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Archives du mois de 06 2014

Sonia, du camp de l’extrême au camp des migrants

21 juin 2014 - Nord Littoral - Delphine Kwiczor

Croisée sur l’aire de distribution des repas, rue de Moscou, Sonia Duquenoy est souriante. Elle papote avec les migrants, à l’aise. Et assure se sentir « dans son élément » et enfin « épanouie ». En février, elle était près de ceux qui caillassaient les No Border qui avaient investi une ferme abandonnée à Coulogne et criait haut et fort être contre les migrants. Elle passait son temps avec les membres de Sauvons Calais, un collectif qui lutte contre les migrants et les associations qui les soutiennent.

Amoureuse d’un frontiste, elle ferme les yeux

Fin 2013, Sauvons Calais pointe le bout de son nez, après l’appel à dénoncer les squats fait par la Ville. Rapidement Kévin Reche, un Calaisien de 19 ans, prend le devant de la marche. Les semaines passent, le jeune homme qui veut se battre contre un envahissement de migrants, se fait connaître, doucement. Cheveux courts, grand regard bleu, Harrington sur le dos, celui qui assure devant la presse « ne pas être raciste » ni avoir de lien avec le FN ? cache un autre visage. Sonia discute en privé avec lui, ils parlent de leur vie respective. Elle tombe sous le charme, derrière son écran. L’adage « l’amour rend aveugle » prend tout son sens. Elle ne voit qu’à travers lui. Point barre.

« J’étais à fond dans ses actions », avoue-t-elle sans tourner autour du pot. Et poursuit : « Avant Sauvons Calais, les migrants je ne les voyais pas, je ne faisais pas attention. » Puis la peur de l’autre s’est installée, solidement. Le collectif l’enferme dans des idées extrêmes. « Ils disaient que les No Border prendraient ma maison si je partais en vacances… » Elle croit, et suit.

À Coulogne, elle suit le mouvement

L’épisode du squat de Coulogne, elle s’en souvient. Chaque jour, elle y va. « Kévin nous disait que les migrants allaient arriver, qu’il fallait rester sur place, être présent souvent, de 14h à minuit. » Et parfois ça dégénère. Au fil des jours, les squatteurs ont été caillassés, ont reçu des cocktails Molotov. « Moi, je n’ai pas caillassé » assure-t-elle. Le comportement des autres se passe sous ses yeux. « Certains Coulonnois passaient la nuit, ils voulaient cramer la ferme. » Kévin Reche donne « les consignes. On savait qu’il ne fallait pas parler à Nord Littoral. Il appelait au boycott… » Avec du recul, elle s’aperçoit qu’elle s’est laissée embrigader. Le collectif elle le décrit aujourd’hui comme étant un nid à frontistes. Sans langue de bois, elle décrit les coulisses d’un collectif dont la réputation flirte avec des idées extrêmes et qui n’assume pas son lien avec le FN, ou du moins sa proximité. « Un jour pour un pari, j’ai dû accrocher le portrait de Marine Le Pen dans ma chambre… », raconte la jeune femme qui a fermé les yeux pendant de longues semaines.

Tatouage « de jeunesse » et un portrait dans le dos

« On a la haine », souffle-t-elle, expliquant que le jeune leader sait mener ses troupes. « C’est un manipulateur. Il fait tout pour être indispensable pour nous, et il savait que j’étais amoureuse… » Elle décrit un chef de meute, un jeune homme qui « aime être sous le feu des projecteurs », qui cherche une forme de gloire. Un homme qui, à l’interne, ne cache pas sa proximité avec le Front national. « Il nous disait de bien voter. » Quand les clichés de Kévin Reche paraissent dans la presse, un tatouage ressemblant ouvertement à une croix gammée stylisée, Sonia gobe ses explications. Kevin Reche tente de faire croire à qui veut bien l’entendre que c’est un symbole autre. Et à l’interne, il parle « d’erreur de jeunesse », confie la jeune femme soulignant que nombreux sont ceux à lui avoir ensuite tourné le dos. L’étiquette « raciste » lui colle à la peau après s’être affichée avec le collectif. Et d’ajouter, que ce tatouage ne serait pas le seul. « Il m’en a montré un autre, dans le dos… », souffle-t-elle en décrivant le visage d’un homme plus connu pour sa haine de l’autre que pour ses qualités de peintre. « J’étais vraiment amoureuse… » Amoureuse, avec des œillères.

Au squat, en pleurs

Après Coulogne, elle entrouvre les yeux. Et veut voir, par elle-même. « J’ai discuté avec Séverine de Calais Ouverture et Humanité et avec une fille qui a été à Sauvons Calais deux jours… » Elle décide d’aller sur un camp de réfugiés avec deux amis « pour voir par moi-même au lieu d’écouter ce que Kévin me dit ». Elle parle avec trois migrants « qui ne m’ont ni agressée ni violée ! » Elle voit la réalité. Puis, elle va au squat Victor-Hugo. Là, c’est la claque. Face aux femmes et aux enfants, elle craque. « J’étais en pleurs ! » Elle quitte Sauvons Calais où « tout est faux », et rejoint Calais Ouverture Humanité. Elle change son fusil d’épaule : « Les migrants et les associations m’apportent beaucoup. » Souvent elle va sur le camp, aide, parle, donne de son temps pour les autres et non plus contre.

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Situation des migrants à Calais : un plan d’urgence... pour informer sur la demande d’asile

19 juin 2014 - La Voix du Nord - Olivier Pecqueux

Denis Robin, le préfet du Pas-de-Calais, a annoncé ce mercredi midi à Arras la mise en place d’un « dispositif exceptionnel » pour tenter de solutionner, du moins en partie, la problématique des migrants à Calais. Il s’agira de « mieux informer » les migrants sur les demandes d’asile et les solutions d’hébergement d’urgence. Une stratégie pour éloigner de Calais les clandestins, déjà tentée ces dernières années, sans succès.

Trois semaines après l’évacuation des camps de migrants au port et à la batellerie, le préfet du Pas-de-Calais rompt le silence. Entouré du sous-préfet de Calais Alain Gérard et du directeur départemental de la cohésion sociale Serge Szarzynski, Denis Robin a d’abord dressé un état des lieux. « Les migrants sont actuellement entre 900 et 950 à Calais. Je suis saisi par la justice de décisions pour faire évacuer trois squats (rues de Vic, Aubert et Massena) en centre-ville. Je gère un quatrième lieu, boulevard Victor-Hugo, pour les femmes et les enfants. Enfin, le nombre de migrants au lieu de distribution des repas continue d’augmenter et je constate que mon autorisation d’occuper ce lieu 48 heures seulement (après le démantèlement des camps le 28 mai) n’a pas été respectée… » Autant d’éléments qui, ajoutés aux plaintes de riverains de la rue de Moscou, à la montée de la violence entre migrants et chauffeurs routiers agacés que l’on transperce les bâches de leur remorque, et à l’agression dont ont été victimes deux hommes visés par des plombs, poussent la préfecture à tenter une réaction.

« L’État ne veut pas la reconstitution d’un centre comme celui de Sangatte ou d’une jungle. Ce que l’on va faire, c’est activer un dispositif exceptionnel pour le droit d’asile et mobiliser un parc d’hébergement d’urgence pour ceux qui veulent notre protection. » Dès ce jeudi, à 14 h 30, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFFI) informera à Calais les migrants sur les solutions d’hébergement, mais ailleurs dans le département et en France. Dans le cadre d’une « mission de toute urgence », l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) informera les clandestins sur les demandes d’asile. Le Pas-de-Calais ne dispose que de 200 places d’hébergement, mais le préfet a reçu la garantie, de la part de l’État, que des places seront trouvées pour chaque demandeur d’asile.

Le préfet est resté évasif sur le projet de Maison des migrants et n’a pas donné d’ultimatum pour constater la réussite, ou l’échec, de ces mesures déjà testées sans succès par le passé. Si les migrants ne prennent pas « la main tendue de l’État », le préfet sera « dans l’obligation de procéder à des évacuations ».

(*) Médecins du monde, Salam, L’Auberge des migrants, France Terre d’asile et Solid’R assistaient à cette réunion à la préfecture.

Le squat Victor-Hugo bientôt fermé

Le préfet du Pas-de-Calais Denis Robin a évoqué le devenir du squat Victor-Hugo, réaffirmant que le logement sera libéré pour le mois de juillet. Ses occupants, des femmes et des enfants, seront hébergés d’ici une quinzaine de jours dans une autre structure, au sujet de laquelle le préfet est resté très discret. Aucune information n’a filtré sur la commune ou le quartier où sera accueilli ce public fragile. Depuis quelques semaines, la gestion de ce squat a été confiée à l’association Solid’R, dont l’un des représentants était présent à Arras hier. « J’entends parfois que le dispositif autour du squat Victor-Hugo est une expérimentation, c’est faux. Je ne souhaite pas que ce type de squat réapparaisse. J’ai dit que la force publique ne mettra pas à la rue des femmes et des enfants, mais j’ai également indiqué que des négociations avaient abouti à un accord avec la propriétaire, qui récupérera son bien au 1er juillet. »

Les trois autres squats (rues de Vic, Masséna et Aubert), qui font l’objet d’un arrêté d’expulsion, seront évacués si ses occupants ne se montrent pas sensibles aux dispositifs d’accueil proposés par la préfecture.

« Le vide intersidéral » selon Philippe Wannesson

Ce mercredi après-midi, à l’invitation d’associatifs œuvrant auprès des migrants à Calais, un point presse devait se tenir à 15 h sur le lieu de distribution des repas. Mais aucune des associations présentes à la réunion du matin en préfecture n’était finalement au rendez-vous. Les migrants ont pour la plupart obtenu des informations au compte-gouttes avant la venue du sous-préfet de Calais et du directeur départemental de la cohésion sociale.

« Les annonces faites par le préfet, c’est le vide intersidéral, commente, presque amusé, Philippe Wannesson, de l’association Passeurs d’hospitalité. La préfecture arrête de parler pendant trois semaines et quand elle reprend la parole, c’est pour tenir le discours répété depuis douze ans. » Des bénévoles au chevet des migrants soulignent : « La sous-préfecture dispose déjà d’une antenne qui informe sur les demandes d’asile trois fois par semaine. Ceux qui veulent rester en France savent déjà ce qu’il faut faire. » Séverine Mayer, du collectif Calais Ouverture et humanité, se dit « déçue » : « Ils ont proposé la même chose qu’avant les évacuations des camps. Il ne faut pas oublier que les demandes d’asile ne concernent qu’une minorité de personnes. »

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Tir à la carabine sur deux migrants à Calais : les faits se précisent

17 juin 2014 - La Voix du Nord - M. GO.

Ce lundi après-midi, le Calaisien soupçonné d’avoir tiré sur deux migrants dans la nuit de jeudi à vendredi comparaissait devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. Il semble que le jeune homme travaillait en qualité d’agent de sécurité au moment de l’agression. À la demande de son avocate, l’audience a été reportée au 7 juillet.

C’est un jeune homme originaire du Fort-Nieulay, au physique on ne peut plus commun. Il est menotté. Plusieurs membres de sa famille sont venus assister à l’audience. Au dernier rang, discret, le Soudanais qui a reçu un plomb dans le dos dans la nuit de jeudi à vendredi attend, entouré du délégué régional de Médecins du monde et de son avocate, maître Calonne, connue pour défendre les migrants et militants No Borders.

Le prévenu a 26 ans. On n’entendra quasiment pas le son de sa voix. Tout juste répond-il à la présidente du tribunal, en début d’audience, que oui, il souhaite un report de son procès. Toute personne jugée en comparution immédiate peut en effet demander un renvoi pour avoir le temps de mieux préparer sa défense.

Toute la question dès lors pour la présidente du tribunal est de savoir si elle le laisse repartir libre dans l’attente de la nouvelle date d’audience, ou si elle le maintient en maison d’arrêt. Pour la substitute du procureure, cette deuxième option s’impose : les faits sont « tout frais » dans les esprits et on ne sait jamais, le prévenu pourrait être tenté de récidiver ou la victime et son entourage, qui sait, de se venger. Mieux vaut donc que le jeune homme reste pour l’instant en prison. Son avocate maître Pauwels plaide au contraire pour sa libération sous contrôle judiciaire, avec la garantie qu’il reste chez lui et qu’il se tienne à carreaux.

Après délibération, le tribunal tranche : le Calaisien restera écroué pour trois raisons. D’abord, pour éviter qu’il ne soit tenté de renouveler les faits : la présidente rappelle qu’il s’est procuré une arme dans un magasin de Calais et qu’il a tiré à loisir sur des êtres humains. Ensuite, pour être sûr qu’il soit bien présent à la prochaine audience et qu’il ne cherche pas à fuir ses responsabilités. Enfin, pour le protéger d’éventuelles représailles. Il repart donc menottes aux poignets, encadré par les gendarmes. La date de son procès est fixée au 7 juillet.

Il risque jusqu’à trois ans de prison ferme

Le prévenu est soupçonné d’avoir tiré sur deux migrants dans la nuit de jeudi à vendredi, avec une carabine à air comprimé. La victime la plus touchée (celle qui a reçu un plomb dans le dos) a été examinée par un médecin légiste, qui a conclu à une incapacité totale de travail (ITT) de sept jours. L’autre victime, dont on ne retrouve plus la trace aujourd’hui, n’a pas eu d’ITT. Les infractions retenues contre le prévenu sont donc de deux ordres : « violence avec usage ou menace d’une arme sans incapacité » et « violence avec usage ou menace d’une arme suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours ». Pour ce type de délit, le Calaisien risque jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.

Que s’est-il passé ce soir-là ?

Dans ce dossier, deux versions s’opposent. Le Soudanais qui s’est constitué partie civile explique qu’il était sorti cette nuit-là de l’aire de distribution des repas pour tenter avec d’autres de se cacher dans un camion en partance pour l’Angleterre. Ils étaient cinq migrants à marcher, depuis la rue de Moscou jusqu’au port, en passant par le pont Vétillard. C’est à hauteur du quai de la Loire que l’un d’entre eux s’est fait tirer dessus, puis un second. Touché dans le dos, le Soudanais raconte qu’il a entendu un craquement, puis senti quelque chose dans son corps et qu’il a eu des étoiles dans les yeux. Il a demandé à ses camarades de regarder ce qu’il avait, et tous se sont mis à crier à la vue de sa blessure. Ils l’ont alors ramené au campement de la rue de Moscou. Victime d’une plaie dans le dos, il a été opéré le lendemain à l’hôpital sous anesthésie générale.

Règlement de comptes ?

Pour le prévenu, le récit est différent. Il a d’ailleurs varié lors de ses différentes auditions. Le Calaisien a expliqué avoir vu deux migrants escalader les grilles de l’entreprise Umicore. Il aurait tiré avec sa carabine pour les faire fuir, sans forcément se rendre compte qu’il les touchait. Il a déclaré aussi qu’il avait un différend avec une famille calaisienne « pro-migrants », et qu’elle l’aurait menacé d’envoyer des migrants lui « régler son compte ». C’est pour se protéger qu’il se serait procuré une carabine à air comprimé. À l’audience, la présidente et la substitute du procureure ont souligné que le prévenu avait en tout cas tendance à « minimiser ses responsabilités » et qu’il n’avait « pas totalement conscience de ses actes ».

Agent de sécurité à Calais

Célibataire et sans enfants, le prévenu travaillait depuis deux ans comme agent de sécurité en CDI pour l’entreprise de son père, Littoral sécurité intervention, basée à Calais. Il vit chez ses parents et toute sa famille réside à Calais, dans le quartier du Fort-Nieulay.

Le jeune homme affiche déjà plusieurs condamnations au casier judiciaire pour des faits de petite et moyenne délinquance mais jamais pour des faits de menaces avec arme, selon la police de Calais. Sa dernière condamnation remonte à septembre 2012 : il avait déjà pour avocate maître Pauwels et avait écopé d’une amende pour avoir outragé un agent dépositaire de l’autorité publique.

Il n’a pas souhaité s’exprimer devant les journalistes hier. Sa sœur et son avocate ont expliqué qu’elles ne souhaitaient pas parler non plus, « pour respecter ses volontés ». Pour l’instant, on connaît peu de choses de sa personnalité. Il aurait expliqué lors de ses auditions s’être procuré sa carabine en vente libre dans un magasin de Calais, mais n’avoir en aucun cas voulu commettre un acte raciste. Il semble que le prévenu travaillait le soir de l’agression. L’audience du 7 juillet devrait permettre d’en savoir plus.

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Deux migrants blessés par des tirs de carabine à Calais : un Calaisien interpellé

13 juin 2014 - La Voix du Nord - Marie Goudeseune

Deux migrants ont été visés par des tirs de carabine dans la nuit de jeudi à vendredi. L’un d’eux, blessé dans le dos, était toujours hospitalisé ce vendredi soir. L’auteur présumé des faits a été interpellé peu de temps après : il s’agit d’un Calaisien de 25 ans qui travaille comme agent de sécurité. Sa garde à vue a été prolongée ce vendredi soir.

Les faits remontent à la nuit la nuit de jeudi à vendredi, vers 1 h. Deux migrants de nationalités soudanaise et érythréenne sont visés par des tirs de carabine alors qu’ils marchent près du port de Calais. Le premier est touché dans le dos, le second à l’avant-bras. Les deux hommes se réfugient alors dans le campement de l’aire de distribution des repas, rue de Moscou. Un Syrien qui a assisté à la scène prévient la police. Tandis que les pompiers de Calais emmènent le Soudanais à l’hôpital (l’autre blessé n’a pas pu être examiné, selon le parquet de Boulogne-sur-Mer), la police patrouille dans la zone et interpelle rapidement un Calaisien de 25 ans qui se trouve non loin de là, quai de la Loire. L’homme est placé en garde à vue.

L’arme est retrouvée à proximité : il s’agit d’une carabine à air comprimé munie d’une lunette. Deux boîtes de plomb sont également saisies.

Le parquet de Boulogne-sur-Mer a décidé ce vendredi soir de prolonger la garde à vue du suspect. D’après la procureure-adjointe Nathalie Bany, les faits se sont produits alors qu’il se trouvait sur son lieu de travail, mais la carabine n’était en aucun cas son arme de service. Ce Calaisien est connu des services de police pour divers faits « de petite et moyenne délinquance », a indiqué le commissariat. Son audition était toujours en cours ce vendredi soir mais il était trop tôt, selon le parquet, pour se prononcer sur les circonstances de ce drame : tentative d’homicide ? Règlement de comptes ? Légitime défense ? Le commissariat n’excluait pas hier qu’il puisse également s’agir d’un acte « idéologique ». Les déclarations de l’auteur présumé étaient « à géométrie variable », selon un policier. À l’issue de sa garde à vue, le Calaisien sera probablement déféré en vue d’une éventuelle mise en examen.

Le migrant blessé au dos a quant à lui été opéré ce vendredi à l’hôpital de Calais. Ses jours ne sont pas en danger. Quant à son camarade, il était introuvable. Au campement de la rue de Moscou, tout le monde était au courant hier de ce qui s’était passé durant la nuit, mais ces faits semblaient noyés au milieu de mille autres préoccupations.

La grève de la faim continue au campement

La situation n’a pas évolué pour les migrants installés sur le lieu de distribution des repas.

La grève de la faim se poursuit. La trentaine de migrants qui a entamé sa grève de la faim mercredi poursuit le mouvement. Ces hommes sont installés au milieu de la cour, protégés par des bâches. D’après l’un de leurs représentants, certains sont faibles et ne sont pas en bonne santé. Pour d’autres migrants rencontrés ce vendredi, cette action n’est de toute façon pas une bonne idée. « Elle va leur détériorer la santé, et surtout elle ne servira à rien », jugeait l’un d’eux, hier.

Discussions avec les associations. Des associations sont venues jeudi sur l’aire de distribution des repas pour discuter avec les migrants. Elles devaient revenir ce vendredi soir pour reprendre le dialogue. Le but : déterminer quelle attitude elles adopteront lors de leur réunion prévue avec la préfecture mercredi prochain. « Si le préfet décide une nouvelle évacuation, ce sera mal vécu et ça va générer de très grosses tensions », pronostiquait un militant No Border ce vendredi. Les concertations devaient aussi permettre de prévoir de nouvelles actions pour le 20 juin prochain, date de la journée mondiale des réfugiés. Près de 300 migrants occupent l’aire de distribution depuis le démantèlement de deux camps le 28 mai.

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Plus de 200 migrants ont manifesté en ville

8 juin 2014 - Nord Littoral - Marie Bourey

Hier après-midi, il était environ 15 heures lorsque les réfugiés ont quitté le lieu de distribution des repas qu’ils occupent depuis une dizaine de jours afin de manifester en compagnie de représentants d’associations et d’autres activistes. Derrière des banderoles où se sont multipliés les messages de détresse, le cortège qui rassemblait des migrants de toutes les communautés a défilé dans les rues de Calais.

Hier après-midi, il était environ 15 heures lorsque les réfugiés ont quitté le lieu de distribution des repas qu’ils occupent depuis une dizaine de jours afin de manifester en compagnie de représentants d’associations et d’autres activistes. Derrière des banderoles où se sont multipliés les messages de détresse, le cortège qui rassemblait des migrants de toutes les communautés a défilé dans les rues de Calais.

Rendez-vous était fixé à 14 heures, rue de Moscou sur l’aire de distribution des repas. Alors que les migrants se préparent à partir, des activistes distribuent aux touristes des tracts étrangement semblables à ceux qui avaient été imprimés pour Escales. Sauf que le message n’est pas le même. « On nous mène en bateau » peut-on notamment lire sur le flyer détourné. Certains promeneurs confondent même l’entrée des Fêtes maritimes et pénètrent dans le camp de fortune.

Fatigués, mais déterminés, les migrants se regroupent autour des associations. « Ils ont raison de manifester pour ne pas être oubliés, pour montrer qu’ils sont là », explique Séverine Mayer du collectif Calais, Ouverture et Humanité.

Un message partagé par un Afghan qui se veut le porte-parole de toutes les communautés représentées sur le camp. « Tous les migrants sont réunis afin de faire valoir leurs droits et de faire connaître leurs problèmes », explique-t-il en anglais. « Les autorités nous ont promis de venir mardi et personne n’est venu. C’était pareil vendredi, déplore cet Afghan. On veut un statut légal pour vivre comme des humains. »

Une possible grève de la faim ?

C’est pour montrer qu’ils sont toujours là que les réfugiés ont improvisé un itinéraire et parcouru plusieurs kilomètres à pied, s’arrêtant notamment devant l’hôtel de ville où ils ont scandé en anglais le mot « honte » à l’attention des policiers présents devant les portes. Ils sont ensuite descendus jusqu’au musée des Beaux-Arts avant de retourner sur le site de distribution des repas, essuyant au passage quelques gestes d’humeur de Calaisiens.

Sur le camp qu’ils occupent depuis le 28 mai, la vie s’est organisée. Les migrants ont installé leurs tentes et même une cabine de douche. Pour autant, les membres de différentes associations sont révoltés de voir qu’il n’y a plus de toilettes installées sur le quai Crespin.

Face à ce qu’ils considèrent comme l’inactivité de la préfecture, certains migrants envisagent de procéder à une grève de la faim. « On ne mangera pas tant qu’il n’y aura pas de solutions », expliquait l’un d’eux, dépité et impuissant face à une telle situation.

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Manifestation des migrants : l’avis des Calaisiens en marge du mouvement

8 juin 2014 - La Voix du Nord - Chloé Tisserand

Les Calaisiens sont tombés ce samedi sur la manifestation de 200 migrants. Un mouvement né d’un rassemblement des différentes communautés pour un accueil plus digne. Rendez-vous en marge de la manifestation.

Ils étaient au moins 200 à marcher dans les rues de Calais. Un cortège festif qui a démarré du lieu de distribution des repas rue de Moscou. Le groupe d’exilés s’est arrêté au rond-point de Carrefour City à Calais-Nord. Des Africains dansaient, chantaient. « La migration n’est pas un crime », pouvait-on lire sur les pancartes. Une halte a aussi été marquée devant l’hôtel de ville où les exilés scandaient « Shame » (honte en anglais). Ils ont fini par applaudir des mariés et leur famille qui sont sortis dans une enfilade barrée de policiers, la mine fermée.

Ceux qui les aiment

Dans les petites rues qui mènent à la place d’Armes, une commerçante estime en les regardant passer « qu’ils font leur devoir comme ils sont expulsés ». Une bénévole de Salam râle : « Ils ont pris l’épidémie de gale comme prétexte pour détruire les camps, tout ça pour fêter les bateaux ! » La fête maritime a lieu ce week-end. Le cortège a avancé rue Royale avec des sifflements qui emplissaient l’espace. «  C’est honteux qu’ils soient chassés sans solution. Ces gens ne sont pas méchants  », commente une autre commerçante.

Ceux qui n’en veulent plus

Tandis que des No Border collaient des tracts expliquant les raisons de la manifestation sur les pots de fleurs installés par la mairie, des migrants ont délivré leurs messages sur des feuilles aux passants. Certains les ont rejetés d’un revers de la main. Le ton change au bout de la rue. Avec des doigts d’honneur du haut des balcons adressés au cortège. Des migrants ont répondu mais le reste du mouvement a fait fi. Un Calaisien est contre la manifestation à « 1 000 %. Ils auraient dû faire la révolution dans leur pays et faire supprimer leur dictateur. Un étranger de plus en Angleterre, c’est un Anglais qui perd son travail  ».

Le mouvement s’est dirigé vers le boulevard Jacquard. À leur passage, un quidam a fait le salut nazi. Ce qui a énervé plusieurs migrants vite calmés. « Je t’aime », lui a répondu une militante déguisée en clown. Une altercation est ensuite survenue entre l’adjoint aux finances, Gérard Grenat, prêt à en découdre et un militant qui le qualifiait de « voyou ».

Une fillette accompagnée de son père s’est émerveillée des tambours. Les manifestants n’ont pas fait le tour du théâtre. Sentant la fatigue venir à marcher un moment et avec un seul repas par jour dans le ventre, ils sont retournés tranquillement sur le lieu de distribution.

Un nouveau squat rue Masséna

Un nouveau squat a ouvert au 86 rue Masséna. Il s’ajoute aux trois squats existants (rue Masséna, rue Auber et rue de Vic) qui peuvent faire l’objet d’expulsions. Leur situation sera examinée par le juge le 20 juin. « On espère des solutions stables pour ces squats. La problématique de Calais est qu’il y a des expulsions mais aucune solution proposée, rappelle Camille des No Border. Les squats sont plus dignes que les camps a indiqué le préfet alors on le pousse à assumer ces paroles. Cela crée des solutions de relogement en petit nombre. » Le logement est occupé depuis le 1er juin.

Hier, l’adjoint à l’environnement, Philippe Mignonet, a indiqué que ce nouveau squat « suivrait la même procédure que les autres. Quel que soit le propriétaire, il y aura un dépôt de plainte pour violation de propriété et une expulsion ».

Il y a deux jours, Natacha Bouchart, sénatrice-maire, déposait une proposition de loi pour réclamer une extension du délai de flagrant délit permettant aux forces de l’ordre d’expulser le squat. La durée passerait de quarante-huit heures à quatre-vingt-seize heures. Autre point demandé par la sénatrice-maire : la possibilité de se substituer aux propriétaires injoignables ce qui permettrait à la municipalité de demander au préfet la mise en demeure de ses occupants.

Quant au squat Victor-Hugo, il est désormais géré par l’association Solid’Air depuis le 22 mai. Elle a pour mission d’accompagner administrativement et d’orienter vers les soins la quarantaine de femmes qui occupent le logement. Le lieu a fait l’objet d’une négociation entre les No Border et l’État. Il constituera probablement les prémisses de la future maison des migrants adoubée par le premier ministre Manuel Valls, lors de sa visite à Calais. Le projet propose d’accorder un accueil de jour aux exilés de passage. Cependant, le logement boulevard Victor-Hugo doit être rendu à sa propriétaire le 30 juin.

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« La police ne m’avait jamais frappé avant »

6 juin 2014 - Nord Littoral - Julie Hamez

Au cœur de l’aire de distribution des repas, tous connaissent l’histoire. Tous savent que la veille, trois migrants sont rentrés avec des plaies et des hématomes. Dans le camp des Afghans, l’un d’eux raconte : « La nuit dernière, un Érythréen a été frappé par la police. Ils l’ont blessé à l’œil. » Quelques minutes plus tard, la victime passe le grillage entrouvert de l’aire de distribution. Il a seize ans, et a posé le pied sur le territoire français il y a un mois. Sa paupière est enflée ; sous l’œil, on remarque une petite plaie ouverte.

Blessés, mais pas découragés

L’adolescent n’était pas seul, mais la seconde personne est parvenue à s’enfuir. Lorsqu’il rentre à l’aire de distribution le soir même, quelqu’un le conduit à l’hôpital.« Ils ont pris mon nom et ont regardé mes yeux. J’ai attendu cinq heures et je suis parti. » Ce n’est pas la première fois qu’il est repéré par la police alors qu’il tente de passer. « Mais ils ne m’avaient jamais violenté avant », précise-t-il.

Dans la nuit, deux autres migrants sont également rentrés blessés. Un Afghan âgé de 23 ans se présente, un bandage autour de l’avant-bras.« Ils me l’ont fait sur le camp. Je ne suis pas allé à l’hôpital. » L’un de ses amis lui sert d’interprète et raconte : « Il rentrait et se trouvait près de l’aire de distribution. Il était 3h30. La police l’a vu, l’a attrapé et lui a donné un coup de matraque sur le bras. » Pour lui aussi, « c’était la première fois ». Un Syrien aurait également été blessé dans la nuit, et serait rentré avec une plaie sur le crâne.

Tous s’accordent à dire qu’ils n’avaient jamais vécu ces violences auparavant. Pourtant, d’après Médecins du monde, elles ne sont pas rares. « On rencontre régulièrement des migrants qui ont été frappés par les policiers. L’histoire de ces trois personnes n’est pas une exception. » L’association remarque par ailleurs que c’est l’une des raisons pour lesquelles ils ne veulent pas quitter le lieu de distribution des repas. « Les forces de l’ordre ne les violentent jamais devant des témoins. A chaque fois, les migrants sont seuls. Sur leur campement, ils sont plus nombreux et se sentent plus en sécurité. » Avant l’évacuation des camps Lamy et de la Batellerie, certains migrants ont installé leur tente ailleurs. « Et ils se sont fait déloger à coups de pieds. »

Les traits tirés, l’air résigné, les nouvelles victimes de ces violences déplorent la façon d’agir des forces de l’ordre. Mais leur désir d’une vie meilleure est plus fort que leur crainte de rentrer blessés. Le jeune Erythréen tente de passer régulièrement la frontière : « Et je n’arrêterai pas. Je veux aller en Angleterre. »

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Grande-Synthe : un migrant grièvement blessé par deux tirs d’arme à feu

4 juin 2014 - La Voix du Nord - Alexis Constant

Un migrant a reçu deux balles dans les jambes par un tireur qui s’est arrêté en voiture à sa hauteur. Les faits se sont produits ce mardi, vers 20h40, devant le camp de migrants de Grande-Synthe, zone du Basroch.

Les faits se sont produits mardi, boulevard Pierre-Mendès-France à Grande-Synthe. Entre la zone commerciale du Basroch et l’autoroute A 16, le bois, que les clandestins appellent « la jungle », abrite un camp de migrants. L’un d’eux, sur le point de pénétrer dans le camp, a été blessé par deux balles tirées dans les jambes. Le tireur se trouvait dans un véhicule qui s’était arrêté à sa hauteur, ce qui alimente la thèse d’un acte prémédité.

La victime, très grièvement blessée, a été prise en charge par les médecins du SMUR et les sapeurs-pompiers de Fort-Mardyck, qui l’ont transportée à l’hôpital.

Si la police de Dunkerque est intervenue dans un premier temps sur les lieux du drame, l’enquête judiciaire, qui pourrait s’ouvrir pour tentative de meurtre, a été confiée à la police aux frontières. Un règlement de comptes dans le milieu des passeurs reste la thèse privilégiée des enquêteurs.

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Démantèlement des camps à Calais : jusqu’à quand les migrants resteront-ils rue de Moscou ?

2 juin 2014 - La Voix du Nord - Dominique Salomez

Après avoir envisagé d’investir le camping municipal samedi soir, les migrants sont finalement restés sur le lieu de distribution des repas, rue de Moscou.

Y resteront-ils au moins jusqu’à mardi, jour où le directeur départemental de la cohésion sociale (DDCS) doit revenir à la rencontre des réfugiés ? Du côté des membres associatifs, il est dit que oui. « Les migrants voulaient quitter le lieu pour un autre endroit. Le camping. Il ne devait pas y avoir de contrôles. À 20 h 30, tout le monde était prêt à partir. Ils ont respecté leur engagement », estime Valentin, militant No Borders.

La tentative d’installation sur l’ancien camping municipal a en effet été avortée par l’arrivée des CRS samedi vers 21 h. Contactée ce dimanche, la direction du cabinet du préfet indique que la position n’a pas changé. « Le dialogue a repris samedi matin mais la préfecture est toujours dans l’attente que les migrants quittent le site. Il y avait un délai de 48 h qui avait été accordé (mercredi), l’engagement a été rappelé samedi. Il est attendu qu’il soit respecté ».

Vendredi, le DDCS et le sous-préfet de Calais se sont rendus sur le lieu de distribution des repas pour poursuivre les discussions. Parmi les échanges, il a été évoqué une nouvelle rencontre mardi avec les représentants des migrants et les militants associatifs pour travailler sur « un autre lieu avec douches et sanitaires ». Certains militants, dont Philippe Wannesson du blog Passeurs d’hospitalité, espèrent que l’État pourra renouveler le type de dispositif comme celui en place au squat Victor-Hugo, que les associations ont investi.

Squat Victor-Hugo : « Les choses se passent de façon paisible »

Le 22 mai, l’État a confié à l’association Solid’R la gestion du squat Victor-Hugo. L’objectif : assurer, après les No Borders, un accompagnement des femmes et des enfants qui vivent dans cette maison appartenant à une propriétaire privée. Il s’agit pour les éducateurs d’évaluer les situations pour trouver d’autres solutions d’hébergement pour ces personnes originaires de l’Afrique. Et ainsi rendre la demeure à sa propriétaire (le 30 juin). « Les choses se passent de façon paisible et calme », a dernièrement expliqué l’association Solid’R, qui a recensé environ 65 femmes dans le squat. Plus que la quarantaine annoncée au départ. « Nous n’avons refusé personne, mais aujourd’hui, c’est complet. Ces femmes sont dans une détresse importante. On les emmène régulièrement à la PASS (permanence d’accès aux soins de santé) Quatre d’entre elles sont enceintes. »

Pour l’heure, les éducateurs ont prioritairement travaillé sur la gestion de la maison, avec l’achat de clic-clacs, de petits réfrigérateurs, de gazinières. Des équipements temporaires – qui pourront servir sur d’autres lieux d’accueil – puisque la maison doit être libérée pour le 30 juin. « On est dans cette logique de dire qu’avec des moyens humains et un accompagnement, les choses peuvent changer pour tout le monde », explique l’association qui souligne une « avancée, de la part de l’État, pour la dignité humaine ».

Mais vers quoi ? Les femmes présentes ne visent que l’Angleterre. Elles ne partiront pas de Calais, mais le 30 juin, elles devront avoir quitté le squat. Pour aller où ? L’État a indiqué vouloir trouver des solutions de logement plus éclatées. En aura-t-il à proposer dans les jours à venir ?

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Calais : après l’évacuation des camps, les migrants contraints de quitter le lieu de distribution de repas

1er juin 2014 - La Voix du Nord - Dominique Salomez

Où iront les quelque 300 migrants installés sur le lieu de distribution des repas depuis le démantèlement des camps mercredi ? La question est encore en suspens. Ce samedi soir, suite à une journée de négociations et une tentative d’entrée sur l’ancien camping municipal, ils s’apprêtaient finalement à rester sur place une nuit supplémentaire. Avant très certainement, d’être contraints de trouver un autre lieu aujourd’hui.

Les migrants, expulsés de leur campement cette semaine, s’apprêtaient vraisemblablement hier soir à passer une nuit de plus sur le lieu de distribution des repas, rue de Moscou, qu’ils ont investi mercredi. En dépit du délai fixé à vendredi soir par la préfecture et les négociations de la journée d’hier. Les discussions ont commencé vers 10 h 30. Comme il s’y était engagé le directeur départemental de la cohésion sociale (DDCS) est venu faire le point dans la matinée sur la situation. « Un accord a été passé avec le préfet mercredi. Les migrants devaient quitter les lieux jeudi ou vendredi. Aujourd’hui le préfet est allé au-delà de son engagement, puisqu’on est samedi », a expliqué Serge Szarzynski.

C’est le discours qu’il a tenu aux différents représentants des communautés présentes sur le lieu de distribution des repas. « Dans l’intérêt de tout le monde, des migrants et des bénévoles, ce lieu doit rester un lieu de distribution de repas, dans la sérénité. Cela ne doit pas devenir un autre camp » À condition que les migrants partent le jour-même, le DDCS, rejoint par le sous-préfet Alain Gérard, a assuré que les forces de l’ordre ne procéderaient à aucune interpellation et il s’est engagé à revenir mardi sur le lieu où se trouveront les migrants pour « continuer à travailler sur un lieu avec des sanitaires, des douches ».

Tentative d’entrée sur l’ancien camping

Dès lors, la question était de savoir si les réfugiés accepteraient de quitter les lieux. Et surtout de savoir où ils iraient. Plusieurs personnes rencontrées ce samedi craignaient devoir rejoindre « la jungle », située zone des Dunes. « Les conditions de vie sont très difficiles là-bas. Ça m’effraie d’y aller », redoute un jeune homme afghan de 21 ans. Dans l’après-midi, certains militants et bénévoles associatifs ont tenté de s’accorder sur un autre lieu. Après la distribution des repas du soir, ils avaient convaincu une partie des migrants, principalement les communautés africaines, de quitter les lieux pour rejoindre l’ancien camping municipal. Plusieurs militants et représentants des communautés de réfugiés ont tenté d’investir le site situé près du Fort Risban. Ils ont rapidement été reconduits par des CRS vers 21 h. Une partie des migrants avait commencé à plier bagages, rue de Moscou, pour s’apprêter à se diriger vers le camping. Devant l’opposition des forces de l’ordre, il semblait ce samedi soir que les réfugiés allaient passer une nuit supplémentaire au lieu de distribution des repas. Avant très certainement, d’être contraints de trouver un autre lieu ce dimanche.

En parallèle, et comme prévu, un rassemblement s’est tenu ce samedi vers 14 h sur la place d’Armes. De nombreux Calaisiens s’étaient réunis en soutien aux personnes réfugiées. Environ trois cents personnes étaient présentes pour apporter leur soutien aux migrants : des bénévoles associatifs, militants, réfugiés, représentants politiques (PS, Front de gauche, EELV) ont partagé en musique thé et chocolat. Sur des grilles, on lisait des messages de soutien : « This borders kill », « Les escales à Calais n’ont pas la même saveur pour tous », « Ouvrons la frontière ».

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