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Archives du mois de 04 2014

Sandra, une Calaisienne proche des migrants

30 avril 2014 - Nord Littoral - D. K.

Elle ne fait partie d’aucune association et préfère garder sa liberté

Au camp de la Batellerie à Calais, Sandra est devenue une habituée. Elle va à la rencontre des migrants, pour tout, pour rien. Elle n’appartient à aucune association et protège sa « liberté ». Rencontre avec une Calaisienne qui donne de son temps pour « créer du lien humain, du soutien » Les migrants, elle les aide depuis un bon moment « en donnant des vêtements, de la nourriture », décrit cette mère de famille vivant non loin du camp de la Batellerie à Calais. A quelques mètres d’elle, trois migrants boivent une tasse de thé, assis sur un banc, dos aux tentes de fortune. Un bout de pain dans la main, l’un d’eaux rappelle que les conditions de vie, au camp « sont vraiment dures ». Ces conditions de vie ont interpellé la Calaisienne. Pendant longtemps, Sandra s’est tenue à distance, apportant de l’aide matérielle.

Son déclic, la mort de Saney au mois de mars

A la mort de Saney, un migrant retrouvé mort dans le canal au mois de mars, elle a un sursaut. « J’ai toujours été préoccupée par la situation des migrants. Mais le jour où Saney a été retrouvé mort… » Elle s’arrête puis reprend. « J’ai voulu m’investir pour créer du lien humain, les soutenir moralement. » A côté d’elle, un membre proche de l’association Salam soutien son point de vue. « Un repas, c’est capital. Mais les bénévoles n’ont pas le temps d’apporter de l’échange humain tout le temps, ils ont la tête dans le guidon, c’est normal. » Sandra, prend le temps, quand elle ne travaille pas.

« Ils prennent parfois une douche à la maison »

Hier, elle est venue sur le camp avec sa fille. Son action se résume à des moments de partage, de discussion mais aussi à de l’aide pour la vie courante. « Je leur passe mon portable pour qu’ils regardent leurs mails, appellent leurs proches. Parfois je les accompagne dans leurs démarches administratives. Ils viennent parfois prendre une douche à la maison ou simplement aller aux toilettes. Je prends leur portable pour les recharger etc. » Elle concède qu’au quotidien, « ça (lui) pose des problèmes avec (ses) voisins ». Un homme s’approche, lui parle de sa plaie au crâne. Il penche la tête. Sandra jette un oeil et lui conseille d’attendre un peu pour aller retirer les fils. « Ils nous considèrent un peu comme une famille, confie-t-elle. Ils ont confiance. On a échangé nos numéros, quand ils ont besoin, ils appellent. »

Un besoin de tentes urgent

Sur le camp, de nombreux membres des diverses associations. A sa manière, Sandra, à titre personnel, apporte aussi son aide. Hier, le manque de tentes était au coeur des besoins principaux. Des migrants dorment à même le sol, « à la belle étoile », précise un membre d’association, avant de passer quelques coups de fil pour essayer de régler le problème. Les tentes ne sont pas suffisantes, mais aussi les appareils pour se préparer à manger. Les chaussures également. Sandra, comme d’autres, essayent d’aider, au quotidien.

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Un enfant de 5 ans retrouvé dans un camion frigorifique

29 avril 2014 - Nord Littoral - D. K.

27 migrants découvert hier matin.

Sept exilés au tunnel dans un camion frigorifique.

Hier, vers 7 h 10, sept migrants, dont un enfant de 5 ans accompagné de ses parents, ont été découverts dans un camion frigorifique au tunnel sans la Manche. Les forces de l’ordre ont été déclenchées aussitôt.

Les pompiers ont rapidement été alertés et se sont rendus dans les locaux de la police aux frontières à Coquelles pour examiner les exilés, d’origine afghane, restés dans le froid.

Le doute concernant une éventuelle hypothermie a été levé par les pompiers calaisiens. Les migrants, qui ont refusé la proposition d’hébergement, ont ensuite été laissés libres.

20 migrants découverts dans un camion à Marck.

Hier matin, vers 8 heures, un chauffeur garé sur un parking à Marck a entendu des bruits suspects provenant de sa remorque et a aussitôt prévenu les forces de l’ordre.

20 migrants ont été découverts à l’intérieur de la remorque par les policiers calaisiens qui ont ensuite remis les migrants aux fonctionnaires de la police aux frontières.

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Du sursis pour le passeur polonais criblé de dettes

29 avril 2014 - Nord Littoral

Zbigniew, c’est son prénom, est un ressortissant polonais qui vit à Glasgow depuis sept ans.

Sa femme travaille dans un restaurant qui emploie des Albanais. Ce sont eux qui ont contacté Zbigniew pour effectuer le transport illégal d’une femme albanaise et de son enfant vers la Grande-Bretagne.

Ils l’ont choisi lui, parce que criblé de dettes, il a besoin d’argent et qu’il dispose du passeport de son épouse et de son enfant. Les Albanais lui ont demandé d’utiliser ces deux passeports pour faire passer les clandestins. Pour cette mission, le Polonais devait toucher 4 000 livres sterling. En outre, les commanditaires ont déboursé 2 000 livres pour les réparations sur sa voitures afin qu’il puisse faire le voyage.

Samedi, à l’embarquement du terminal ferry de Loon-Plage, les autorités ont tout de suite remarqué que les photos sur les passeports de la femme et de l’enfant de Zbigniew ne correspondaient pas à celles de la femme et de l’enfant albanais.

Au début de sa garde à vue, Zbigniew a raconté la même version que l’étrangère en situation irrégulière. Il l’a rencontrée par hasard en France, il a eu pitié et a accepté de la faire passer. Mais très vite, Zbigniew a dit la vérité. Le voyage était bien organisé.

Le parquet a demandé contre le Poloais, âgé de 31 ans, six mois de prison dont trois ferme, assortis d’un mandat de dépôt. Il a finalement écopé de six mois de prison avec sursis et eux ans d’interdiction du territoire français. Son véhicule lui sera restitué.

Justice : six mois de prison ferme pour un passeur bulgare

26 avril 2014 - La Voix du Nord

« Il s’agit de faits graves car ils mettent en péril la dignité humaine » : voilà comment le président du tribunal de Dunkerque a justifié la peine de six mois de prison ferme infligée à un ressortissant bulgare, qui avait tenté de passer clandestinement en Angleterre une jeune Irakienne, mardi. Jamais condamné jusque là, Tyunchar Alil, 52 ans, était pourtant soupçonné depuis longtemps par les autorités britanniques de faire partie d’un réseau de passeurs. Mardi, lors d’un contrôle au Terminal ferry de Loon-Plage, la police découvre une Irakienne de 30 ans cachée dans le range-palettes du poids lourd du prévenu. « Elle pleurait et était complètement apeurée, explique le président du tribunal. Elle a raconté qu’elle souhaitait se rendre en Angleterre en faisant appel à des passeurs. Elle a parlé aux enquêteurs d’un cercueil, elle a cru mourir car elle avait du mal à respirer à cause des effluves de gazole et a expliqué qu’elle ne pouvait pas sortir car le range-palettes ne pouvait être commandé que de l’extérieur. Bref, elle dit avoir vécu sa découverte comme une libération. »

Mandat de dépôt

À la barre, pourtant, Tyunchar Alil nie énergiquement les faits. « Je voyage depuis quatorze ans en Angleterre, je sais très bien qu’il est impossible de faire passer des gens sur cette frontière. Je ne l’ai jamais fait et je ne le ferai jamais », assure-t-il à la barre, assisté par une interprète. Comme lui fait alors remarquer le tribunal, comment expliquer que le disque de son camion mentionne un temps d’arrêt qui correspond à celui de l’entretien avec deux passeurs qui lui auraient remis la jeune Irakienne sur un parking en Belgique ? « Elle dit que vous vous êtes parlés environ quinze minutes et votre disque indique un arrêt de quatorze minutes. Par ailleurs, la jeune femme dit vous avoir clairement identifié dans le rétroviseur du camion. » Pour le Bulgare, la seule explication est que la jeune femme aurait pu monter à son insu dans le camion, lors d’une pause. Peu convaincu par cette version, le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public et condamné le prévenu à six mois de prison ferme. Une peine assortie d’un mandat de dépôt.

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Squats rues de Vic, Auber et Masséna à Calais : quand l’expulsion aura-t-elle lieu ?

26 avril 2014 - La Voix du Nord - M. GO.

Le tribunal d’instance de Calais a ordonné le 18 avril l’expulsion des squats situés rues de Vic, Auber et Masséna. L’évacuation n’aura toutefois pas lieu tout de suite. Explications.

Squats rues de Vic, Auber et Masséna : pas d’expulsion pour l’instant

Souvenez-vous : c’était le 18 avril. La justice rendait son délibéré concernant trois squats à Calais, rues de Vic, Auber et Masséna. Résultat des courses : l’expulsion était ordonnée sans délai, et les occupants condamnés à verser 500 € à l’OPH (office public de l’habitat) pour chaque dossier. Huit jours plus tard, les squatteurs sont toujours là et la police n’est pas encore intervenue. En réalité, plusieurs étapes sont attendues avant qu’une évacuation ait lieu. D’abord, un huissier doit passer dans chacun des bâtiments pour signifier la décision du tribunal aux occupants. Or, d’après un militant, il n’est toujours pas passé à ce jour. Deuxième étape : une fois que l’huissier aura remis la notification, les squatteurs disposeront d’un délai de quinze jours pour faire appel. Il est toutefois possible que l’expulsion ait lieu durant ce délai et que l’ordonnance soit exécutoire immédiatement après la notification par l’huissier, a précisé ce vendredi l’étude d’huissiers Marcotte-Ruffin et associés. « Nous ne sommes pas encore sûrs de faire appel, indiquait ce vendredi un militant No Border. Nous attendons le passage de l’huissier pour étudier avec notre avocate (Maître Ruef, ndlr) le contenu du jugement, et décider s’il est opportun ou non de faire appel. Mais de toute façon, l’appel n’est pas suspensif. » En clair, que les occupants fassent ou non appel n’empêchera pas l’évacuation des lieux par les forces de l’ordre. Pour rappel, les squats des rues de Vic, Auber et Masséna sont occupés depuis le 28 février par des militants de Droit au logement. Une audience s’était déroulée mardi 1er avril au tribunal d’instance de Calais, suite à une plainte déposée par le bailleur social OPH, propriétaire des trois lieux.

Squat du 221, route de Saint-Omer : les No Border feront peut-être appel

Un autre squat a fait l’objet récemment d’une procédure : il s’agit du squat situé 221, route de Saint-Omer à Calais. Cette maison avait été évacuée le 10 janvier par la police. Les occupants ont estimé que cette expulsion était illégale* et ont attaqué l’État et l’OPH en justice. Le tribunal les a finalement déboutés le 16 avril et les a condamnés à verser au préfet et à l’agent judiciaire de l’État 1 000 €, de même qu’au bailleur social OPH. Les militants ont un mois pour faire appel de ce jugement : ils n’ont pas encore pris leur décision. « Nous attendons de recevoir le jugement pour savoir pourquoi nous avons été déboutés et en fonction de ça nous déciderons si nous faisons appel », précisait l’un d’eux ce vendredi.

* Selon les militants, l’expulsion avait eu alors que le délai de flagrance de quarante-huit heures était dépassé.

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Calais : quels dispositifs pour protéger les migrants mineurs en transit à Calais ?

24 avril 2014 - La Voix du Nord - Chloé Tisserand

Mardi, le blog Passeurs d’hospitalités a indiqué qu’une quinzaine de mineurs sont arrivés au campement du bassin de la Batellerie.

Un endroit où l’on vit dans des tentes, des abris de fortune, sans accès à l’eau. Ce sont des Érythréens et des Éthiopiens, cette fois qui ont rejoint le flux régulier de mineurs étrangers isolés à Calais. Chaque pays d’accueil, au nom d’un droit international, se doit de les protéger. Passeurs d’hospitalités a souhaité rappeler que « rien n’est fait » pour ces jeunes migrants représentant 15 à 20 %* du flux sur le Calaisis. Selon le blog tenu par Philippe Wannesson, les dispositifs existants, comme la Maison du jeune réfugié de Saint-Omer, inaugurée en mai 2013, financée par le conseil général et gérée par France Terre d’Asile, profitent seulement aux mineurs étrangers qui souhaitent rester en France : « Au mieux, les mineurs en transit peuvent aller se reposer pendant cinq jours ».

Hébergement d’urgence pour les mineurs

Le directeur de la Maison du jeune réfugié, Jean-François Roger, insiste sur le fait que sa structure remplit son rôle auprès des mineurs étrangers de passage. « Nous disposons d’un accueil de jour, d’un hébergement de stabilisation et d’un hébergement d’urgence. C’est ce dernier dispositif qui répond à ce besoin, souligne-t-il. Ça leur permet de se reposer une voire cinq nuits le temps de reprendre des forces, de se reposer avant d’essayer de passer en Angleterre. Nous avons accueilli 412 jeunes en hébergement d’urgence en 2013, parmi eux, 86 % souhaitaient reprendre leur parcours migratoire. » Il précise que dans la nuit de samedi à dimanche, ils étaient une vingtaine dont une dizaine étaient des jeunes Érythréens, Soudanais et Éthiopiens de Calais.

Une Maison du jeune réfugié à Calais ?

Avant l’existence de cette Maison du jeune réfugié, Philippe Wannesson raconte que « les mineurs étaient détectés par la police et envoyés dans des structures d’hébergement pour mineur situées dans le département. Mais ils n’y restaient et repartaient très vite à Calais pour retenter la traversée ». Il reconnaît que la Maison du jeune réfugié a amélioré les choses mais, insiste-t-il, seulement pour les mineurs qui cherchent à se stabiliser. « Il faudrait trouver une formule, un accueil près des lieux de passage avec un cadre juridique », précise-t-il. Ce qui n’est pas du même point de vue que Jean-François Roger : « Le dispositif d’hébergement d’urgence est souvent complet le samedi soir parce que c’est le jour où les camions ne passent pas en Angleterre. Il ne l’est pas en semaine, il n’y a donc pas d’intérêt à ouvrir une structure pour les mineurs isolés à Calais ».

« On ne peut pas les forcer »

Ce mercredi, plusieurs mineurs, posés sur les marches, regardant le canal de Calais, sont restés au camp. « C’est leur volonté. On ne peut pas les forcer à aller à Saint-Omer, ni se permettre de changer leur projet. Et puis le rapport est différent, dans la culture africaine, on est un homme à 12 ou 13 ans », rappelle Jérémie Jacquemin, qui accueille chez lui des migrants et a rencontré ce mercredi après-midi ces adolescents au camp de la Batellerie. Un avis partagé par Jean-François Roger : « On ne peut pas les forcer à venir dans un dispositif d’autant qu’il y a une pression familiale, une pression des passeurs qui influencent les jeunes à rester au camp. »

Alors chaque jour, une équipe de France Terre d’Asile effectue des maraudes dans les camps pour repérer les mineurs étrangers. « On les met en confiance car la crainte pour ces jeunes est qu’on prenne leurs empreintes digitales. On observe leurs conditions et leurs parcours de vie. On les informe sur les dispositifs existants et ont fait de la prévention, énumère Jean-François Roger, car beaucoup se basent sur les informations données par les passeurs qui renforce cette image d’Angleterre Eldorado. »

* Un chiffre donné par France Terre d’Asile.

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Calais : tensions entre CRS et habitants au Beau-Marais, une manifestation prévue ce mercredi

23 avril 2014 - La Voix du Nord - Marie Goudeseune et Jean-Pierre Brunet

Un article de la Voix du Nord, édition de Calais, un peu long mais pas inintéressant car il laisse entendre à la fin que les migrants ne posent pas les problèmes de délinquance qu’on aurait pu craindre.

Un contrôle d’identité par des CRS dans un hall d’immeuble du quartier du Beau-Marais, rue Paul-Gauguin, a dégénéré lundi après-midi et provoqué des tensions jusque tard dans la soirée. Furieux du comportement violent, selon eux, des CRS, certains habitants ont annoncé qu’ils allaient manifester cet après-midi jusqu’à la sous-préfecture. Du côté de la police, on présente une toute autre version des faits...

Quand elle a vu que la situation dégénérait, la boulangère a baissé le rideau plus tôt que prévu. C’est lundi de Pâques, il est 14 h 30 et la tension monte d’un cran rue Paul-Gauguin : « Il y a eu une engueulade, ça a dégénéré et les CRS ont gazé, raconte la boulangère. Je n’ai pas vu la suite. Mais ici, on n’est plus étonnés de rien. » La suite, Valentin, 18 ans, nous la raconte en détails : « Un camion de CRS a foncé sur un jeune, ils étaient devenus fous, comme s’ils voulaient l’écraser. Alors avec mon père et d’autres on a voulu faire barrage pour les empêcher de foncer. Là ils ont percuté la voiture de mon père, ils ont remonté le terre-plein et ils ont sorti les flash-balls. Mon père a voulu prendre leur plaque d’immatriculation et il s’est fait gazer. Moi-même, j’ai pris un coup de matraque. » Le jeune homme arbore un gros bandage au torse : un papier de l’hôpital atteste qu’il a subi « un traumatisme costal », consécutif à un « coup de matraque ».

« Ils contrôlent sans arrêt »

Deux personnes, dont le père de Valentin, ont été interpellées pour outrage à agent après ce contrôle d’identité réalisé « sur réquisition du parquet », a expliqué ce mardi le chef de la police du Pas-de-Calais Thierry Alonso. Mais surtout, le quartier s’est enflammé dans la soirée : des dizaines d’habitants étaient encore dehors vers 23 h, furieux du comportement « violent » des CRS envers eux : « Ils ont gazé un enfant de 7 ans, vous vous rendez compte ! », s’est emportée ce mardi une maman.

Paolo, 15 ans, affirme qu’il s’est fait contrôler six fois vendredi par des CRS : « C’est simple, on se promène, on se fait contrôler. Ils demandent nos papiers, ils veulent savoir si on fume, ils nous fouillent sans arrêt et nous insultent. » « On n’a jamais vu ça avec la police nationale , ont expliqué des jeunes du quartier. Même avec la bac (brigade anticriminalité, ndlr) ça se passe correctement. On ne comprend pas les CRS, c’est pas Bagdad ici ! » Plusieurs poubelles ont été incendiées lundi soir et dans la nuit.

« Manifestement, la présence des CRS gêne certaines choses et en l’occurrence plusieurs personnes »

Interrogé ce mardi, Thierry Alonso a déclaré que « manifestement, la présence des CRS gêne certaines choses et en l’occurrence plusieurs personnes ». Il n’a pas souhaité préciser sa pensée, mais a indiqué qu’une enquête était en cours et qu’on en saurait plus d’ici quelques jours. Selon Thierry Alonso, aucun enfant n’a été gazé lundi : « À un moment, les CRS se sont retrouvés encerclés et ont dû se dégager. » C’est aussi cette version qu’a présenté, ce mardi, le syndicaliste d’Unité SGP Police-FO Gilles Debove. Selon lui, « les collègues ont été pris au piège : ils se sont retrouvés encerclés par 100-150 personnes et certains ont même mis des poubelles pour les empêcher de passer. Alors, ils ont poussé les poubelles pour sauver leur peau : c’était de la légitime défense. » « Les CRS sont de toute façon habitués à se retrouver dans des situations difficiles et à ne pas céder aux provocations », a déclaré l’adjoint à la sécurité Philippe Mignonet.

La plupart des habitants interrogés ce mardi ne croient pas en cette version : certains ont même décidé d’organiser une manifestation ce mercredi après-midi à 14 h 30 de la rue Paul-Gauguin jusqu’à la sous-préfecture. « On veut savoir pourquoi ils mettent autant de CRS dans le quartier, a expliqué ce mardi un père de famille. Ici c’est la ZUP, c’est un quartier tranquille, on n’a pas de problème de délinquance, pas de grosse toxicomanie. Pourquoi donc venir provoquer tous ces dégâts ? »

« Le bilan des CRS à Calais est très positif »

Sans commentaires. C’est ce qu’a répondu le sous-préfet de Calais quand on l’a interrogé ce mardi sur les événements de lundi : « Une enquête judiciaire est en cours, je ne ferai donc aucun commentaire », a répété Alain Gérard. Le sous-préfet ne s’éternise pas non plus sur le renfort de CRS arrivé à Calais sur décision de Manuel Valls, le 12 décembre (lire ci-contre) : « Ce renfort a été décidé par le ministre et les résultats réalisés par les compagnies qui se succèdent à Calais sont très positifs pour ce qui concerne la sécurisation de Calais, les interpellations et tout ce qui a trait à la délinquance. » Les CRS n’ont pas été appelés en renfort uniquement sur la question des migrants, précise Alain Gérard, « mais pour assurer l’ordre sur l’ensemble du territoire ». Quant à ce que disent certains habitants qui se plaignent des CRS, le sous-préfet répond qu’il n’a en tout cas « pas eu connaissance d’un quelconque dépôt de plainte ou d’une main courante concernant des violences policières. Les CRS font leur travail et si des personnes étaient victimes de violences, elles sont supposées déposer plainte. » « J’ai surtout l’impression que la présence des CRS gêne certaines personnes », a conclu Alain Gérard.

« Avec les migrants, les CRS ne faisaient pas assez de chiffre »

Une soixantaine de CRS sont arrivés en renfort à Calais en décembre, sur décision de Manuel Valls, lors de sa visite à Calais alors qu’il était ministre de l’Intérieur. Ces CRS étaient déjà présents, mais de manière épisodique : ils sont désormais à Calais de façon permanente.

Manuel Valls avait précisé que cette unité aurait en charge « les missions de sécurité publique, permettant aux policiers de la PAF (police aux frontières, ndlr) de se recentrer sur leur mission dans l’ensemble du département et dans le port de Calais ». Toutefois, d’après le syndicaliste d’Unité SGP Police-FO Gilles Debove, « on nous a clairement dit qu’ils étaient là pour épauler les effectifs uniquement pour ce qui concernait les migrants ». Le premier adjoint de Calais Emmanuel Agius confirme la chose : « Ce renfort était dédié en particulier à la gestion des flux migratoires. Après, les CRS sont sur le secteur de Calais et je conçois tout à fait qu’ils fassent leur devoir de police quand ils estiment pouvoir le faire. »

Pour Gilles Debove, les CRS ont carrément « changé » de mission courant janvier-février, quand « la direction centrale des CRS s’est rendue compte que les migrants n’apportaient rien en matière de chiffre. Ils ont commencé à modifier leur mission parce que les migrants, ça ne rapportait pas assez. » Les CRS se seraient donc diversifiés en réalisant des contrôles notamment au Beau-Marais...

Le chef de la police du Pas-de-Calais a contesté ces propos ce mardi. Pour Thierry Alonso, les CRS sont arrivés à Calais avant tout « au profit de la sécurité publique » : « On est des généralistes et on prend en compte la délinquance, qu’elles concerne ou non les migrants. »

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Calais : quatre migrants tentent de traverser l’avant-port à la nage

18 avril 2014 - La Voix du Nord - NE. B. (CLP)

Dans le nuit de ce mercredi à jeudi, les pêcheurs qui se rendaient en mer signalent à la vigie que plusieurs migrants sont en train de traverser l’avant-port pour tenter de gagner les postes d’embarquement des ferries.

Quatre hommes ont profité de la marée haute et d’une mer calme pour se mettre à l’eau le long du perré du Fort-Risban avec pour objectif de rejoindre l’escalier du quai de marée, au pied de la capitainerie. L’information est immédiatement répercutée aux patrouilles de la sécurité portuaire qui dépêchent plusieurs véhicules sur place. Les équipes portuaires récupèrent ainsi trois migrants à l’échelle de quai de marée. Ils sont emmenés dans les locaux portuaires en attendant l’arrivée des pompiers.

Un migrant manque à l’appel et on le repère très vite alors qu’il est en difficulté de l’autre côté de l’avant-port près du Fort-Risban. « Il était en train de se noyer. Il était en slip et ne savait semble-t-il pas trop nager. Il n’était pas parvenu à suivre ses trois compagnons, raconte un témoin de la scène. Je l’ai vu lâcher son sac de vêtements et d’objets personnels qui est parti à la dérive et les gars de la sécurité sont parvenus à le récupérer à l’escalier du Risban. »

C’est ce quatrième homme qui présentait les signes les plus graves d’hypothermie. Il a été pris en charge en priorité par les pompiers et transporté à l’hôpital. Les trois autres ont eux aussi été conduits à l’hôpital. En octobre, un Érythréen avait été repêché vivant au même endroit. Le corps de son camarade, porté disparu et qui avait tenté lui aussi la traversée, était repêché un mois plus tard.

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Une trentaine de chalets squattés à Blériot-Plage : le ras-le-bol des propriétaires

17 avril 2014 - La Voix du Nord - Marie Goudeseune

Sur les quelque 200 chalets que compte la plage de Blériot, une trentaine seraient actuellement squattés. C’est le constat amer que dresse Maria Alvarez, présidente de l’Association des chalets de Blériot-Plage, qui doit se réunir en assemblée générale ce samedi. L’agression dont ont été victimes vendredi une propriétaire et son fils de la part d’un squatteur a renforcé un sentiment de ras-le-bol croissant ces dernières semaines.

1. Trente chalets squattés sur deux cents

Elle remue ciel et terre ces derniers jours pour qu’on l’entende. Maria Alvarez, présidente de l’Association des chalets de Blériot-Plage, a contacté la presse, mais aussi le collectif Calais, ouverture et humanité, Médecins du monde, l’association l’Auberge des migrants, la mairie, le commissariat... Et ce n’est pas tout : elle compte écrire au préfet et au procureur, comme elle l’a déjà fait « à plusieurs reprises », pour qu’ils fassent « quelque chose ». Le problème ? « Depuis l’hiver, une trentaine de nos chalets sur 200 sont squattés. Il y a parfois jusqu’à cinq ou six migrants dans un même chalet. Or, comme il fait beau, on (les propriétaires, ndlr) retourne sur la plage pour faire nos travaux, car on a jusqu’à juin pour les faire, et on les dérange. Nous devons faire face à une certaine agressivité de la part de certains d’entre eux », affirme-t-elle. Maria Alvarez fait référence en particulier à un incident qui s’est produit sur la plage vendredi.

2. Une propriétaire et son fils agressés vendredi

Ce jour-là, Hélène Leleu, propriétaire d’un chalet, était venue réaliser quelques travaux. Quand elle a sorti son téléphone portable pour prendre des photos, un homme qui squatte un chalet depuis plusieurs semaines s’est avancé vers elle, agressif. « Il a cru que je le prenais en photo. Il voulait voir mon téléphone mais j’ai refusé, alors il a pris un bâton et a tapé sur le téléphone et sur ma main. Mon fils est arrivé pour me défendre, ils se sont battus et il a été griffé à la joue. Un propriétaire belge est intervenu aussi et a raisonné la personne en lui disant Ces gens-là viennent pour des travaux, pourquoi tu les agresses ? Le lendemain, je suis allée au commissariat porter plainte. J’ai surtout peur que ce monsieur revienne m’agresser. » Steven Van Den Abeele, le propriétaire belge qui est intervenu dans la bagarre, avait déjà rencontré cet individu : « Il s’était montré agressif la veille au soir quand j’ai pris des photos des chalets et que je l’ai photographié par inadvertance. Depuis, je suis retourné discuter avec lui et il était beaucoup plus calme et posé. C’est une personne qui semble désorientée et très désœuvrée. » Suivi par plusieurs militants, cet homme vivrait depuis environ deux ans en France. « C’est un ex-migrant qui est devenu sans-abri et qui s’est installé dans ce chalet, explique Christian Salomé, de l’Auberge des migrants. Cette personne est à la marge, et quand elle se sent agressée, elle peut devenir violente. » Plusieurs associations, dont Médecins du monde, tentent de lui apporter une prise en charge psychologique. Depuis l’agression de vendredi, qui serait donc un cas isolé, la victime a porté plainte, tout comme la propriétaire du chalet squatté, Jacqueline Feldis, âgée de 85 ans. « Quand on m’a prévenue que mon chalet était squatté, j’ai vu rouge, raconte-t-elle. J’ai fait venir la police, qui a mis dehors ce monsieur lundi matin. » Voilà « une dizaine d’années » que cette propriétaire n’avait pas eu de problème de squat : « Là, il avait mis son lit à l’intérieur et tout était très propre. Il n’a rien dégradé, j’ai juste à refaire les montants de porte. » La vieille dame, qui n’utilise plus son chalet depuis des années, cherche à s’en séparer.

3. « Et pas que des migrants »

Pour Steven Van Den Abeele, ce sont justement les chalets délaissés ou peu entretenus qui sont le plus souvent la cible des squatteurs : « Il n’y a d’ailleurs pas que des migrants qui y viennent : parfois ce sont des jeunes du coin ou même des touristes. Si le chalet n’est pas en bon état, certains n’hésitent pas à entrer. » Inversement, des propriétaires « n’osent plus investir dans des travaux » s’ils constatent que leurs chalets sont trop souvent fracturés. « Il y a quelques années on tolérait les migrants parce qu’ils étaient discrets. Mais ces derniers temps ils viennent plus au contact et ne se cachent plus : ça, c’est gênant », estime pour sa part Maria Alvarez. Christian Salomé rappelait mardi que cette situation n’est pas le fruit du hasard : « Les autorités viennent d’expulser des Soudanais de leur campement derrière Lidl. Tant qu’on se contentera de chasser les gens, ils iront s’installer ailleurs, souvent dans des endroits qui gênent encore plus. » Les chalets de la plage de Calais sont quant à eux moins touchés par les squats ces derniers mois : la présence accrue de CRS, décidée lors de la venue de Manuel Valls en décembre dernier, y semble pour quelque chose. « Le problème a été délocalisé, analysait ce mardi le syndicaliste d’Unité SGP Police - FO Gilles Debove. À Calais, la police passe en voiture tandis qu’à Blériot, elle ne peut y accéder qu’à pied. Elle n’y va donc que sur réquisition et tout se fait sur la base de constats : si le commissariat a des signalements et des mains courantes, alors il agira. » À bon entendeur...

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Calais : la police intervient pour évacuer un nouveau squat rue de Vic

14 avril 2014 - La Voix du Nord - Jean-Philippe Delattre

Vers 17 h ce lundi, la police est intervenue rue de Vic pour évacuer un nouveau squat. Occupé par une dizaine de personnes depuis la veille, il se situait au numéro 54, juste à côté d’un squat plus ancien.

17 h 15, ce lundi, une petite vingtaine de CRS et d’agents de police se tient devant le 54 de la rue de Vic, vide de tout occupant. Il y a quelques heures encore, la maison était squattée par des migrants, d’après la police. « Ils étaient dix ce matin, rapporte un agent. Ils sont arrivés hier (dimanche). Quand nous sommes arrivés, ils n’étaient plus là. » Le policier n’en dira pas davantage, l’équipe quitte rapidement les lieux.

Contrairement au squat du 56, situé juste à côté, cette occupation a été signalée le lendemain de son installation, selon la police, qui a donc pu intervenir pour un flagrant délit. Pour rappel, si un squat est signalé après quarante-huit heures, il ne peut plus être évacué et doit faire l’objet d’une procédure en justice. On ignore si le 54 rue de Vic appartient, comme le 56, au bailleur social OPH (office public de l’habitat) et s’il existe un lien entre les deux squats.

On notera cependant que cette nouvelle occupation s’est déroulée le jour où des militants No Border et des migrants ont disputé un match de football, en lieu et place d’une manifestation anti-migrants qui devait avoir lieu dimanche et qui a été annulée.

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Calais : pas de rassemblement anti-migrants, mais un match de foot à la Citadelle

13 avril 2014 - La Voix du Nord - Éric Dauchart et Olivier Pecqueux

L’appel au calme lancé par les collectifs Sauvons Calais et Calais ouverture et humanité (notre précédente édition) a été respecté ce dimanche. Ils ont ainsi appliqué la décision du préfet du Pas-de-Calais Denis Robin qui, vendredi, n’avait pas autorisé la tenue de la manifestation « anti-migrants » de Sauvons Calais. Des No Borders accompagnés de militants de l’extrême gauche, surveillés par les forces de l’ordre, ont tout de même disputé un match de football avec des migrants, à la Citadelle, dans l’après-midi.

Le collectif Sauvons Calais voulait se rassembler « contre l’immigration de masse, l’insécurité, les pro-migrants et les journalistes vendus ». De son côté, Calais ouverture et humanité souhaitait proposer une contre-manifestation. Ce collectif envisage d’organiser bientôt une opération de soutien aux migrants.

Ce dimanche, vers 14 h 30, aucun rassemblement anti ou pro-migrant ne s’est tenu à proximité du phare. Et le calme a régné au camp des migrants de la rue de Valmy. Des dizaines de clandestins se reposaient à côté des tentes, sous le soleil. Certains jouaient au volley-ball ou au football. Même chose autour de l’aire de distribution des repas, rue de Moscou.

Pourtant, il y avait beaucoup de monde du côté du Courgain Maritime, où des milliers de Calaisiens ont visité la braderie. Côté force de l’ordre, une seule voiture de police était stationnée place de Suède en début d’après-midi. Neuf cars de CRS attendaient place d’Armes, le long du trottoir allant de la rue du Havre à la rue Dubout.

Les autres forces de l’ordre étaient positionnées sur l’Esplanade Jacques-Vendroux et à l’entrée de l’avenue Coubertin. C’est près de cet endroit, à la Citadelle (stade du Souvenir) que se sont rendus en début d’après-midi une cinquantaine de « No Borders et de militants d’extrême gauche », selon le sous-préfet de Calais Alain Gérard, pour disputer un match de football. Ils y ont été rejoints par soixante à quatre-vingts migrants. « Les groupes se sont déplacés sans créer de cortège, sans banderoles ni slogans et sans créer d’incident, détaille Alain Gérard. Tout s’est déroulé dans le calme. » Les rencontres sportives ont pris fin vers 17 h 45, heure à laquelle des militants de l’extrême gauche venus de l’extérieur ont regagné leurs véhicules pour quitter Calais. Les migrants, de leur côté, se sont alors rendus au lieu de distribution des repas, rue de Moscou.

Un bénévole œuvrant auprès des migrants a déclaré hier que plusieurs dizaines de personnes se seraient rendues devant le campement des migrants, dans la nuit de samedi à dimanche, pour entonner la « Marseillaise ». Une information non confirmée par la police et le sous-préfet de Calais.

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Le préfet interdit la manifestation anti-migrants à Calais, dimanche : « Une décision lourde à prendre »

12 avril 2014 - La Voix du Nord - Olivier Pecqueux et Ariane Delepierre

En visite ce vendredi matin à Calais pour l’inauguration des nouveaux locaux de la gendarmerie nautique, à la capitainerie du port, le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin, a annoncé qu’il interdit la manifestation « anti-migrants », à l’initiative du collectif « Sauvons Calais ». Une décision « rare », « lourde à prendre », pour éviter un affrontement entre les manifestants extrémistes, de la droite et de la gauche. Kevin Reche, le leader de « Sauvons Calais », n’exclut cependant pas d’afficher banderoles et slogans face au campement des migrants.

Le ton grave, Denis Robin a avancé trois raisons essentielles ayant motivé l’interdiction du défilé « anti-migrants » prévu ce dimanche à Calais. « Cette manifestation organisée par le collectif Sauvons Calais est à forts risques, avec des renforts venus de l’extérieur du département, des intentions et une capacité à passer à l’acte. Deux contre-manifestations sont prévues, dont l’une, par les No Borders, est composée de ressortissants issus de pays d’Europe du Nord. Ajoutons à cela la présence de plusieurs campements ou squats de migrants sur le trajet de la manifestation… J’ai considéré que les risques étaient trop élevés pour autoriser cette manifestation. »

Depuis qu’il est en exercice dans le Pas-de-Calais, c’est la première fois que Denis Robin signe un arrêté interdisant une manifestation publique. « C’est une décision rare, lourde à prendre, qui est une dérogation puisque le principe de notre droit est celui de la liberté de réunion et de manifestation. Ce n’est qu’en cas de risque lourd à l’ordre public que le préfet prend une telle mesure. »

Annoncée le mois dernier, la manifestation dont le départ devait être donné place d’Armes, « contre l’immigration de masse, l’insécurité, les pro-migrants, les journalistes vendus » selon le collectif Sauvons Calais qui faisait circuler ce message sur Facebook, a fait l’objet d’une demande écrite auprès des services de l’État. Sur cette demande déposée la semaine dernière, le motif de la manifestation est aussi explicite : « Contestation contre la manipulation médiatique à l’égard du collectif Sauvons Calais et les décisions des politiciens au sujet de l’immigration. » Kevin Reche, le jeune leader du collectif, a été reçu ce jeudi par le sous-préfet de Calais Alain Gérard, lequel a transmis à la préfecture ses sérieux doutes sur la sécurité du rassemblement à venir.

Dans l’arrêté d’interdiction, Denis Robin souligne que « Kévin Reche a déjà tenu des propos extrémistes et d’incitation à la haine, accompagnés de dégradations importantes sur une habitation squattée par les No Borbers lors d’un précédent rassemblement devant une habitation à Coulogne en février ». Un portrait sans concession du leader de Sauvons Calais, le jeune Calaisien qui arbore un tatouage en forme de croix gammée sur le torse, et qui dans nos colonnes ce jeudi avouait avoir pour idole Alexandre Gabriac, le fondateur des jeunesses nationalistes, exclu du FN après être apparu sur une photo en train d’effectuer un salut nazi. Alexandre Gabriac était invité au défilé de ce dimanche et s’il n’est pas cité par la préfecture, il est visé par l’arrêté : « Parmi les manifestants extérieurs qui ont annoncé vouloir se déplacer en nombre, figurent certaines personnes très défavorablement connues des services de police pour des faits de violences lors d’attroupements ou de propos incitant à la discrimination et à la haine raciale ainsi que des responsables de la mouvance ultra-droite. »

Prenant en compte la contre-manifestation prévue ce dimanche par les militants No Borders, qui dans un passé récent ont déjà tenté d’en découdre avec le collectif Sauvons Calais, plus la mobilisation pacifique du collectif Calais ouverture et humanité face au campement des migrants, Denis Robin a considéré que la mobilisation des forces de l’ordre aurait été trop importante.

L’annonce de l’interdiction de la manifestation s’est faite en présence du procureur de la République de Boulogne-sur-Mer Jean-Pierre Valensi, qui a souligné « les risques d’amendes » encourus par des manifestants qui souhaiteraient défiler en dépit de l’arrêté préfectoral. La sénatrice-maire Natacha Bouchart, également présente, s’est déclarée « solidaire de cette décision puisque j’avais moi-même donné à titre consultatif un avis défavorable. Maintenir ce rassemblement n’aurait pas été raisonnable. Je refuse tous les extrêmes. »

Kevin Reche face au campement des migrants ?

Convoqué ce vendredi après-midi au commissariat de police de Calais pour être informé de la décision du préfet du Pas-de-Calais, Kevin Reche laisse planer le doute sur une mobilisation différente. « La décision du préfet est une atteinte à notre liberté d’expression. Je ne comprends pas qu’on interdise le rassemblement de Sauvons Calais et que l’on ne s’oppose pas à la manifestation organisée par le collectif Calais ouverture et humanité. Si celui-ci maintient son rassemblement devant le campement des migrants, on sera présent avec des banderoles, qu’on soit dix ou cent. »

La bonne décision

Depuis des mois, le Calaisis observe avec inquiétude une montée des extrêmes autour de l’insoluble problématique de l’immigration clandestine. Avec toujours cette question lancinante : comment ce combat entre deux idéologies va-t-il se terminer ? À l’extrême droite, le collectif Sauvons Calais agite la peur de l’étranger et brandit une riposte souvent haineuse comme bouclier. À l’extrême gauche, des No Borders affluent de toute l’Europe, attirant dans leur sillage des militants antifascistes qui se cachent derrière leur foulard pour provoquer des affrontements avec leurs adversaires de toujours. Au centre, spectatrices impuissantes de cette bataille, deux populations subissent. Les Calaisiens d’abord, très majoritairement sensibles à la question des migrants, mais désormais habitués à leur présence qui se banalise. Les migrants ensuite, obligés de vivre clandestinement dans des conditions inhumaines et otages de certains radicaux qui les instrumentalisent. Car repoussés ou soutenus, détestés ou aimés, les migrants donnent paradoxalement un sens à la vie de ceux qui attisent les extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche. En janvier, il a fallu l’intervention de CRS pour éviter que les manifestants n’en viennent aux mains. Le mois suivant, c’est une pluie de pierres et d’insultes qui s’est abattue sur des squatteurs à Coulogne. Dans ce contexte très tendu, devenu explosif avec l’annonce de la venue de personnages ayant fait l’apologie du nazisme, l’interdiction de la manifestation prise par le préfet du Pas-de-Calais est une bonne décision. Le choix de la sagesse, celui qu’attendaient les Calaisiens aspirant à un retour au calme.

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Calais : le squat des migrants du Chemin du Vivier au Fort-Nieulay démantelé ce vendredi matin

11 avril 2014 - La Voix du Nord - BE.B. (CLP)

Un important dispositif de forces de l’ordre constitué de deux sections de CRS, de fonctionnaires de la police de l’air et des frontières (PAF), de la police nationale et municipale ont procédé ce vendredi matin au démantèlement du squat du Chemin du Vivier au Fort-Nieulay.

Depuis plusieurs semaines sur un vaste terrain inséré entre l’autoroute A16 et du magasin Leader Price, des migrants, essentiellement originaires d’Afrique, avaient installé des tentes et construit des cabanons de fortune. Le terrain, laissé à l’abandon, appartient à la Ville de Calais, l’État et à la Société Eurotunnel. C’est à la suite de plaintes pour « occupation en réunion d’un terrain privé » que les autorités ont décidé de procéder au démantèlement de ce campement.

En présence d’Alain Gérard, sous-préfet de l’arrondissement de Calais, du commissaire Renaud Bernhardt, directeur départemental de la PAF, de Philippe Mignonet, adjoint à l’environnement, les forces de l’ordre ont investi les lieux en prenant bien garde auparavant de bien ceinturer préventivement le secteur afin notamment d’empêcher toute fuite éventuelle de migrants vers l’autoroute. « Il est vrai que la proximité immédiate de l’autoroute présentait un grand risque d’accident puisqu’il était fréquent que les migrants la traversent de nuit pour gagner leur campement », reconnaissait de son côté le directeur départemental de la PAF.

Sept migrants soudanais ont été interpellés. « Toutes ces personnes, originaires du Soudan, ont été interpellées et placées en garde à vue pour vérification de leur situation », déclarait le sous-préfet de l’arrondissement de Calais qui précisait également que « cette opération matinale s’était effectuée sans que l’on ait à déplorer d’incident et surtout dans le respect de la personne ».

Les associations Médecins du Monde, SALAM et Réveil voyageurs étaient présentes et ont récupéré les effets personnels des migrants.

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