’au 15 mars a été accordé, « au motif notamment de la saturation des dispositifs d’hébergement d’urgence pour les sans-abri à Dijon et de l’absence de propositions de relogement par l’Etat » explique Paul Garrigues de la Ligue des droits de l’homme. Au cours de cette période, le préfet de Côte-d’Or et l’Etat devront être en mesure de trouver un logement décent pour l’ensemble des demandeurs d’asile. Les associations * souhaitent « engager un dialogue de fond et mettre en place des solutions pérennes » en collaboration avec la préfecture.

* ACAT Dijon, Action Catholique Ouvirère, Adisar, Afrane, Amnesty international, ATTAC21, CFDT21, Club UNESCO Dijon, CCFD Terre Solidaire,, CSF, Espace Autogéré des Tanneries, Fraternité de Saint François d’Assises, FSU 21, La Cimade, la Vie Nouvelle, LICRA, Ligue des Droits de l’Homme, MRAP, Pastorale des Migrants, RESF21, Secours Catholique, SOS Refoulement, Syndicat de la Magistrature, Urgence Solidaire

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RUSSIE. Tadjiks, ces indésirables

7 février 2012 - Nouvel Obs - Boris Marois et Anaïs Gerbaud

Avec plus de 500.000 ressortissants à Moscou, les Tadjiks, originaires d’Asie centrale forment la première minorité ethnique et sont l’objet de discriminations et violences policières.

Dans le quartier de Ryazansky, au sud-est du grand Moscou, Shodibek partage son modeste appartement avec sa femme Nozigul, son fils, son frère et une nièce. Une autre famille vit avec eux. En tout, ils sont une quinzaine originaires du Tadjikistan. La résignation se lit sur leurs visages fatigués.

Assis en tailleur, traditionnel bonnet en laine sur la tête, Shodibek raconte son arrivée à Moscou depuis le Pamir, sa région natale. C’était en 1998 : "Je suis arrivé par le train. J’ai commencé à travailler comme manœuvre dans un bazar. " Un très mauvais souvenir : "Nous étions constamment harcelés par la police. Si on ne leur donnait pas de bakchich, ils nous prenaient nos passeports ou nous frappaient."

Pendant six ans, Shodibek a subi les violences des policiers dans le commissariat 51, à côté du marché. Pour lui, aucun moyen de se défendre : "J’étais en situation irrégulière. Je n’avais aucun droit." Maintenant ça va mieux : Shodibek a des papiers et il a pu changer de travail.

Selon une militante de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FIDH), spécialiste des discriminations contre les migrants en Russie, ces violences policières contre les immigrés sont davantage dues à la corruption latente qu’à des comportements purement racistes : "Les policiers, notamment à Moscou, viennent souvent de la campagne et leur salaire est peu élevé. Ils sont tentés d’arrondir leurs fins de mois en rackettant les migrants, en particulier les minorités visibles dont font partie les Tadjiks."

Des policiers zélés

Il y a deux mois, cette violence s’est accrue. Comme les Tchétchènes il y a quelques années, les Tadjiks ont subi les tensions entre la Russie et leur pays d’origine. Le 8 novembre 2011, deux pilotes russes sont condamnés par le Tadjikistan à huit ans et demi de prison, notamment pour "franchissement illégal de la frontière".

La machine s’emballe : en représailles, Moscou accuse ces migrants de propager le VIH ou la tuberculose et d’être des criminels. La peur est relayée dans les médias et les xénophobes s’emparent du mouvement.

De jeunes militants du parti Russie Unie manifestent devant l’ambassade du Tadjikistan : "Ne mordez pas la main qui vous nourrit". Le Service fédéral des migrations annonce l’expulsion de 100 Tadjiks dans un premier temps. Selon la Fédération des migrants de Russie, 1.500 sont interpellés. Il est question d’interdire l’accès à l’emploi à tous les Tadjiks alors qu’ils occupent de nombreux postes, notamment sur les chantiers de Moscou. "C’était terrible, se souvient Shodibek. Beaucoup d’entre nous ont été battus par la police avant d’être emprisonnés et leurs passeports déchirés. On avait peur d’aller au travail."

Ce climat délétère a duré à peine deux semaines. Dès que le tribunal tadjik a relaxé les pilotes, l’Etat russe a aussitôt calmé le jeu. "Maintenant, la pression est redescendue", confirme Shodibek. Selon la spécialiste de la FIDH, au total "300 expulsions ont été officialisées, mais elles se chiffrent certainement au-delà". De source diplomatique, 2.327 immigrés ont été expulsés vers le Tadjikistan sur l’ensemble de l’année 2011. Un chiffre bien inférieur aux 3.157 expulsions de 2010. Le ministère de l’immigration russe a pourtant accentué la pression sur les Tadjiks au moment de l’affaire des pilotes.

S’il est difficile de connaître le chiffre exact des expulsions ordonnées par Moscou, les autorités russes ont aussi joué la carte de la menace. Des témoins attestent de descentes de police dans plusieurs lieux de travail employant des Tadjiks. Les agents ont ordonné aux patrons de leur fournir la liste de ces travailleurs immigrés.

Motivées par l’argent, "les forces de police anticipent les injonctions politiques", affirme même la spécialiste de la FIDH. Le comité Assistance civique raconte par exemple l’histoire d’un Tadjik arrêté à l’aéroport de Domodedovo à Moscou, le 18 novembre. Apeuré, l’homme a dépensé tout son argent dans un billet d’avion à destination de Douchanbé, la capitale tadjique. Avant d’embarquer, un agent de police lui a demandé 2.000 roubles. Pourquoi ? "Pour nos pilotes qui ont été insultés", a rétorqué celui-ci. Sans le sou, le migrant a été retenu au décollage et a dû rester à Moscou. Un comble.

Ces méthodes rappellent celles utilisées contre les Géorgiens pendant les années Poutine. En 2006, 5.000 Géorgiens avaient été expulsés de Russie, lorsque Tbilissi avait accusé des ressortissants russes d’espionnage. Pour la militante de l’organisation des droits de l’homme, Medvedev "est plus lisse que Poutine" et se focalise moins sur un groupe en particulier. Pourtant, d’après une de ses études, cette souplesse est illusoire. "Il donne un signe clair en appelant à expulser en permanence et pas seulement de temps en temps". Conséquence : la pression des forces pourrait devenir quotidienne.

"Je déteste cette ville"

Tohir Kalandarov, anthropologue d’origine tadjique à l’Académie des sciences de Moscou, estime le nombre de ses compatriotes à "environ un million en Russie, dont 60 % sont basés à Moscou et dans sa province".

D’après le chercheur, "l’immense majorité vient pour des raisons économiques". Comme tous les résidents de l’appartement de Shodibek, Hungoma a dû se résoudre à partir : "Au Tadjikistan, je suis institutrice. C’est un bon statut social mais c’est très mal payé." À Moscou, la jeune femme travaille dans une usine de pinces à cheveux. "Je déteste cette ville, murmure-t-elle. Je ne m fy sens pas libre." Dans l’assemblée, tout le monde acquiesce. Après un long silence, Amonbek, grand, le visage émacié, prend la parole : "Si on gagnait la moitié de ce qu’on gagne ici au Tadjikistan, on rentrerait au pays sur le champ."

Lire aussi le portrait de Muyassar, un jeune Tadjik victime d’une agression à caractère xénophobe.

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Israël va créer un camp de rétention d’immigrés clandestins

7 février 2012 - Le Monde - AFP

Les autorités israéliennes ont approuvé mardi 7 février un projet de construction d’un camp de rétention pour les immigrés clandestins dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël, a indiqué le ministère de la défense. Selon ce texte, un budget de 250 millions de shekels (51 millions d’euros) a été dégagé à cet effet, et d’ici fin juin quelque 3 000 personnes pourront être accueillies dans ce camp qui pourra à terme en abriter jusqu’à 11 000.

La mise en œuvre de ce projet fait suite à une décision du gouvernement prise en novembre 2010 pour faire face à l’arrivée croissante d’immigrés clandestins, surtout des Africains, qui ne peuvent pas être renvoyés d’emblée vers leurs pays d’origine pour des raisons légales. Selon le ministère, les installations du camp seront pour la plupart constituées de "structures transportables et démontables" réutilisables le cas échéant.

DISSUADER LE FLUX DE CLANDESTIN PASSANT PAR LE SINAÏ

Le Parlement a adopté en janvier une loi permettant de placer les clandestins africains en détention pendant une période pouvant aller jusqu’à trois ans sans procès. Cette législation fait partie d’un train de mesures prises par le gouvernement pour tenter de dissuader le nombre croissant de clandestins, originaires principalement du Soudan et d’Erythrée, qui tentent de gagner Israël via sa frontière poreuse avec l’Egypte, dans le Sinaï.

La loi prévoit aussi jusqu’à quinze ans de prison pour les personnes organisant le passage des clandestins, ou faisant du trafic d’armes, de drogue ou de femmes. Le gouvernement a par ailleurs décidé en janvier d’accélérer la construction d’une barrière longue de 240 km à la frontière israélo-égyptienne. Selon des statistiques présentées au gouvernement, il y avait 52 487 immigrants illégaux en Israël fin 2011. En 2011, quelque 16 816 Africains sont entrés clandestinement en Israël depuis l’Egypte, dont 2 931 pour le seul mois de décembre.

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Une barrière anti-migrants en Grèce

6 février 2012 - Le Figaro - AFP

La Grèce a commencé ce matin la construction d’une clôture censée barrer la route aux migrants irréguliers sur une portion de sa frontière terrestre avec la Turquie, devenu l’une des principales portes d’entrée clandestine en Europe, a indiqué le ministère de la Protection du citoyen.

"Il s’agit d’un ouvrage à valeur pratique et symbolique (...) pour décourager la migration clandestine et envoyer le message que l’on ne rentre pas en Grèce comme dans un moulin", a déclaré lors d’une visite sur place le ministre Christos Papoutsis, cité par l’agence de presse grecque Ana (semi-officielle). Le ministre s’est prévalu d’une "coopération gréco-turque" sur cet ouvrage, alors que l’UE reproche aux autorités turques de fermer les yeux sur le trafic de migrants à leurs frontières.

Double rangée de barbelés sur 10 kilomètres

Réclamée en particulier par la France, en dépit des réticences de la Commission européenne qui l’estime inefficace, la barrière barbelée doit courir sur quelque 10,3 kilomètres, dans la portion de la frontière où le fleuve Evros, qui constitue ailleurs un obstacle naturel, entre en territoire turc. Le chantier, annoncé depuis des mois et chiffré à 5,498 millions d’euros prévoit une double rangée de barbelés de 2,5 mètres de haut surmontée de 25 caméras thermiques.

En 2011, quelque 55.000 arrestations de migrants ont été enregistrées dans la zone, en augmentation de 16,77% par rapport à 2010, selon le ministère. A un rythme moyen de 300 par jour, ces arrivées clandestines ont représenté l’an dernier le tiers des entrées irrégulières recensées dans l’UE, selon l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex.

Les ONG de défense des migrants ainsi que le haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU ont exprimé leurs réserves face à un verrouillage menaçant de refoulement les candidats à l’asile politique, et rendant le passage plus dangereux. Depuis le début de l’année, une Africaine et un Palestinien sont morts, et six personnes, dont une fillette afghane, ont été portés disparus en tentant de franchir le fleuve Evros.

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La CIMADE dénonce l’accueil fait aux étrangers et interpelle les candidats avec 40 propositions

3 février 2012 - La Voix du Nord - L. D.

Ils sont quelque 3 000 migrants à être passés en 2011 dans les bureaux de la région des bénévoles de la CIMADE. ...

Une demande d’aide juridique, un soutien de dernière minute... « Exemple, le 30 décembre, un Afghan en règle que l’on suivait (car il commence à y avoir des Afghans dans la métropole lilloise) a rencontré un compatriote à Paris. Et alors qu’ils rentraient ensemble à Lille, la police est tombée sur son ami. On a dû se mobiliser pour qu’il puisse dans les 48 heures déposer une demande d’asile et ainsi éviter l’expulsion. » Gaston Debart, président du groupe local lillois, ne raconte pas cette histoire pour se plaindre d’un réveillon gâché. Mais parce que « la législation est devenue trop complexe et les conditions de demande d’asile trop strictes ».

L’association de soutien aux immigrés, la CIMADE, vient de publier son État des lieux 2012 des migrations. Un ouvrage critique de la politique actuelle dans le cadre duquel elle avance quarante propositions sur lesquelles elle demande aux candidats de se positionner. Parmi elles, le droit de vote des étrangers aux élections locales, « l’exceptionnalité » des placements en rétention administrative ou la fin du « chantage » auprès des pays du Sud consistant à conditionner l’aide au développement à des clauses de réadmission.

À ce sujet, « la majorité des Tunisiens arrivés en Europe (25 000 via l’île de Lampedusa), après avoir risqué leur vie en mer ont été expulsés ou vivent cachés, sans possibilité de régularisation. En comparaison, la Tunisie a accueilli au même moment près de 300 000Libyens », écrit la CIMADE. Rappelant que 60 % des migrations internationales sont des migrations Sud - Sud.

Pénurie de logements

Plus près de nous, en France, la CIMADE dénonce le durcissement des conditions d’asile. « De plus en plus passent en procédure prioritaire. » Ce qui leur accorde moins de protection. Et dans l’ensemble, les demandeurs d’asile souffrent de la pénurie de logements. Au niveau national, seul un quart accèdent à un centre d’accueil (CADA), alors que l’État leur doit le logement et est régulièrement conda-mné pour cela.

« Dans la région, si vous êtes célibataire et en bonne santé, vous n’avez aucune chance d’avoir une place », résume M. Rausenberger, le président régional de la CIMADE. Et de pointer du doigt, enfin, la loi de juin 2011 qui prévoit l’interdiction de retour sur le territoire français dans le cadre d’une expulsion : « Avant, ça n’existait que pour les délinquants... » Guidée par sa philosophie, « il n’y a pas d’étranger sur cette terre », la CIMADE veut peser dans le contexte électoral.

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« L’immigration économique » selon Hollande, c’est quoi ?

3 février 2012 - Libération - Laure Equy, Marie Piquemal

Les mesures, ça se mesureDécryptage de la proposition du candidat PS qui souhaite que le Parlement décide chaque année d’un nombre d’entrées en fonction de la situation de l’emploi.

« Chaque année le Parlement décidera en fonction des besoins de l’économie, s’ils existent, du nombre de personnes qui peuvent être accueillies sur notre territoire pour des raisons de strict besoin économique. » (sur France 2, le 27 janvier)

La proposition ne figure pas dans le projet pour la présidentielle de François Hollande - plutôt succint sur l’immigration, à lire ici sa proposition n° 50 - mais il l’a rajoutée, jeudi 27 janvier, lors de la présentation de ses mesures chiffrées. Puis l’a évoquée, le soir-même, sur le plateau de l’émission « Des paroles et des actes ».

Que propose Hollande ?

Le socialiste distingue « immigration de droit » (regroupement familial, asile), pour lesquelles « les règles sont fixées par le droit européen », et l’immigration économique (30 000 par an) dont il compte maîtriser le flux. Il est question de savoir « quel nombre d’étrangers et quel nombre de travailleurs nous acceptons pour répondre à des insuffisances dans certains secteurs d’activité », fixait clairement Hollande, le 26 mai dans une interview au Point.

Un dossier qu’il veut désormais faire entrer au Parlement, sous la forme d’un débat annuel, au cours duquel serait défini le nombre d’entrées en adéquation avec la situation de l’emploi.

Certains points restent encore à préciser, l’équipe Hollande assumant un certain flou. Faudra-t-il par exemple aller jusqu’à évaluer le nombre d’entrées par secteur d’activités ? « On n’en est pas là, François Hollande le précisera le moment venu », renvoie Mireille Le Corre, responsable du pôle Immigration-Intégration dans l’équipe de campagne du candidat PS. Elle envisage en tout cas une « concertation » avec les partenaires sociaux et les associations pour faire remonter les besoins.

Nouveau ou pas nouveau ?

La formule Hollande pour réguler l’immigration du travail revient-elle à appliquer le fameux concept d’« immigration choisie » (professionnelle) versus « immigration subie » (asile, regroupement familial) défendu par Nicolas Sarkozy ?

En septembre 2007, le président de la République présentait ainsi son idée de « quotas » pour « diversifier » l’immigration du travail : « Je souhaite que nous arrivions à établir, chaque année, après un débat au Parlement, un quota, avec un chiffre plafond d’étrangers que nous accueillerons sur ­notre territoire. » Et de préciser : « Je souhaite également que, à l’intérieur de ce chiffre plafond, on réfléchisse à un quota par profession, par catégorie. Et puis, naturellement, un quota par région du monde. » Sa proposition a finalement été retoquée le 7 juillet 2008 par la commission Mazeaud (installée cinq mois plus tôt par Brice Hortefeux, alors ministre de l’intérieur), qui l’a considérée inconstitutionnelle. Et du coup, enterrée. Depuis, des consignes sont données aux préfets par le ministère de l’Intérieur mais n’ont jamais fait l’objet d’un débat parlementaire.

« On veut sortir de l’opacité actuelle des chiffres et l’arbitraire avec ces circulaires envoyées aux préfets et appliquées sans uniformité selon les territoires », assure Mireille Le Corre. En opposant la méthode de la circulaire à « la transparence et la clarté » d’un débat parlementaire. « Cela permettrait d’avoir les chiffres réels et d’avoir un débat contradictoire, pas cantonné aux cabinets ministériels », renchérit Malek Boutih, favorable depuis longtemps à l’idée de fixer un nombre d’entrées sur le territoire au titre de l’immigration économique.

C’est aussi la formulation sarkozyste qui chiffonne les socialistes : « les termes « choisie/subie » sont humiliants. On peut faire une politique de flux sans stigmatiser l’étranger. » La secrétaire nationale du PS à l’immigration, Sandrine Mazetier, abonde en critiquant une volonté de la droite d’« encoder le sujet » : « comme s’il y avait les bons immigrés et les mauvais. »

Pertinent ou pas ?

« Ce qu’on veut, c’est regarder posément, loin des passions, les besoins et les manques, désinstrumentaliser le débat et mieux orienter », pose la députée Mazetier. Sauf qu’en pratique, ce débat parlementaire pourrait se heurter à plusieurs limites.

La première : comment prédire un an à l’avance les « besoins économiques » ? « Le marché international du travail est certainement le plus libéral qui soit, les flux suivent parfaitement la courbe de l’offre de travail. Impossible d’avoir une vision claire d’une année sur l’autre », fait valoir Michel Féher, président du collectif de chercheurs "Cette France-là", qui critique « un effet d’annonce creux ». Le seul intérêt de ce débat, note un autre expert, serait « rétrospectif » : cela permettrait aux parlementaires de dresser le bilan des orientations qui ont été données en les confrontant à la réalité des chiffres.

Michel Féher objecte aussi que « la distinction entre immigration de droit et immigration par le travail n’a guère de sens ». En clair, les immigrés venant en France rejoindre leur famille cherchent un travail et ceux venant pour travailler voudront réunir leur famille.

D’autant que l’immigration par le travail, dont débattraient les parlementaires, ne concerne au final que 30 000 personnes par an sur les 200 000 entrées légales annuelles.

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Asile : la Cour européenne des droits de l’homme rappelle la France à son obligation de protection des réfugiés

2 février 2012 - Amnesty International

La France vient d’être condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme qui lui reproche d’autoriser le renvoi de demandeurs d’asile dans leur pays sans attendre la fin de l’examen de leur demande d’asile par la Cour nationale du droit d’asile.

Une législation défaillante parce que dangereuse

En 2011, près de 26% des demandeurs d’asile en France ont vu leur demande examinée selon la procédure prioritaire. La principale conséquence de cette procédure est d’autoriser un préfet à renvoyer un demandeur d’asile dans son pays, avant la fin de l’examen de sa demande d’asile. En cas de rejet de la demande d’asile par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides – OFPRA – les demandeurs d’asile peuvent saisir la Cour nationale du droit d’asile pour obtenir la révision de cette décision. Cependant, avant même qu’une décision finale ne soit rendue sur leur situation, la loi française autorise le renvoi des demandeurs vers leur pays.

La France, par cette procédure, institutionnalise donc une prise de risque inacceptable : le risque de renvoyer une personne en des lieux où elle pourrait être persécutée, sans avoir examiné auparavant, et de façon approfondie et complète, si de tels risques existaient ou pas.

Une législation contraire au droit international des droits humains

Amnesty International France, aux côtés de l’ACAT-France et de Human Rights Watch, n’a cessé depuis cinq années d’interpeller à différentes occasions les autorités françaises pour demander que la législation soit mise en conformité avec les traités et conventions protégeant les droits humains.

Les trois organisations ont conduit un long plaidoyer auprès des parlementaires pour qu’ils se saisissent de cette lacune. A l’occasion des débats parlementaires sur des projets de lois relatifs à l’asile, des amendements ont été déposés pour introduire le droit à un recours suspensif pour tous les demandeurs d’asile devant la Cour nationale du droit d’asile. Régulièrement de nombreuses questions écrites et orales ont été formulées par les parlementaires à l’attention du gouvernement.

Elles ont également conduit des actions de plaidoyer auprès d’instances internationales pour attirer leur attention sur les dangers de cette procédure pour les réfugiés et la nécessité de réformer cette procédure.

Depuis 2006, au sein des Nations unies et du Conseil de l’Europe, les instances de surveillance du respect des textes internationaux – au premier titre desquels la Convention relative au statut des réfugiés, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention des Nations unies contre la torture, ou la Convention européenne de prévention de la torture, n’ont cessé de régulièrement recommander à la France de remédier à l’absence de recours suspensif devant la CNDA pour les demandes d’asile en « procédure prioritaire ».

Une décision qui doit permettre la révision en profondeur de la loi française

En considérant que si « les recours exercés par le requérant étaient théoriquement disponibles, leur accessibilité en pratique a été limitée par le classement automatique de sa demande en procédure prioritaire », la Cour européenne des droits de l’homme constate que la législation française n’est pas conforme aux obligations de la France en matière de protection des réfugiés.

La Cour met notamment en cause « l’insuffisance de l’assistance juridique et linguistique » à l’égard du requérant, mais aussi « la brièveté de l’entretien devant l’OFPRA » et « la brièveté des délais de recours ». La loi doit donc être révisée pour permettre un examen complet et rigoureux de toutes les demandes d’asile.

Au mois de juillet 2010, AI France, l’ACAT France et Human Rights Watch avaient diffusé auprès de parlementaires un argumentaire en faveur de l’introduction du droit à un recours suspensif accompagné d’une proposition de loi. Avec cette décision de la Cour européenne des droits de l’homme, les trois organisations vont poursuivre leur plaidoyer pour que la réforme à venir mette en place une procédure réellement protectrice des droits des demandeurs d’asile.

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Le passeur vietnamien qui n’a plusrien à perdre décrit toute la filière

2 février 2012 - La Voix du Nord - Alexis Constant

À écouter « Phao », le surnom de ce passeur vietnamien qui opère à Ghyvelde depuis le mois de septembre, ...

sa filière d’immigration clandestine fonctionne comme une agence de voyage. Les candidats au passage vers la Grande-Bretagne ont le choix entre trois formules. La formule de base est appelée « herbe », ou plus cyniquement « CO2 », pour rappeler que l’on manque vite d’air, caché dans la remorque d’un poids lourd.

Trois formules

Pour cette formule, qui ne comprend, sur place, que l’ouverture des portes de la remorque du camion par le passeur, il en coûtera entre 3 000 et 4 000 E.

Pour la deuxième formule, dite « VIP 1 », il faut débourser entre 4 000 E et 5 000 E. À ce tarif-là, on peut monter dans la cabine du chauffeur routier, forcément complice et payé par la filière.

Enfin, avec « VIP 2 », à 5 000 E minimum, en plus de monter dans la cabine du chauffeur, on peut passer une nuit ou deux à l’hôtel, dans le Dunkerquois (plus confortable que la jungle !), et bénéficier d’une prise en charge à l’arrivée, en Angleterre.

« Phao », en réalité Tung Huong Nguyen, 22 ans, s’occupait depuis septembre de faire appliquer ces prestations, au rythme, dit-il, de 20 clandestins passés par mois depuis septembre.

Le prévenu ne savait pas qu’il faisait l’objet d’écoutes téléphoniques dans le cadre d’une enquête visant la filière vietnamienne s’organisant depuis Paris. « Aujourd’hui, il ne peut pas nier. Ces écoutes sont accablantes ! », affirme le vice-procureur.

Non seulement « Phao » ne nie pas mais, chose rare, il raconte comment la filière vietnamienne s’organise, donne des noms. Il n’a plus rien à perdre et a décidé de quitter le réseau, trop dangereux.

En effet, il a été interpellé en début de semaine, à sa sortie de l’hôpital de Dunkerque, où il a été soigné pour un coup de couteau. « Le réseau me reprochait d’aller trop souvent en Allemagne. J’avais un différend avec un des chefs parisiens. Ils ont envoyé un homme de main pour me poignarder », raconte Tung Huong Nguyen, qui comptait s’enfuir en Allemagne et tout arrêter. Sans vergogne, en garde à vue, il décrit comment fonctionne la filière : « Celui qui organise tout est au Vietnam. Il fait obtenir des visas touristiques aux clandestins, pour la République Tchèque.

De là, les migrants sont acheminés soit à Paris, soit directement à Ghyvelde. Sur place, il y a un chef de camp et trois ou quatre passeurs qui se relaient pour travailler. Moi, j’étais l’un d’eux. J’ai dû toucher 4 000 E depuis septembre. En fait, l’argent va au grand chef parisien. Les sous-chefs à Paris s’occupent de redistribuer les salaires des passeurs. » La défense s’émeut : « Son dernier salaire, c’est un coup de couteau ! ». Le parquet, moins attendri « Je ne vais pas lui proposer la formule "VIP 1 ou 2", mais la formule DEP : "directement en établissement pénitentiaire". » Dix-huit mois ferme et un mandat de dépôt sont réclamés. Le tribunal a condamné le passeur à un an ferme. Il a été écroué. Il est interdit de territoire français pour une durée de cinq ans. •

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